«Confusion et frustration»: le syndicat des fonctionnaires ne veut pas du retour au bureau
Imposer un retour au bureau à temps partiel aux fonctionnaires fédéraux représente une «décision unilatérale et sans consultation», dénonce l’Alliance de la Fonction publique du Canada. D’ici la fin mars, entre 40 à 60% des membres du syndicat devront adopter le travail en mode hybride.
«Ça ne fait pas le bonheur de tout le monde, admet le vice-président directeur régional pour le Québec de l’Alliance de la Fonction publique du Canada, Yvon Barrière. Au-delà des principes de santé et de sécurité, il y a plein de points positifs à travailler de la maison. Le travail est aussi efficace, sinon meilleur, parce que les gens travaillent davantage puisqu’ils prennent des pauses plus courtes et mangent devant leur ordinateur».
Le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), Michel Leblanc, se dit quant à lui «tout à fait d’accord» que le Conseil du trésor a pris la décision «de sorte qu’il y ait une cohérence» au sein de tout l’appareil fédéral, plutôt que de procéder par organisme comme c’est le cas pour le retour des travailleurs provinciaux.
Les entreprises privées du centre-ville étaient, elles, pour la plupart déjà de retour avec des journées obligatoires, «on était rendu la, c’est évident», ajoute-t-il, tout en précisant que le fédéral a été «l’institution la plus lente» à ordonner un retour en présence. Ultimement, le travail au bureau redeviendra la norme, avec une possibilité de faire du travail à la maison, plutôt que l’inverse, espère-t-il.
Une flexibilité doit être donnée aux employés qu’on force à revenir, considère toutefois M. Leblanc. Par exemple, en leur offrant la possibilité de décaler leur arrivée et départ pour mieux suivre leur horaire personnel.
Décision économique?
Le rôle des chambres de commerce a été évoqué par le syndicat des fonctionnaires comme hypothèse expliquant la décision du Conseil du trésor d’imposer le retour au travail dans les bureaux. «On se demande si le gouvernement fédéral n’a pas fléchi devant les différentes chambres de commerce d’Ottawa, de Montréal et de Gatineau qui souhaitaient toutes un retour des travailleurs au bureau, mais il n’y a pas eu de consultations, donc difficile d’avoir l’heure juste.»
Ce rôle est pleinement assumé par M. Leblanc, qui affirme avoir demandé aux gouvernements municipal, provincial et fédéral d’adopter l’approche qu’a prise le Conseil du trésor. «Le gouvernement est responsable de sa décision, mais c’est vrai qu’on l’a demandé», soutient-il, tout en ajoutant que depuis plusieurs mois, la CCMM préconise un retour à trois jours par semaine, plutôt que deux.
Selon les sondages menés par la CCMM, les travailleurs qui sont de retour au centre-ville prévoient y dépenser en moyenne 106$ pendant une semaine. Ce chiffre était assez proche à 111$ avant la pandémie. Le fait que les travailleurs fédéraux ne reviennent obligatoirement que deux jours par semaine ne devrait pas trop diminuer leurs dépenses effectuer, prévoit-il. Selon les études de la CCMM, les travailleurs effectueront simplement plus de sorties en moins de jours.
Contrairement à la CCMM, Montréal centre-ville n’est pas convaincu d’un grand potentiel économique du retour des travailleurs de la fonction publique fédérale. «Ils ne représentent que 3% à Montréal puisqu’ils sont situés principalement à Gatineau et Ottawa, donc on ne s’attend pas à un plus grand achalandage ni à un impact économique important. Il faut rappeler que ce sont les résidents du centre-ville, les touristes, les étudiants et les travailleurs qui restent dans le centre-ville qui remplissent nos restaurants et qui ont un plus grand impact».
Hors de l’impact sur les commerces, la CCMM pense que le retour au bureau permettra aussi un impact au sein même des entreprises. Elle affirme qu’une présence au bureau augmente la productivité et le sentiment d’appartenance des employés, en facilitant les tâches en groupe et les moments de socialisation.
En collaboration avec Alexis Drapeau-Bordage