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Un an de pandémie: et maintenant qu’est-ce qu’on fait?

Le premier ministre François Legault et son épouse, Isabelle Brais, à la cérémonie de commémoration
Le premier ministre François Legault et son épouse, Isabelle Brais Photo: François Ozan/Collaboration spéciale

Une page se tourne. Après une année de deuils, de douleur et de confinements, le Québec tente aujourd’hui de sortir la tête de l’eau, le poids de ses 10 000 morts toujours sur les épaules. Mais une fois la commémoration de jeudi terminée, la question se pose: qu’est-ce qu’on fait maintenant?

Des craintes bien réelles

À très court terme, les yeux seront rivés sur le bilan quotidien des nouveaux cas. Au cours de la prochaine semaine, c’est ce qui déterminera si la relâche a été le déclencheur d’une nouvelle série d’infections, comme ce fut le cas en 2020.

«Tout le monde aura besoin de cette pause-là», avait martelé le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, début février. Deux semaines plus tard, le premier ministre François Legault adoptait le même discours, en permettant la réouverture des cinémas, des arénas et des piscines partout dans la province. «C’est une question d’équilibre, une question de santé mentale, et pour les enfants, et pour les parents.»

Environ une semaine après le retour à l’école, les effets de ces allègements ne paraissent pas encore dans les chiffres quotidiens de la Santé publique. La moyenne mobile sur sept jours descendait récemment sous la barre des 700. «Ça prend 10 à 14 jours pour voir le résultat», convenait la semaine dernière le premier ministre.

D’autant plus que les manifestations contre les mesures sanitaires ont repris samedi, après une accalmie de deux mois.

L’incertitude plane, donc, à mesure que l’opération vaccinale se poursuit. En date de vendredi, environ 7% de la population avait reçu une première dose. Mais la vaccination des tranches d’âge prioritaires est loin d’être terminée.

Vendredi, Métro rapportait que la moitié des 85 ans et plus ont reçu une dose du vaccin, CHSLD inclus. Chez les 70 ans et plus, c’est un quart. Reste à savoir si l’ouverture des pharmacies fera grimper ces taux.

Déjà, Montréal a ouvert la porte à la vaccination des 65 ans et plus. L’opération, devenue une «obsession» pour le gouvernement provincial, pourrait même mener à la réouverture des maisons, selon le premier ministre

«Au fur et à mesure que les doses vont arriver d’Ottawa, on veut toutes les administrer le plus vite possible. C’est certain que, quand on va avoir vacciné toutes les personnes de 65 ans et plus ça va être une autre ball game», indiquait-il lors d’un point de presse à Québec.

Alerte aux variants

L’ombre au tableau dans tout cela: la transmission des variants du coronavirus. Au moment d’écrire ces lignes, la province recensait plus de 300 cas d’infections liés à ces versions mutantes du virus et 1800 cas présumés.

Le 4 mars dernier, François Legault parlait d’une «course contre la montre, où s’opposent les effets de la relâche, les effets des nouveaux variants […] et la vaccination».

À court terme, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) «prédit une diminution des cas reliés à la souche initiale, mais une augmentation des cas reliés au variant». Si bien qu’à la fin mars, les variants pourraient devenir la souche dominante du virus dans le Grand Montréal.

Certaines nouvelles souches du coronavirus seraient 1,4 à 1,9 fois plus transmissibles que le virus d’origine.

«On est sur une mer calme, un plateau, pas trop de vagues. Mais en dessous il y a des requins, et ces requins-là, c’est les variants.» – Horacio Arruda, directeur national de santé publique

Un déconfinement déjà amorcé

Québec maintient ses intentions de déconfinement progressif. Vendredi, plusieurs nouveaux allégements aux mesures sanitaires ont été annoncées, notamment pour les sports, les spas et les piscines.

Des modifications au couvre-feu – toujours imposé à partir de 20h en zone rouge – ne sont pas exclues.

«J’ai fait remarquer à la Santé publique qu’en fin de semaine on change d’heure. Donc, 8 heures, c’est la même clarté que 9 heures à l’avenir», avançait le premier ministre la semaine dernière.

En zone rouge, ce ne sont plus que quelques pans de l’économie qui demeurent fermés. Les restaurants et les bars, notamment, doivent continuer à prendre leur mal en patience.

Mais le retour au travail se poursuit pour plusieurs Québécois. Vendredi, Statistique Canada confirmait que la province a gagné 112 000 emplois en février. Le Québec recense environ 170 000 postes de moins qu’en février 2020.

Une situation financière incertaine

À la fin du mois, le ministre des Finances, Eric Girard, doit déposer son budget pour 2021-22. Il présentera aussi son plan de match afin que la province émerge de son déficit attendu de 15 G$.

Dans la métropole québécoise, les attentes sont élevées. Dans un document paru au début du mois de mars, la mairesse Valérie Plante demandait à Québec de débloquer dans l’urgence des sommes pour le logement et le transport en commun, entre autres.

C’est que malgré l’arrivée imminente du printemps, l’économie montréalaise souffre. Toujours selon Statistique Canada, le taux de chômage en février au Québec atteignait 8,4%, le deuxième pire total dans la province.

Jeudi dernier, Mme Plante soutenait en entrevue à la radio de Radio-Canada qu’il était peu envisageable pour les Montréalais que l’économie se déconfine entièrement cet été.

«Moi, je visais un retour à la normale autour de septembre. On veut quand même avoir un été dynamique, même si on ne peut pas avoir les grands festivals comme on les avait avant», a-t-elle souligné.

Sur le plan local, ce deuxième été pandémique comportera quelques différences. Les rues piétonnisées seront de retour, mais l’envergure de la mesure sera moins grande que l’an dernier.

Une lutte à finir pour le financement de la santé

Le cahier de tâches du gouvernement Legault risque d’être bien rempli quand l’économie aura repris son ère d’aller. Déjà, le premier ministre semble vouloir régler plusieurs dossiers dans le secteur de la santé.

Également président du Conseil de la fédération, l’élu de la Coalition avenir Québec martèle depuis des mois que le fédéral doit augmenter sa part des dépenses en santé. Son homologue Justin Trudeau répète qu’il est trop tôt pour en parler.

«À ce moment-ci, l’important c’est d’aider les canadiens qui ont des besoins maintenant», avait signifié le premier ministre du Canada en décembre.

Ces sommes éventuelles, François Legault veut les utiliser pour améliorer les soins de longue durée, un secteur où «on aurait pu faire mieux» durant la pandémie, convenait-il en début de semaine dernière. Dans son plan de relance des infrastructures, le gouvernement du Québec prépare la réfection ou la construction d’une soixantaine de maisons pour aînés et de CHSLD.

Le ministre québécois de la Santé, Christian Dubé, a aussi à l’œil la reprise des activités chirurgicales. Au début de l’année, le nombre de Québécois en attente d’une chirurgie dépassait les 130 000. M. Legault soutient que les activités de délestage n’ont pas fait de victime collatérale depuis mars 2020.

L’environnement à l’agenda

Mis à l’écart durant la pandémie, l’enjeu des changements climatiques risque lui aussi de faire du bruit dans les prochains mois.

Selon les plus récents recensements, Québec a réduit sa production de gaz à effets de serre d’environ 6% depuis 1990. Si elle souhaite remplir ses objectifs pour 2030 (37,5%), la province devra faire six fois mieux sur dix ans.

Le ministre de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques, Benoit Charette, affirme avoir la réponse. L’automne dernier, il présentait son «plan vert», attendu dans la sphère environnementale.

Or, le Plan pour une économie verte ne prévoit que la moitié des mesures qui permettront au Québec d’atteindre ses objectifs de réduction. Benoit Charette maintient qu’il veut faire grimper cette proportion annuellement.

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