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Une surmortalité importante pendant le pic de la COVID-19 au Québec

Coronavirus COVID-19
Patient hospitalisé atteint du coronavirus Photo: Piero Cruciatti/AFP

La dangerosité de la COVID-19 ne fait plus aucun doute. Une nouvelle étude de Statistique Canada parue vendredi démontre que le nombre de décès pendant la pandémie a bondi de presque 40% en avril. Hier, des données de l’Institut de la statistique du Québec montraient une hausse encore plus marquée, autour de 60%.

«Une surmortalité a été observée pendant six semaines consécutives à compter de la semaine se terminant le 28 mars. On a dénombré 1 472 décès de plus en 2020 qu’au cours de n’importe quelle des cinq années précédentes», explique l’agence fédérale, dans son Bulletin du nombre de décès provisoire.

Cette surmortalité serait en grande partie attribuable à la COVID-19. Plus de 2130 décès liés au coronavirus sont survenus pendant cette même période. Au Québec, le premier décès lié à la pandémie avait officiellement été déclaré le 18 mars.

Dans la semaine du 18 avril, 1737 Québécois sont décédés, alors que dans les cinq dernières années, à peine 1250 personnes ont péri en moyenne. Il s’agit d’une hausse marquée de 39%. La semaine suivante, 1636 personnes ont perdu la vie, alors que seules 1260 personnes meurent en temps normal.

Pas que la COVID-19

Dans son rapport, Statistique Canada note toutefois que cette surmortalité «ne peut pas entièrement être attribuée directement ou indirectement à la pandémie, puisque d’autres facteurs pourraient entrer en jeu, y compris les fluctuations de la composition de la population».

«Au-delà des décès attribuables au virus lui-même, la pandémie pourrait être à l’origine d’un nombre accru de décès attribuables à d’autres causes.» -Statistique Canada, dans son rapport

Au cours des derniers mois, divers médias ont d’ailleurs rapporté des cas de malnutrition et de déshydratation dans les CHSLD. Une situation causée indirectement par la COVID-19, puisque les ressources de plusieurs institutions ont été étirées au-delà de leurs capacités maximales.

Selon une étude très similaire de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) parue hier, ce sont plutôt 2090 personnes qui sont décédées au Québec dans la semaine du 25 avril. La hausse serait alors de plus de 60%, car les chiffres de l’organisme affirment que 1270 personnes avaient perdu la vie dans les cinq dernières années, en moyenne. De ce nombre, 81% des décès seraient survenus chez les personnes âgées de 70 ans et plus, surtout dans les CHSLD ou encore les résidences pour aînés (RPA) de la grande région de Montréal.

«Hors du commun»

Pour la spécialiste en questions relatives à la COVID-19 de l’Université de Montréal, Roxane Borgès Da Silva, la situation est «quand même extraordinaire, et particulièrement hors du commun».

«On n’espérait pas arriver à autant de décès. Cela dit, il faudra encore comparer tout ça avec d’autres pays et d’autres phénomènes, comme la canicule» -Roxane Borgès Da Silva, de l’UdeM

L’ensemble des données de mortalité, dont celles de Statistique Canada et de l’ISQ, seront analysées au cours des prochaines semaines par des équipes de recherche. Ces chiffres pourraient éventuellement permettre «de mieux se préparer pour la deuxième vague», dit l’experte, qui affirme que l’enjeu principal est de ne pas répéter les mêmes erreurs.

«On voit que la majorité des décès sont survenus dans les CHSLD. On a déplacé le nombre de morts sur une période beaucoup plus courte qu’à l’habitude dans ces établissements. Ça va être intéressant de voir s’il y aura moins de décès, au sortir de la crise, dans le réseau de la santé», envisage Mme Da Silva.

Hier, les autorités de santé publique québécoises ont enregistré 42 nouveaux décès liés au coronavirus. Le Canada a pour sa part franchi jeudi le cap symbolique des 100 000 cas. De ce nombre, plus de 54 383 infections sont au Québec, une hausse de 120 cas par rapport à la veille.

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