Le test de Bonaventure
Le 5 décembre, tous les yeux seront rivés sur la Gaspésie. Bon, peut-être pas tous les yeux, mais au moins ceux des analystes, des commentateurs politiques et de quelques autres adeptes.
Un scrutin visera à remplacer la députée Nathalie Normandeau, qui a démissionné de son poste au début de septembre, après avoir représenté cette circonscription gaspésienne depuis 1998. Mais cette élection partielle dans Bonaventure ne sera pas le grand rendez-vous attendu.
Déjà, on sait que Damien Arsenault sera candidat du Parti libéral du Québec. Le maire de Saint-Elzéar croisera le fer avec, pour le Parti québécois, Sylvain Roy, sociologue et enseignant au cégep de la Gaspésie, et avec Patricia Chartier, de Québec solidaire, choisie en 2010 et aujourd’hui attachée politique du député fédéral néo-démocrate. Il y aura aussi un candidat de l’ADQ.
Les élections partielles sont souvent le moment de prendre le pouls de la population, de mesurer l’humeur de l’électorat et d’évaluer les tendances. Il y a toutefois certaines exceptions, et Bonaventure risque d’en faire partie. Sans la présence d’un candidat de la Coalition pour l’avenir du Québec (CAQ) de François Legault, sans alliance entre le PQ et Québec solidaire, on ne pourra mesurer pleinement l’effet des scénarios électoraux évoqués au cours des derniers mois.
François Legault a déjà affirmé que son nouveau parti ne présenterait aucun candidat à cette partielle, ce qui est une sage décision. Bien qu’il vise une représentation imposante en chambre d’ici février, le comté de Bonaventure présente plusieurs embuches. En vertu de la carte électorale actuellement en vigueur, ce comté regroupe 29 066 électeurs, une population plus âgée que la moyenne québécoise, et il compte autour de 15 % d’anglophones.
Il serait hasardeux pour la CAQ de plonger au milieu de la course et de risquer de freiner l’élan de départ d’un parti qui n’est toujours pas légalement constitué. De longue tradition libérale, ce comté n’a été représenté par le PQ qu’en 1994; pour le reste il a été teint en rouge pendant des décennies ; ça été le fief de Gérard D. Lévesque de 1956 à 1993.
À moins qu’un microclimat se forme et qu’on assiste à un renversement, cette élection partielle ne devrait pas être le théâtre de grandes surprises. Pour Pauline Marois, cet appel aux urnes ne pourra donc être pris pour le test qu’il n’est pas. Pour François Legault non plus. Quant à Jean Charest, une victoire dans un comté qui est traditionnellement libéral ne voudra pas dire pour autant que ses problèmes sont réglés. Comme le dit si bien le dicton : À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
– Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.