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«Les changements climatiques, c’est notre prochain coronavirus»

La crise du coronavirus devient une occasion de réfléchir à la lutte aux changements climatiques.
Les plus grands artères se voient désertés par les Montréalais alors que le Jour de la Terre approche. Photo: Josie Desmarais/Métro

Obscurci par le coronavirus et ses effets, le Jour de la Terre se fera en confinement cette année. Mais l’humain «a vu la fin du monde» et devra s’inspirer de la crise sanitaire pour combattre les changements climatiques, lancent en coeur des environnementalistes.

D’après le directeur de la version canadienne du Jour de la Terre, Pierre Lussier, qui a organisé un événement «en ligne» cette année, les effets de la COVID-19 devraient servir d’avertissement.

«Les changements climatiques n’ont pas d’odeur, pas de forme. On n’est pas capable de les nommer», constate-t-il en entrevue avec Métro.

«Dans une sortie de crise, ça va être plus facile de nommer les changements climatiques», poursuit-il.

La pandémie de coronavirus, qui a fait plus de 170 000 victimes à travers la planète, a des allures de «fin du monde», estime M. Lussier. «Une fois qu’on l’a vécu, on réalise qu’on n’a pas le goût de se tenir ici longtemps», illustre-t-il.

Un point de vue partagé par la médecin Claudel Pétrin-Desrosiers. Celle qui vient d’amorcer sa pratique s’inquiète que les phénomènes environnementaux modernes facilitent le déclenchement de nouvelles pandémies.

«La crise sanitaire actuelle nous donne un aperçu de ce qui pourrait nous attendre dans le futur», alerte la présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement.

Coup fatal au pétrole?

À travers le monde, la baril de pétrole en prend pour son rhume. Aux États-Unis, il a plongé lundi sous la barre des 13$ américains.

Une occasion selon le professeur Pierre-Olivier Pineau de repenser la place des produits gaziers et bitumineux.

«Il faut réorienter l’industrie, signale le titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal. Parce que d’abord, l’incertitude économique fait très mal à la demande. On a encore beaucoup de pétrole alors que le prix pourrait ne jamais redépasser les 70$ par baril.»

Aux yeux de Pierre Lussier, «les piliers du pétrole sont en train de se désagréger».

«Ce n’est pas à cause de la crise. L’industrie avait des pieds d’argile.» – Pierre Lussier, directeur du Jour de la Terre Canada

Cette fragilité de l’industrie des hydrocarbures s’illustre, aux yeux de Pierre-Olivier Pineau, par la décision de l’entreprise Teck de mettre fin à un large projet d’exploitation des sables bitumineux dans l’Ouest canadien.

L’expert en politiques énergétiques invite les gouvernements à profiter de la sortie de crise pour revoir le modèle énergétique pancanadien.

La semaine dernière, Ottawa a mis de l’avant un plan de sortie de crise pour le secteur pétrolier. Le fédéral souhaite entre autres débloquer des fonds afin de nettoyer certains puits pétroliers et rétablir plusieurs milliers d’emplois.

«Il faut aider les travailleurs de l’industrie, mais il ne faut pas chercher à la sauver», indique M. Pineau.

«À armes égales»

L’affaiblissement de l’industrie pétrolière donne des munitions aux groupes environnementaux, selon Pierre Lussier. «On sera plus à armes égales avec les grands pollueurs», indique-t-il.

Début-avril, un groupement d’organismes cosignait une lettre adressée au premier ministre François Legault. L’objectif: garder son attention sur la crise climatique à mesure que la courbe de transmission de la COVID-19 s’aplatit.

En choeur, les environnementalistes demandent un appui aux projets structurants de transport collectif. Ils exigent aussi une économie plus locale.

«Les changements climatiques se révèlent être notre plus grande opportunité collective d’améliorer la santé de tous.» Claudel Pétrin-Desrosiers, présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement.

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