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Coronavirus: l’hécatombe se poursuit pour les restaurants, malgré l’aide gouvernementale

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Un restaurant rue Saint-Laurent fermé à cause du coronavirus. Photo: Josie Desmarais/Métro

Environ 70% des restaurants au Québec craignent de ne pas avoir suffisamment de fonds pour passer au travers des trois prochains mois, malgré les mesures d’aide mises en place par Québec et Ottawa, selon un nouveau coup de sonde.

Le mois dernier, Restaurants Canada avait publié un sondage sur les répercussions de la crise du coronavirus sur les restaurateurs de la province. Celui-ci indiquait qu’un restaurateur indépendant sur deux au Québec craignait de devoir fermer ses portes d’ici trois mois en raison de la crise sanitaire. Le sondage montrait alors le loyer comme la principale source d’endettement de ces entreprises. 

Dans un nouveau coup de sonde, mené du 1er au 5 mai auprès de 890 exploitants représentant près de 12 000 restaurants, l’organisme constate que 70% des répondants sont «extrêmement ou très inquiets» de la possibilité de ne pas avoir les liquidités suffisantes pour effectuer toutes les dépenses associées à leur commerce. Celles-ci incluent, en plus du loyer, le paiement des factures d’électricité et les taxes municipales, entre autres. 

«Les pertes vont être immenses», anticipe le vice-président aux affaires fédérales et au Québec pour Restaurants Canada, David Lefebvre. Selon l’organisme, le chiffre d’affaires des restaurateurs au Québec pourrait chuter de 3,3 G$ au deuxième trimestre de l’année en cours.

Les restaurants peinent à payer leur loyer

Le sondage permet aussi de constater que 20% des restaurateurs qui sont locataires n’ont pu payer leur loyer au complet dans les temps pour le mois de mai, contre 14% pour le mois d’avril. Une situation qui survient alors qu’Ottawa a pourtant mis en place à la fin du mois dernier un programme d’aide au loyer de 75%.

Ce programme n’est toutefois pas accessible à de nombreux restaurateurs en raison de ses critères restrictifs, souligne M. Lefebvre. Une entreprise doit effectivement avoir subi des baisses de revenus de 70% pour y avoir accès. Le programme prévoit aussi d’offrir une aide financière aux propriétaires de locaux commerciaux.

«Le programme, de la façon dont il est mis en place par le fédéral, est entre les mains des propriétaires. Donc, un locataire dont le propriétaire ne veut pas utiliser le programme ne pourra pas en bénéficier», soulève David Lefebvre. 

Les relations ne sont d’ailleurs pas toujours cordiales entre les locataires et les propriétaires de locaux commerciaux. Le locataire du restaurant Comptoir 21 du Mile End, par exemple, a récemment subi une hausse de loyer de 40% en pleine crise du coronavirus. Il a depuis fermé cette succursale.

M. Lefebvre craint ainsi que plusieurs propriétaires de locaux commerciaux, dont les restaurants, décident de ne pas faire appel au programme d’aide d’Ottawa. Ils risquent alors de demander à leurs locataires de payer l’entièreté de leur loyer, ce qui représente une charge financière importante dans le contexte actuel.

«Il semble que le programme [d’aide au loyer du gouvernement fédéral] donne un peu trop de pouvoirs aux propriétaires par rapport aux entreprises.» -David Lefebvre, vice-président aux affaires fédérales et au Québec pour Restaurants Canada

Dans ce contexte, Restaurants Canada presse le gouvernement Trudeau de revoir les critères de ce programme pour permettre aux locataires d’en bénéficier sans avoir à passer par leur propriétaire.

Moratoire sur les évictions

Restaurants Canada demande aussi à Québec de mettre en place un moratoire sur les évictions de locataires de locaux commerciaux afin de protéger ceux-ci pendant la crise sanitaire. L’organisme réclame également une aide financière provinciale pour aider les restaurants à garnir leurs «stocks» en prévision de la réouverture de leur salle à manger, dont la date demeure inconnue.

«Un restaurant qui est fermé depuis deux mois, à part les épices et l’huile, il ne reste plus rien. Et ça, c’est une perte sèche pour les restaurateurs», souligne M. Lefebvre. Bien que plusieurs restaurants aient continué à offrir des commandes à emporter et à effectuer des livraisons, les pertes alimentaires sont importantes pour nombre d’entre eux, ajoute-t-il. 

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