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Cancer du sein: moins de mortalité, mais encore trop d’inégalités dans le dépistage

Photo: iStock

Le taux de mortalité lié au cancer du sein a chuté de 40% dans les trente dernières années. L’avancée de la médecine vers une approche de plus en plus personnalisée et l’augmentation des dépistages y sont pour quelque chose. Malheureusement, les Québécoises ne sont pas égales face à l’accès au dépistage et aux soins.

En 2021, l’Organisation mondiale de la santé a déclaré que le cancer du sein était le cancer le plus diagnostiqué au monde. Cela s’expliquerait en partie par l’augmentation des diagnostics à travers le globe. Au Québec, 1 femme sur 8 va avoir un cancer du sein et 1 sur 34 va en mourir.

La présidente-directrice générale de la Fondation cancer du sein du Québec, Karine-Iseult Ippersiel, rappelle l’importance de faire un dépistage le plus tôt possible pour augmenter les chances de survie. Elle souligne la nécessité pour les femmes, même celles âgées de moins de 49 ans, de connaître leur corps pour détecter tout changement suspect et de se faire dépister par la suite.

La PDG de la Fondation cancer du sein du Québec déplore aussi un manque de données à jour au sujet du cancer du sein. «Si on n’arrive pas à avoir de données pour comprendre où sont les problématiques, c’est très difficile de régler le problème», explique-t-elle.

Des inégalités géographiques

Le dépistage, bien que crucial, ne reste pas chose facile dans certaines régions du Québec. Une femme d’Abitibi-Témiscamingue n’aura ainsi pas le même accès au dépistage qu’une Montréalaise.

Karine-Iseult Ippersiel dénonce en effet une «iniquité» d’une région à une autre. Les délais d’attente iraient de trois semaines en Gaspésie jusqu’à 27 ou 28 semaines en Outaouais. Conséquence de ces délais d’attente, nombre de femmes vont dans les grands centres urbains comme Montréal, où les délais sont moindres, au risque de saturer les capacités des centres hospitaliers de la métropole.

«Il va falloir mieux penser les solutions avec les régions, car ne on peut pas envoyer tout le monde dans les grands centres urbains, dit-elle. Une femme en Abitibi ne peut plus aller en Outaouais, car ils ne sont plus capables d’offrir les services, donc elle doit venir à Montréal pour de la radiothérapie.»

Au-delà de l’accès au dépistage, l’accès aux soins serait aussi variable d’une région à une autre. La nécessité de se déplacer et les temps de trajet deviennent alors des contraintes importantes pour ces femmes.

On a maintenant des femmes qui décident de ne pas faire leur radiothérapie parce que de l’Abitibi-Témiscamingue jusqu’à Montréal, c’est loin, ça veut dire une semaine ou dix jours, à cinq ou sept heures de chez soi.

Karine-Iseult Ippersiel

Une médecine de plus en plus personnalisée

L’approche thérapeutique classique du cancer du sein (dépistage, chirurgie, radiothérapie puis traitements systémiques) laisse désormais place à une approche plus personnalisée.

«De nos jours, on peut commencer par la chimiothérapie ou par l’hormonothérapie, et ensuite, on fait la chirurgie, explique le chirurgien oncologue à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont Lucas Sidéris. En 2022, il faut avoir l’esprit très ouvert sur les outils thérapeutiques et les séquences thérapeutiques, c’est ce qu’on appelle la médecine personnalisée.»

Désormais, l’approche thérapeutique s’adapte à la patiente et à sa tumeur. Le développement des traitements dits «ciblés» permet dans certains cas de contrer les effets secondaires de traitements peu ciblés ou «systémiques» comme la chimiothérapie.

«Il existe une panoplie de traitements ciblés qui nous permettent d’avoir de meilleurs résultats et qui sont des avancées majeures dans le domaine, explique le radio-oncologue Israël Fortin. En radiothérapie, on a des traitements qui sont plus focalisés, plus forts et plus courts et on prend les moyens pour limiter les toxicités pour la patiente.»

Il y a trente ans, il y avait deux ou trois sortes de traitements. Aujourd’hui, quand une patiente rencontre un médecin oncologue, il y a au moins 50 à 80 possibilités de traitements, d’où la médecine personnalisée, et ce, à cause des multiples cibles thérapeutiques qui se sont multipliées.

Dr Lucas Sidéris, chirurgien oncologue à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont

Selon le Dr Sidéris, une piste prometteuse, qui devrait prochainement être utilisée pour le cancer du sein, est l’utilisation de la biopsie liquide. Cette technique permet de déterminer le risque métastatique d’une patiente grâce à une prise de sang. Par la suite, il est plus facile de décider si un traitement préventif toxique comme de la chimiothérapie est nécessaire ou non.

Il ne s’agit ainsi plus de réfléchir uniquement au type de traitement à préconiser, mais d’examiner à «qui le donner et quand le donner», dit le Dr Sidéris. «C’est une médecine encore plus ciblée […] on est vraiment très précis», ajoute-t-il.

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