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Les leçons de la diète Dollarama

Photo: Denis Beaumont/Métro

S’inspirant du documentaire Super Size Me, notre journaliste s’est lancé le défi de ne manger que des produits Dollarama pendant une semaine. Son objectif: voir s’il est possible de faire du bien à son portefeuille et à son estomac en même temps. C’est maintenant l’heure du bilan.

Impossible!

Impossible de relever le défi et de répondre aux objectifs nutritionnels fixés par Geneviève Nadeau, la nutritionniste qui me
coachait. Pourtant, Dollarama offre plusieurs produits très intéressants, tant d’un point de vue monétaire que nutritionnel. L’expérience a tout de même été riche en leçons. Voici les principales.

  1. Échec nutritionnel. Pour manger de façon équilibrée, je devais notamment ingérer 72 g de protéines sans faire grimper ma consommation de sodium au-delà des 2300 mg. «Une diète trop riche en sodium durant une longue période provoque notamment de l’hypertension», indique la nutritionniste Geneviève Nadeau. Même la journée où j’ai mangé un petit déjeuner équilibré et évité les plats préparés aux deux repas suivants, j’ai échoué : 69 g de protéines et 2 876 mg de sodium. Et ne parlons pas des fibres! Cela dit, je n’ai jamais été malade, même quand j’ai mangé les palourdes chinoises! La nutritionniste recommanderait à Dollarama de proposer des légumes sans sel ajouté et des fruits conservés dans leur jus et non dans du sirop.
  2. Mal manger sans le savoir. Avant le début du défi, la nutritionniste m’avait demandé de noter en détail tout ce que je mangeais pour évaluer ma diète normale. Bilan : 7/10. Même si je fais des efforts pour bien manger (même ma pizza est bio!), les fruits et légumes ne sont pas assez présents dans mon alimentation. Pourtant, avec mes 5 portions, j’étais persuadé du contraire. «Pour un homme de 19 à 50 ans, il faut de 8 à 10 portions de fruits et de légumes par jour», explique Geneviève Nadeau. Selon les données du Directeur de santé publique (DSP), les deux-tiers des Montréalais ne mangent pas leur ration journalière de fruits et légumes. Le DSP ne peut cependant pas dire quel portion d’entre eux croyaient pourtant bien faire.
  3. Certains n’ont pas le choix. À Montréal, en 2012, de 18 % à 20 % des Mont­réalais ont vécu de l’insécurité alimentaire, selon le DSP. «C’est quand même beaucoup», note Lise Bertrand, nutritionniste pour le Directeur de santé publique. Cette dernière ne croit tout de même pas que les plus pauvres s’approvisionnent exclusivement au Dollarama pour manger. Alors que je suivais ma diète, il m’a été impossible d’atteindre la ration de fibres requise en mangeant des fruits et légumes en conserve. Or, à Montréal, 42 % des habitants n’ont pas accès à des fruits et légumes frais à distance de marche (500 m). Ce sont dans les quartiers pauvres, où le taux de motorisation est plus faible, que cet accès restreint a le plus d’impact.
  4. La question des ingrédients. Au cours de mon défi, ma tentative de bouillabaisse Dollarama a été désastreuse. Un chef aurait-il été capable de sublimer des ingrédients médiocres? Bob le Chef a tenté de relever le défi en créant un repas avec les mêmes ingrédients Dollarama. Plat principal : soupe du pêcheur avec tomates en dés broyées, palourdes chinoises et sardines, et deux croûtons nappés d’un pesto d’olives et d’amandes concassées. Si les croûtons sont excellents, la soupe est bien trop salée, note Bob le Chef, qui n’a pourtant ajouté aucun sel. Il se donne 5 sur 10. Conclusion : la qualité des ingrédients joue un rôle plus important qu’imaginé.

Les secrets de Dollarama

Manger six jours en n’achetant qu’au Dollarama a coûté 49 $. En comparaison, le même panier aurait coûté 29,05 $ de plus chez Métro, soit 59 % plus cher. Plusieurs explications sont avancées.

«L’enseigne ne vendant pas de produits frais, elle n’a pas besoin de payer de bouchers ou de boulangers, n’enregistre que très peu de pertes de produits et n’a pas besoin de disposer de coûteux réfrigérateurs», note Joanne Labrecque, professeure en commerce de détail chez HEC Montréal.

Dollarama fait aussi plus souvent affaire avec la Chine. Sur la quarantaine de produits que nous avons achetés, seulement le tiers venaient du Canada. L’enseigne achèterait aussi parfois des fins de stock, moins chères, ce que n’a pas confirmé l’entreprise.

Attention aussi aux conserves cabossées. Nous en avons vu plusieurs au Dollarama du Village gai. Les microfissures qui peuvent être occasionnées entraînent un risque de contamination des aliments.

On ne retrouverait pas cette problématique dans d’autres supermarchés, selon Mme Labrecque. «Le consommateur regarde le prix, mais il faut aussi regarder le reste, notamment la variété, la fraîcheur, l’expertise et les techniques d’acheminement des produits. Le service, ce n’est pas juste à la caisse enregistreuse qu’il est offert», dit-elle. Vérification faite, nous avons aussi trouvé des conserves cabossées dans deux supermarchés de bonne réputation.

L’entreprise Dollarama n’a pas voulu nous accorder d’entrevue. Elle précise toutefois par courriel que son offre alimentaire est vue comme complémentaire.

«Notre plateforme d’approvisionnement direct bien établie est un avantage concurrentiel clé», ajoute l’entreprise, qui précise qu’elle a mis sur place des contrôles stricts concernant la qualité de ses approvisionnements.

Le défi en un clin d’œil

Les recettes
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Les produits
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