Cigarettes: la hausse de la taxe fait tousser un géant du tabac
La décision de Québec d’augmenter la taxe sur les cigarettes fait tousser le leader de la production de tabac canadien Imperial Tobacco Canada.
Québec a annoncé hier qu’il taxera davantage les produits dérivés du tabac, dans le but de faire diminuer le nombre de fumeurs dans la province. Ces derniers devront, à compter du 9 février, débourser 8 $ de plus par cartouche de 200 cigarettes.
«La consommation de tabac demeure un important problème de santé publique au Québec, et la taxation de ces produits constitue l’une des meilleures mesures dans la lutte contre le tabagisme, particulièrement chez les jeunes», a fait valoir le ministre de la Santé, Christian Dubé.
En réaction à cette mesure, Imperial Tobacco Canada a fait part de son mécontentement. Plus qu’un moyen efficace d’inciter la population à ne pas fumer, l’entreprise y voit un «un cadeau pour les contrebandiers de tabac» et estime que Québec n’a pas anticipé «les impacts négatifs qu’une telle augmentation peut entraîner».
Un cadeau pour les contrebandiers
«Nous comprenons que le gouvernement du Québec souhaite implanter des mesures supplémentaires afin d’atteindre son objectif de réduction du taux de tabagisme à moins de 10% d’ici 2025, mais nous sommes déçus de la stratégie adoptée pour y arriver», a dénoncé Éric Gagnon, vice-président des affaires juridiques et externes chez Imperial Tobacco Canada.
Le géant du tabac estime qu’au regard de l’actuel contexte d’inflation et de pression financière sur les ménages, la mesure ne fera qu’encourager les fumeurs à se tourner vers les produits issus de la contrebande, «non taxés et non réglementés». La hausse de la taxe sur la cigarette, première à survenir depuis 2014, viendrait ainsi alimenter «une industrie gérée par le crime organisé».
«Il a pourtant été prouvé à maintes reprises dans le passé que l’augmentation abrupte des taxes a une incidence directe sur l’augmentation de la contrebande de tabac. Après 10 ans de stabilité au Québec, une telle augmentation ne peut que stimuler le commerce illégal», alerte Imperial Tobacco Canada, saluant toutefois le travail du gouvernement dans la lutte contre la contrebande.
Le groupe cite l’exemple de la Colombie-Britannique, où le taux de contrebande de tabac aurait triplé après une hausse de cette même taxe de 44%. Afin d’éviter de stimuler ce commerce illégal, l’entreprise recommande une «taxation progressive et modérée», plutôt que des mesures jugées «drastiques».
Promouvoir les alternatives moins nocives
Pour que Québec parvienne à atteindre ses objectifs, Imperial Tobacco Canada estime que le gouvernement aurait tout intérêt à mieux informer les consommateurs de tabac sur les options moins nocives disponibles, comme le vapotage.
«Santé Canada a récemment déclaré que de passer au vapotage de la nicotine est moins nocif que de continuer à fumer des cigarettes. Le gouvernement du Québec devrait donc s’assurer que les produits de vapotage demeurent abordables et accessibles», soutient le groupe.
Il s’agit selon ce dernier d’une «solution simple, qui a déjà prouvé ses bienfaits sur la santé publique dans de nombreux pays».
Rappelons qu’environ 13 000 personnes succombent des effets du tabac chaque année au Québec. Les coûts de santé découlant de sa consommation s’élèvent à 3,8 milliards de dollars par an.