Soutenez

Moratoire demandé sur l’utilisation de l’insecticide Bti

Quel avenir pour les derniers milieux humides ?
Les milieux humides de ­Dorval et de ­Saint-Laurent sont des refuges pour des dizaines d’espèces d’oiseaux. Photo: Gracieuseté/Technoparc ­Oiseaux

Appuyé par 22 organismes environnementaux, la Coalition Biodiversité – Non au Bti somme Québec d’imposer un moratoire sur l’utilisation du Bacillus thuringiensis variété israelensis, un insecticide utilisé pour réduire la quantité de moustiques et mouches noires. L’épandage de ce produit dans les milieux naturels du Québec placerait «l’ensemble des espèces d’oiseaux insectivores» en situation préoccupante selon le groupe-citoyen.

La Coalition Biodiversité a fait parvenir, le 19 février dernier, une demande de moratoire sur l’épandage du Bti au ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC), Benoît Charette.

Découvert en Israël en 1976, l’insecticide est utilisé au Canada depuis le début des années 1980. Couramment désigné par son acronyme Bti, l’insecticide est une bactérie qui vit naturellement dans les sols.

Le Bti produit une protéine cristallisée toxique uniquement pour les larves de moustiques et de mouches noires. Ces cristaux microscopiques sont ingérés par les larves des insectes lorsque celles-ci se nourrissent. Au sein de leur appareil digestif, les cristaux se dissolvent et se transforment en molécules toxiques, détruisant les parois de l’estomac. Après ingestion, les insectes meurent en quelques jours.

«Ça détruit une partie de la chaîne alimentaire. Ça diminue la quantité de nourriture pour les oiseaux insectivores. Les larves arrivent à une période de l’année où les insectivores mettent au monde leur progéniture. Les larves sont très faciles à digérer et riches en protéines. Le Bti engendre aussi des impacts directs sur les chironomes, des insectes non piqueurs à la base des écosystèmes aquatiques»

-Christiane Bernier, co-porte-parole de la Coalition Biodiversité,

Autorisation

Selon la Coalition Biodiversité, l’épandage au Bti s’effectuerait au Québec dans 13 régions administratives sur 17 et dans plus d’une quarantaine de municipalités dont Gatineau, Laval, Mont-Tremblant et Trois-Rivières.

Pour utiliser le Bti, les municipalités québécoises doivent obtenir un certificat d’autorisation délivré par le ministère de l’Environnement après consultation auprès du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs.

Dans un document d’orientation interne du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs ayant pour but de guider les fonctionnaires responsables de l’analyse de dossiers de demande d’autorisation, on note que «le survol de la littérature montre que l’épandage du Bti peut avoir un effet direct sur des organismes non-ciblés tels que des têtards».

«Considérant la situation précaire de plusieurs espèces d’amphibiens au Québec, dont la rainette faux-grillon de l’Ouest, il importe d’adopter une certaine vigilance lorsqu’il est question d’épandre des formulations de Bti dans des milieux d’importance pour ce groupe de vertébrés», peut-on également lire dans le document daté de janvier 2019.

Le rapport précise aussi qu’«en considérant que […] les formulations du Bti peuvent avoir un impact indirect sur le fonctionnement de l’écosystème et le réseau trophique et qu’aucune étude récente n’a été effectuée au Québec, le principe de précaution devrait être appliqué».

Coalition Biodiversité

À la Coalition Biodiversité, on se dit choqué de l’inaction perçue du ministère de l’Environnement.

«Plutôt que de faire son travail pour préserver le bien commun, le ministère s’en lave les mains et continue d’émettre des autorisations aux municipalités. Nous sommes choqués de l’inaction la plus complète du gouvernement dans le dossier Bti en dépit de la multitude d’études qui sonnent l’alarme de toutes parts», fait valoir le groupe citoyen dans un communiqué émis dimanche.

Depuis 2018, plusieurs municipalités québécoises ont cessé d’utiliser le Bti, dont Nominingue, l’Ascension, Rivière-Rouge, Candiac, Saint-Constant, Montebello, Nicolet, Bécancour et, tout récemment, Saint-Léonard-d’Aston.

Parmi les 22 organismes environnementaux qui supportent l’initiative de la Coalition Biodiversité, on retrouve notamment Eau Secours, Nature Québec, SNAP Québec et les AmiEs de la Terre de Québec.

Faisant valoir que la demande de moratoire est en train d’être examinée, le cabinet du ministre de l’Environnement, Benoit Charette n’a pas souhaité réagir, dimanche.

 

 

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.