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Les compagnies aériennes battent de l’aile

L'aéroport Montréal-Trudeau (ADM)
L'aéroport Montréal-Trudeau Photo: Pablo Ortiz/Métro

Pour renflouer leurs coffres, les compagnies aériennes maintiennent leurs offres pour convaincre les Québécois de prendre des vacances à l’extérieur du pays. Des stratégies qui soulèvent des questionnements éthiques.

Il est légal de quitter le pays. Les autorités sanitaires recommandent toutefois fortement de rester chez soi pour limiter les risques de contamination.

Ce n’est rien pour ralentir les efforts publicitaires des compagnies aériennes. Tout récemment, il a été révélé qu’Air Canada embauchait des influenceurs pour encourager la population à prendre des vacances au soleil. Cette stratégie a d’ailleurs été condamnée par le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau.

Air Canada va trop loin, croit le professeur au département de philosophie de l’Université de Montréal, Peter Dietsch. «Sur le plan moral, c’est complètement inacceptable, c’est clair. On parle souvent de la responsabilité des entreprises; elles ne vont pas [s’en empêcher] parce que ça leur rapporte de l’argent», soutient le membre du Centre de recherche en éthique.

Ottawa a tout même sa part de responsabilité, précise M. Dietsch. «Il faut avoir une conditionnalité claire de la part du gouvernement: si elles [les compagnies] font des choses comme ça, on ne leur donne pas de fonds pour les aider dans leur situation financière», soutient-il.

Air Canada fait des «efforts de marketing déployés à plus grande échelle et afin de rejoindre des publics que les médias traditionnels ne pénètrent pas, soutient la porte-parole Pascale Déry dans une déclaration écrite à Métro Média. Nous avons entamé des collaborations avec des influenceurs pour qu’ils communiquent et expliquent nos mesures sanitaires, mises de l’avant au tout début de la pandémie.»

Pression financière

Plusieurs facteurs économiques sont à considérer, mentionne le professeur en marketing à l’École des sciences de la gestion (ESG) de l’UQAM, Paul Arseneault. Les acteurs du milieu aérien doivent couvrir d’importants coûts d’opération, comme l’entretien des appareils.

«Contrairement à la croyance populaire, ce ne sont pas des entreprises qui sont très rentables sur le long terme», affirme-t-il.

La pandémie est venue mettre davantage de pression sur leurs finances. Au courant de l’été, Aéroports de Montréal avait rapporté que son nombre de passagers avait baissé de près de 97%.

Contrairement à plusieurs autres pays dans le monde, «le gouvernement canadien n’a pas donné une aide spécifique aux compagnies aériennes, rappelle M. Arseneault. Les transporteurs se trouvent dans une situation assez incroyable en se disant: ‘‘On essaie de sauver les meubles pour une activité qui n’est pas illégale’’».

À Air Transat, les vols de décembre 2020 représentent représente environ 8 % de celui de 2019. «Nous avons besoin de vols et d’avions qui continuent de relier le Canada au reste du monde. Les compagnies aériennes doivent donc pouvoir continuer à vendre des billets, surtout dans un contexte où le Canada est le seul pays du G7 à n’avoir apporté aucun soutien à son industrie aérienne», fait valoir la directrice marketing, médias sociaux et relations publiques, Debbie Cabana.

Parmi les trois entreprises canadiennes contactées, seule WestJet n’a pas donné suite à nos demandes. L’Office de la protection du consommateur a refusé de commenter.

1000

Contrairement à ce qui était prévu, les personnes revenant de vacances à l’extérieur du pays ne pourront pas toucher 1000$ pour compenser l’argent perdu lors de leur quarantaine à leur retour, a récemment annoncé Ottawa.

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