Québec présente ses excuses 20 ans après le décès de Gladys Tolley
Lors d’une cérémonie de réconciliation tenue à huis clos à Kitigan Zibi, le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, a présenté ses excuses à la famille de Gladys Tolley. Cette femme Kitigan Zibi Anishinabeg avait été happée mortellement par une autopatrouille de la Sûreté du Québec (SQ) en 2001 sur le territoire de la réserve, en traversant la route 105.
Des représentants du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et du ministère de la Sécurité publique étaient aussi présents. C’est l’avocat d’une des filles de la victime qui, en décembre dernier, a contacté le ministère pour effectuer cette cérémonie. Ce dernier lui a répondu favorablement en février dernier.
Un aîné autochtone a d’abord ouvert la cérémonie, puis des chants autochtones à l’intention de Gladys Tolley ont suivi. Le ministre a par la suite présenté ses excuses aux proches de Gladys.
Enquête controversée, communication absente
Aucun agent de la SQ n’avait été inculpé dans ce cas. Le SPVM avait mené l’enquête policière sur l’événement, concluant qu’il s’agissait d’une mort accidentelle.
Les agissements de la SQ et du SPVM ont toutefois fait l’objet de plusieurs reproches. Selon divers reportages produits au cours des années, la SQ avait notamment déplacé des éléments de la scène de crime avant l’arrivée des enquêteurs du SPVM, y compris le corps de Gladys Tolley, ce qui contrevient aux procédures normales d’enquête. Le frère du conducteur du véhicule avait aussi participé au transfert du dossier de la SQ vers le SPVM.
Puis, selon la fille aînée de Gladys Tolley, Shirley Tolley, sa sœur a dû se battre ardemment pour se faire entendre et obtenir le rapport de police. Elle explique que sa soeur aurait dépensé près de 1000 $ pour l’obtenir.
«On a été laissées dans l’ombre. […] Ça a pris beaucoup de temps à ma sœur pour avoir le rapport de police», explique Shirley Tolley.
«Pendant que ma famille et ma communauté pleuraient notre perte tragique, j’ai dû me battre pour la dignité de ma mère, pour que nous soyons traités comme des êtres humains, pour obtenir des réponses sur ce qui s’était passé. Je suis ravie d’être enfin entendue», a déclaré plus tôt dans la semaine sa sœur Bridget.
Ce qui a notamment peiné la famille est le manque de communication de la part des autorités pendant l’enquête.
Début d’une réconciliation
De son côté, le SPVM présente ses condoléances à la famille et reconnaît le manque de communication.
«Le SPVM présente ses excuses à la famille de Mme Gladys Tolley et reconnaît qu’il y a eu un manque de communication avec la famille de la victime dans le cadre de cette enquête, déclare le SPVM. Le SPVM est conscient de l’importance d’assurer un accompagnement privilégié des familles des victimes et assigne désormais un sergent-détective à cette fin», écrit le corps policier à la suite d’une demande de Métro.
Pour Shirley Tolley, ces excuses montrent une avancée dans le processus de réconciliation. Elle se réjouit de voir les autorités communiquer davantage avec les communautés autochtones.
«Je ne dis pas que nous allons oublier, mais c’est un pas dans la bonne direction, dit-elle. Je pense que maintenant, je peux aller de l’avant.»
Elle déplore cependant que le ministre des Affaires autochtones de l’époque, Guy Chevrette, n’ait pas été présent lors de l’événement.
Que tu t’excuses ou que tu me donnes un million de dollars, ça ne va pas me ramener ma mère.
Shirley Tolley
Plus tôt dans la semaine, sa soeur Bridget a fait part de son émotion quant à la venue du ministre.
«Après deux décennies de travail avec peu ou pas de réponse des autorités, je suis toujours sous le choc de recevoir des excuses», a déclaré mardi la soeur de Shirley, Bridget Tolley.