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Des soins réduits en cas de débordement des hôpitaux

Photo: Archives

Québec a dévoilé en fin d’après-midi son «Guide pour la priorisation et la gestion des hospitalisations en courte durée en contexte de pandémie» qui pourrait baisser le niveau de soins donnés aux malades si les hôpitaux venaient à déborder. «Au lieu de donner un soin A+ à tout le monde, l’idée du plan de contingence dans le réseau de la santé serait de donner des soins B à plus de gens», a expliqué la Dre Lucie Opatrny en conférence de presse. Ce guide est d’une durée de quatre à six semaines.

Mme Opatrny a dit vouloir donner de «l’agilité et de l’innovation au réseau». Malheureusement, le guide manque de détails. La sous-ministre Opatrny a donné quelques précisions aux médias lors d’un breffage technique. Le premier axe qui s’appliquera précise de «ne plus essayer de retenir le virus de rentrer dans les établissements de santé».

Les trois autres axes prévoient d’autres mesures, mais celles-ci ne seraient appliquées que si la situation devenait hors de contrôle. Il s’agit de s’assurer de la pertinence des hospitalisations (2), de soigner hors hôpital les patients qui n’ont pas besoin de surveillance clinique ou de soins spéciaux et de faire appel aux proches pour le faire et à des volontaires (3), et de redéfinir la qualité minimale des soins (4).

Baisser le niveau de soins, ce n’est pas ce qu’on apprend à l’école de médecine, mais on pourrait peut-être en arriver là.

Le Dr Hoang Duong, président de l’Association des spécialistes en médecine interne du Québec

Préoccupant pour les droits des patients

L’avocat spécialisé en santé Patrick Martin Ménard juge que ce serait une «une grave erreur pour le gouvernement que d’emprunter cette voie-là». Pour lui, ce guide reste préoccupant notamment en vertu de la Loi sur les services de santé et les services sociaux, qui stipule que «toute personne a le droit de recevoir des soins adéquats à la fois sur des plans scientifiques et sociaux avec continuité et de façon sécuritaire».

«S’attaquer à la qualité des soins, c’est s’attaquer aux fondements de ce principe-là. […] On en vient à dire qu’on va changer complètement de paradigme, on va tolérer la présence de la COVID, on va mettre des patients infectés ou suspectés d’être infectés avec des patients triplement vaccinés. On va tolérer un niveau de risque que l’on ne tolérait pas avant.»

Benoit Barbeau, virologue à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), explique qu’on manque d’informations pour se prononcer précisément sur ce Guide de priorisation. «Je ne sais pas ce qu’il [ministère de la Santé] envisage, on a déjà parlé de la diminution de l’isolement des gens infectés de 10 à 5 jours, et devant l’importance de la situation, dire que le virus peut circuler, mais loin des endroits à risque, je ne sais pas exactement où il veut s’en aller. […] À moins d’avoir d’autres détails, c’est la pire chose.»

Le Collège des médecins et la Fédération des médecins spécialistes du Québec, de même que le Regroupement provincial des comités des usagers, n’ont pas souhaité ou pu émettre de commentaires pour l’instant.

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