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10 G$ pour contrer les inégalités sociales, réclame une coalition

Photo: iStock

À trois semaines du dépôt du budget provincial du ministre des Finances Eric Girard, une coalition d’organismes somme le gouvernement Legault de réinvestir massivement dans les services publics et de se doter d’un «vrai plan» pour s’attaquer aux inégalités sociales au Québec. Le groupe propose près d’une vingtaine de mesures «concrètes» à l’État pour dégager 10 G$ supplémentaires chaque année.

«On a les moyens de faire beaucoup plus pour s’attaquer aux injustices. Avec nos surplus de 5 G$, c’est très possible. Or, on subit encore les contrecoups des années d’austérité, alors que les changements climatiques risquent d’accentuer ces inégalités», explique à Métro la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme.

Avec plusieurs autres organisations, son groupe forme la Coalition Main Rouge (CMR), qui a publié jeudi la seconde édition de son rapport «10 milliards de solutions», soutenu par plusieurs économistes notamment.

La première mouture du document était parue en 2010, à l’époque du règne libéral de Jean Charest.

Des idées pour moins d’inégalités

Selon le regroupement, établir neuf paliers d’imposition – le Québec en compte quatre actuellement – permettrait de dégager 2,5 G$ annuellement. L’association propose aussi une révision de la rémunération des médecins, une hausse de taxes pour les grandes entreprises jusqu’à 13%, ou encore l’élargissement du régime public d’assurance médicaments. Autant de mesures qui permettraient de «mieux contrôler les dépenses» et d’engendrer de «nouveaux revenus fiscaux», dit-on.

«Contrairement à ce que le gouvernement sous-entend, on n’a pas à faire le choix comme société de mieux financer les écoles, les CHSLD ou le logement social. On a les moyens de faire tout ça. Sinon, c’est tout le filet social qui va continuer de s’affaiblir.» -Véronique Laflamme

La coalition envisage aussi de taxer le capital des fondations privées et de moduler la TVQ, en y intégrant le concept de taxes «écologiques» et «de luxe». Augmenter les redevances sur l’exploitation des ressources naturelles serait aussi urgent, disent les organismes, qui plaident par ailleurs qu’une lutte serrée contre l’évasion fiscale rapporterait près de 700 M$ à l’État.

Abolie en 2011, la taxe sur le capital des banques permettrait par ailleurs de financer l’équivalent de plus de 8000 logements sociaux par année, considère aussi la Coalition Main Rouge.

«Remplir des nids-de-poule»

Joint par Métro, le président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), Jeff Begley, affirme pour sa part que toute la mécanique de financement gouvernementale doit être revue pour s’attaquer aux inégalités sociales.

«En ce moment, on répond surtout aux besoins les plus criants. Mais si on règle strictement ces enjeux, les inégalités sociales continuent. Les investissements publics sont trop pointus, et non globaux. C’est comme si on remplissait des nids-de-poule chaque hiver sans jamais s’attaquer à la fondation des routes. L’année suivante, on doit tout recommencer», avance-t-il.

Il cite l’exemple de la Révolution tranquille pour illustrer son point. «On a investi massivement à l’époque pour développer un réseau d’éducation solide, et on voit qu’au bout de l’exercice, ça paie. De la même manière, aujourd’hui, on est dus pour un nouveau réinvestissement», renchérit M. Begley.

À l’Union des consommateurs, l’analyste en politiques sociales et fiscales, Élisabeth Gibeau, abonde relativement dans le même sens.

«Ce sont des mesures concrètes, facilement applicables et surtout réalistes, insiste-t-elle. On s’inscrit en faux avec le discours qui sous-entend qu’on n’a pas le choix d’investir moins dans les services publics. On a tous les outils.» -Élisabeth Gibeau

Québec «prend note»

Appelée à réagir, l’attachée de presse du ministre Eric Girard, Fanny Beaudry-Campeau, affirme que Québec «prend note de la demande», sans pouvoir toutefois se prononcer sur le fond de celle-ci.

«Malheureusement, on ne peut rien dévoiler avant le budget. Ce sont les demandes des différents ministères qui nous aideront à établir les priorités», indique-t-elle.

Mme Beaudry-Campeau ajoute que la coalition peut déposer un mémoire dans le cadre des consultations pré-budgétaires.

«On est toujours très intéressés à entendre ce que les gens ont à dire sur les finances publiques», conclut-elle.

Le budget 2020-2021 du Québec sera déposé le 10 mars.

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