COVID-19: pendant ce temps, l’équité salariale n’a pas été payée
Les syndicats des travailleuses et travailleurs de la santé et des services sociaux somment le ministre Dubé de mettre fin à son retard de paiement lié à l’entente du maintien de l’équité salariale et d’annoncer la date pour les paiements dus. Plus de 100 000 travailleuses (principalement des femmes) du réseau de la santé seraient impactées par ces retards de paiement.
Des ententes avaient été signées entre le gouvernement et les différents syndicats, à différents moments au cours de l’année 2021, concernant le maintien de l’équité salariale. Alors qu’un délai de six mois était imposé au gouvernement pour le règlement de ces sommes, aucun paiement n’a été perçu dans le cadre de ces ententes. Des milliers de personnes travaillant dans le secteur de la santé sont ainsi en attente des milliers de dollars par personne qui leur sont dus.
Les retards de paiement liés au maintien de l’équité salariale accumulés par le gouvernement vont de trois mois à près de six mois pour certains secteurs, selon les syndicats. Pour certaines personnes, les sommes dues vont de quelques milliers de dollars à près de 50 000 $.
«En pleine sixième vague de COVID-19, la patience des travailleuses et des travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux a atteint ses limites, ont déclaré les porte-paroles syndicaux. On leur demande encore de fournir des efforts dans le cadre de la pandémie et on n’est pas en mesure de leur donner leur dû.»
Les versements d’équité salariale sont censés répondre au fait que les secteurs d’emploi traditionnellement féminins sont historiquement sous-payés. Tous les cinq ans, les employeurs doivent examiner le plan d’équité salariale déjà élaboré et effectuer des ajustements rétroactifs en fonction de l’évolution de la valeur des emplois.
Le Conseil du trésor a quant à lui affirmé à Métro que le gouvernement et les services de paie sont «à pied d’œuvre» pour verser les correctifs salariaux dans «les meilleurs délais possibles». Le ministère justifie ses retards à cause du nombre de travailleuses et travailleurs concernés.
«Avec des ententes d’une telle ampleur, il y a un enjeu administratif important. Les délais de traitement sont plus longs que ce qui était initialement prévu, mais il est nécessaire d’appliquer un processus rigoureux de calcul et de versement de correctifs d’équité salariale afin d’éviter les erreurs», affirme le ministère.
Un gouvernement qui «joue sur deux tableaux»
Pour l’économiste et professeure titulaire à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal Marie-Thérèse Chicha, le gouvernement envoie un message contradictoire. Alors qu’il cherche à attirer de plus en plus de travailleurs dans le secteur de la santé, le gouvernement se tire une balle dans le pied en étant en déficit de paiement.
Il ne faut pas sacrifier l’équité salariale et d’un autre côté faire semblant qu’on améliore les conditions de travail du personnel de la santé avec des petites mesures à gauche et à droite.
Marie-Thérèse Chicha
Selon elle, ces retards risquent de créer un sentiment de frustration et d’injustice chez les travailleuses qui tardent à recevoir les sommes qui leur sont dues. Elle-même avait présidé il y a 25 ans le comité ayant préparé le projet de loi sur l’équité salariale. Elle se souvient des frictions que l’équité salariale avait pu créer du côté des gouvernements.
«Dès que la loi est entrée en vigueur, il y avait une grande résistance de la part du Conseil du trésor. […] Le gouvernement est un grand employeur de femmes, notamment dans le domaine de la santé. Donc les sommes qui devaient être déboursées leur paraissaient trop élevées», dit-elle.
La FSSS-CSN, le SQEES-FTQ, le SCFP, l’APTS et la FP-CSN se sont ainsi regroupés pour rappeler au gouvernement de «respecter ses engagements».