La pandémie de coronavirus entraînera un déficit de près de 15 G$
La santé budgétaire du gouvernement du Québec s’est fortement détériorée depuis l’arrivée de la pandémie de coronavirus. Si bien que le ministre des Finances prévoit un déficit de 14,9 G$ pour le prochain exercice.
Après avoir évoqué un surplus de 1,9 G$ lors de son dernier dépôt budgétaire, au mois de mars, Québec risque maintenant d’observer un déficit «historique» en 2020-21. Depuis la Seconde guerre mondiale, il s’agirait du troisième déficit québécois le plus élevé proportionnellement au produit intérieur brut.
Mince consolation: le surplus évoqué il y a trois mois pour l’an dernier fait l’objet d’une révision à la hausse. Il atteint dorénavant 3 G$.
Le ministre des Finances, Eric Girard, avait présenté son deuxième budget en mars, à peine trois jours avant que le premier ministre François Legault ne déclare l’état d’urgence sanitaire.
Depuis, Québec affirme avoir devancé des sommes de 28 G$ uniquement pour combattre l’avancement du coronavirus et ses conséquences économiques.
Au budget, ces sommes se répercutent en hausse de 6,6 G$ des dépenses pour les deux prochaines années. Aux yeux de M. Girard, la retour à l’équilibre budgétaire se fera plus facilement étant donné la non-récurrence d’une bonne partie des nouvelles dépenses.
«La baisse des revenus est temporaire et la majorité de la hausse des dépenses est discrétionnaire», a précisé le député de Groulx.
Une aide d’urgence en santé
Confronté à des quasi-pénuries de masques et d’écouvillons en début de pandémie, Québec a dû investir des sommes records dans l’achat d’équipement médical. Une faramineuse bourse de 2,3 G$ a été utilisée pour remplir les réserves du réseau de la santé.
La formation et la rémunération des futurs préposés en CHSLD engendreront des dépenses d’environ 340 M$. Ce programme gouvernemental visant à amener des renforts dans le système de santé a généré nombre de critiques dans les derniers jours.
La distribution de masques dans le métro et dans le transport collectif de la région de Montréal a coûté 6 M$ au gouvernement du Québec.
Le ministère de la Santé et des Services sociaux, qui détient déjà le portefeuille le plus large du gouvernement, verra d’ailleurs ses dépenses augmenter substantiellement. Prévue à 5,3%, la croissance des dépenses au sein du réseau atteindra plus du double, à 12,6%.
Éponger le déficit
Le ministre Girard s’est engagé vendredi matin à atteindre l’équilibre budgétaire «d’ici cinq ans». Un exercice «réaliste», selon la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
«C’est la chose à faire pour limiter le poids de la dette et éviter de faire porter aux prochaines générations le coût de la crise actuelle», a signalé dans un communiqué le président et chef de la direction de la Chambre, Michel Leblanc.
«L’atteinte de cet objectif ne se fera pas au détriment des services publics ou par une hausse du fardeau fiscal des Québécois», a indiqué l’élu de la Coalition Avenir Québec dans un communiqué de presse.
Lors d’un point de presse tenu vendredi, le ministre s’est aussi engagé à éviter des hausses de taxes et d’impôts.
«Les Québécois sont déjà suffisamment taxés», a martelé M. Girard.
La réserve de stabilisation fera partie de la solution. Après l’avoir évoqué au mois de mars, le ministre des Finances a confirmé vendredi qu’il utilisera le fonds «dans sa totalité» lors du prochain exercice financier.
Devant la montagne que devra gravir l’économie, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante invite Québec à faire appel aux entreprises d’ici.
«Pour réussir la reprise économique, le gouvernement doit mettre les PME au cœur de son plan économique», a indiqué dans un communiqué le vice-président Québec de l’organisme, François Vincent.
Selon les plus récents calculs, le taux de chômage au Québec est passé de moins de 5% avant la crise sanitaire à 13,7% en mai.