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Coronavirus: un taux de chômage qui pourrait rappeler la Grande Dépression

La crise du coronavirus, qui malmène l’économie et fait chuter la valeur du pétrole, pourrait faire grimper le taux de chômage au pays à un point qu’«on n’a pas vu depuis la Grande Dépression».

Le Directeur parlementaire du budget (DPB) a publié vendredi un rapport qui analyse les répercussions économiques que pourrait avoir la crise sanitaire sur l’économie canadienne. Celui-ci se base sur le scénario selon lequel les mesures de distanciation sociale et «l’effondrement» des prix du pétrole perdureraient pendant près de six mois, soit jusqu’au mois d’août.

Une telle situation pourrait faire chuter de 25% le produit intérieur brut du pays au deuxième trimestre de l’année en cours. Pour l’ensemble de 2020, celui-ci diminuerait de 5,1%, du jamais vu depuis 1962.

Déjà, plusieurs entreprises écopent de la crise du coronavirus alors que la valeur de plusieurs produits de base est à la baisse. Les commerces non-essentiels ont par ailleurs dû fermer temporairement leurs portes. Ainsi, plusieurs entreprises ont commencé à procéder à des mises à pied alors que leur confiance en l’économie a chuté à un seuil historique.

«On va avoir une récession, c’est sûr», analyse à Métro le le professeur en économie appliquée à HEC Montréal, Germain Belzile. 

Taux de chômage de 15%

Le DPB prévoit d’ailleurs dans son rapport que le taux de chômage au pays pourrait grimper à 15% au troisième trimestre de l’année en cours. À titre comparatif, à la fin de l’année 2019, il oscillait autour de 5%.

«On n’a pas vu ça depuis la Grande Dépression. C’est catastrophique. La question, c’est est-ce que le choc est temporaire ou de longue durée? Si c’est temporaire, ça va avoir moins d’impacts à long terme sur l’économie», estime M. Belzile. 

En 1930, le taux de chômage au pays était de 13%. Il avait ensuite doublé en trois ans pour atteindre 26% en 1933.

Dans son analyse, le DPB prévoit toutefois que le taux de chômage remontera au quatrième trimestre de 2020. Un scénario qui prend pour acquis que les prix du pétrole devraient alors remonter.

Dans les derniers jours, le prix à la pompe a chuté sous la barre de 0,80$ dans l’est du pays.

«À ce prix-là, il n’y a personne qui peut produire du pétrole de manière rentable […] Il y aura beaucoup de mises à pied à Saskatchewan et en Alberta», prévient M. Belzile. 

«On est un pays pétrolier. La valeur du dollar canadien est beaucoup reliée à la valeur du pétrole.» -Germain Belzile, professeur en économie appliquée à HEC Montréal

L’industrie pétrolière fait actuellement face à une grosse baisse de la demande alors que tant le transport aérien, l’économie et les transport routier roulent au ralenti, au bénéfice de l’environnement.

«Cette demande de pétrole va continuer à diminuer dans le temps. Les beaux jours dans l’Ouest canadien sont terminés», anticipe le responsable de la campagne Climat-Énergie pour Greenpeace, Patrick Bonin.

Lourd déficit

Le rapport du DPB prévoit que la crise du coronavirus engendrera un déficit économique de 112,7 G$ en 2020-2021. Cette estimation exclut toutefois les mesures d’aide financière d’urgence annoncées depuis le 23 mars.

Or, le Chambre des communes a adopté mercredi un plan d’urgence de 107 G$ pour aider les entreprises et les citoyens affectés par cette crise. D’autres sommes pourraient aussi être déployées pour aider l’industrie pétrolière à passer au travers des répercussions de cette crise sanitaire.

«Le gouvernement fédéral, au lieu de donner de l’aide financière aux pétrolières, doit investir dans des créneaux porteurs d’avenir», estime M. Bonin. Ce dernier presse Ottawa de profiter de la conjecture actuelle pour mettre l’économie «sur les bonnes rails pour lutter contre les changements climatiques». 

Ainsi, au lieu d’investir dans le sauvetage de l’industrie pétrolière, le gouvernement fédéral devrait plutôt consacrer ces sommes dans les secteurs de l’éolien et de l’énergie solaire, entre autres. 

«Il ne faut surtout que le gouvernement fédéral propose un antidote à la crise de la COVID-19 qui va empirer la situation des changements climatiques», prévient Patrick Bonin.

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