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Mini-remaniement à Québec, Charette responsable de la lutte contre le racisme

Le ministre de l'environnement Benoit Charette et le premier ministre François Legault
Le ministre Benoit Charette et le premier ministre François Legault Photo: Josie Desmarais/Métro

Même s’il n’a pas fait partie du Groupe gouvernemental d’action contre le racisme, le ministre québécois de l’Environnement, Benoit Charette, porte aujourd’hui un nouveau chapeau. En plus de retenir ses fonctions actuelles, l’élu caquiste devient ministre responsable de la lutte contre le racisme.

Le premier ministre François Legault a confirmé la nouvelle, d’abord rapportée par le 98,5 mercredi.

«Ce qu’on souhaite en matière de lutte contre le racisme, c’est de poser des gestes concrets qui vont faire reculer le racisme au Québec. Je connais Benoit et je sais que c’est un dossier qui lui tient beaucoup à coeur», a signifié M. Legault, en direct de Québec.

L’idée de nommer un ministre responsable de la lutte au racisme avait d’abord été évoquée dans le rapport final du Groupe d’action contre le racisme. Ce septuor gouvernemental avait eu la tâche, l’été dernier, d’élaborer des solutions aux problématiques de racisme et de discrimination dans la province.

C’est donc le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, aussi responsable de la région de Laval, qui hérite de la nouvelle fonction. Pour le ministre Charette, «le Québec est certainement l’une des sociétés les plus accueillantes et les plus tolérantes au monde».

«On part avec une longueur d’avance», a-t-il souligné mercredi.

Par ailleurs, la députée Lucie Lecours obtiendra elle aussi un poste ministériel. Elle devient déléguée à l’Économie.

Le mini-remaniement de mercredi fait suite à celui d’octobre, lorsqu’Ian Lafrenière a remplacé Sylvie D’Amours aux Affaires autochtones. Plus tôt en 2020, le ministre Christian Dubé, notamment, avait accédé à la Santé dans un important brassage de cartes au conseil des ministres.

Legault justifie son choix

M. Charette, qui conserve ses tâches actuelles, n’a pas participé à l’élaboration du rapport du Groupe d’action déposé en décembre dernier. C’est lui, toutefois, qui devra s’assurer d’en appliquer les recommandations. Celles-ci touchent non seulement les pratiques policières, mais aussi l’enseignement et le logement.

«Tout ne pourra pas être totalement mis en place d’ici la fin du mandat, mais notre volonté, c’est qu’il y ait des avancées concrètes», a avancé le ministre, mercredi.

François Legault aura choisi de ne pas confier le poste à l’un de ses deux ministres issus des communautés noires, Lionel Carmant et Nadine Girault, optant plutôt pour un collègue blanc de 44 ans.

«Il y a eu des discussions. […] Ce n’est pas comme s’ils n’avaient rien à faire», a souligné le premier ministre. Mme Girault occupe trois fonctions ministérielles, alors que M. Carmant est délégué à la Santé et aux Services sociaux.

M. Charette soutient avoir la sensibilité nécessaire pour agir. Il a lui-même vécu le racisme de près, a-t-il dit mercredi. «Il y a plusieurs années, on s’était vu refuser un appartement parce que ma conjointe est d’origine haïtienne», a-t-il relaté.

L’enjeu policier

Parmi les recommandations du Groupe d’action en décembre dernier: l’interdiction des interpellations aléatoires par les policiers. Pourtant, M. Charette ne croit pas pouvoir agir immédiatement.

«C’est un élément pour lequel on doit bouger rapidement, mais il faut aussi respecter le calendrier de ma collègue [la ministre de la Sécurité publique] Geneviève Guilbault, qui va déposer dans les prochains mois un livre vert sur la police», a répondu le ministre.

Au début du mois, l’arrestation injustifiée par le SPVM du Montréalais d’origine guinéenne Mamadi III Fara Camara soulevait de nouveau des questions sur le profilage racial au sein des corps policiers.

S’il admet avoir encaissé le récit «avec peine», Benoit Charette ne croit pas détenir les informations nécessaires pour conclure qu’il s’agissait bel et bien d’un incident de profilage.

«La situation demeure troublante sur toute la ligne», a-t-il lancé.

Trop dans son assiette?

Les groupes d’opposition à Québec n’ont pas tardé à réagir à la nouvelle du remaniement, mercredi.

«Avec cette nomination, le gouvernement nous confirme que Benoit Charette est le ministre des dossiers dont la CAQ ne reconnaît pas l’importance: le racisme et la lutte aux changements climatiques», a soutenu dans une déclaration écrite le porte-parole de Québec solidaire en matière d’inclusion, Andrés Fontecilla.

Déjà, ajoute la cheffe du Parti libéral, Dominique Anglade, M. Charette «a peu livré jusqu’à présent». «Ça témoigne du manque de considération qu’on a pour ces deux enjeux», a-t-elle évoqué.

Porte-parole du Parti québécois en matière de racisme, Méganne Perry Mélançon prépare déjà ses propositions au ministre. «Il y a certaines mesures qu’on aurait souhaité qui soient mises de l’avant, comme le curriculum vitae anonyme, a-t-elle suggéré. Je lui tends la main.»

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