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Le prix de l’essence en chute libre en avril, du jamais vu au Canada

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Le prix de l'essence est en baisse depuis le début mars, mais il a connu une diminution majeure en avril. Photo: Josie Desmarais/Métro

Le prix de l’essence au pays a chuté de près de 40% en avril, par rapport à la même période l’an dernier, ce qui représente la baisse «la plus marquée jamais enregistrée». C’est du moins ce que conclut une nouvelle étude sur l’Indice des prix à la consommation de Statistique Canada parue mercredi en matinée.

Somme toute, la pandémie de COVID-19, et les nombreux changements qu’elle a provoquée dans nos déplacements, en serait majoritairement responsable.

«La demande mondiale de pétrole est demeurée faible en raison des déplacements limités, des fermetures temporaires d’entreprises et du ralentissement du commerce international», note l’organisme fédéral dans son rapport.

Ces baisses de prix seraient aussi attribuables à une offre «excédentaire» sur le marché du pétrole «découlant de tensions entre les principaux pays producteurs».

Toutefois, avec le déconfinement graduel au Québec en mai, il y a fort à parier que les prix à la pompe regrimperont rapidement.

Salariés en danger?

Pour le professeur au Département des sciences économiques de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, Florian Mayneris, la baisse du prix du baril risque d’affecter durement l’économie du Canada, qui est un grand producteur et exportateur de pétrole dans le monde.

«C’est une baisse de revenus directe pour tout ce secteur-là. On risque de devoir licencier des salariés. Les effets risquent d’être particulièrement importants dans les provinces productrices, surtout l’Alberta et les Prairies.» -Florian Mayneris, de l’UQAM

À l’inverse toutefois, pour les industries qui utilisent le pétrole comme source d’énergie pour fonctionner, la situation est plutôt positive, même qu’elle pourrait sauver des emplois. «Quand on parle de sociétés de transport ou de manufacturiers par exemple, c’est plutôt une bonne nouvelle parce que les coûts diminuent, surtout si vous en utilisez beaucoup. Cela dit, cette forme d’adoucissement est très faible par rapport aux chocs financiers qu’ils subissent. Au final, personne ne peut vraiment sauter de joie, sauf le consommateur en lui-même», ajoute l’expert.

Heureusement, dit-il, «le pétrole n’est pas le seul moteur économique au Canada». «On peut s’attendre à ce que d’autres secteurs prennent du galon pour combler ce vide», précise M. Mayneris.


Moins pour les vêtements, plus pour les aliments

Selon l’étude de Statistique Canada, le prix des vêtements et des chaussures diminue également au Canada. Il a chuté de près de 6% en avril, par rapport au mois de mars, une baisse là encore sans précédent. La suspension du magasinage en personne de produits non essentiels dans plusieurs provinces, en avril, a eu beaucoup d’impacts.

«Puisque la majorité des vêtements sont achetés en magasin, les détaillants de vêtements se sont retrouvés avec des stocks élevés, ce qui les a poussés à accorder d’importantes réductions sur les prix des vêtements en ligne pour éviter des surplus.» -Statistique Canada

Le secteur de l’alimentation, toutefois, fait face à une demande qui demeure très élevée. Ainsi, le prix des aliments secs et en conserve, dont le riz (+9,2%) et les œufs (+8,8%) ont bondi sur les tablettes.

Selon les statisticiens fédéraux, ces hausses coïncident avec l’augmentation de la demande d’aliments non périssables, «au moment où dans la foulée des mesures d’éloignement physique adoptées, les consommateurs ont été encouragés à réduire leur nombre de sorties à l’épicerie», écrivent-ils dans l’étude. Le porc (+9%) et le bœuf (+8,5%) subissent aussi des hausses de prix, en partie parce que les problèmes d’approvisionnement dus au ralentissement des usines et le ralentissement des expéditions transfrontalières ont contribué à raréfier l’offre.

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