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Mont-Tremblant championne des accidents

Photo: Olivier Morin/Archives TC Média
Stéphanie MacFarlane - TC Média

Qu’ont en commun Mont-Tremblant, Joliette, Sainte-Agathe-des-Monts et Saguenay? C’est dans ces municipalités que le nombre d’accidents de la route est, toutes proportions gardées, le plus élevé au Québec, révèle une enquête inédite réalisée par TC Média.

La ville de Mont-Tremblant, avec ses 9 430 résidants (en 2012) et 2 millions de visiteurs annuellement, trône au sommet du palmarès, avec le plus haut taux d’accidents moyen des 7 dernières années dans la Belle province, soit 34,48 accidents par 1 000 habitants.

Les municipalités de Joliette (31,29), Sainte-Agathe-des-Monts (27,71), Saguenay (27,30) et La Tuque (26,05) complètent le top 5. (Pour voir les statistiques de toutes les régions en détails, cliquez ici.)

Des données intéressantes et fiables, selon Jean-Marie De Koninck, président de la Table québécoise de la sécurité routière et professeur au département de mathématiques et de statistiques à l’Université Laval. «Il faut toutefois regarder les raisons et les circonstances, précise-t-il. Il y a entre autres le tourisme et la présence de camions, pas parce que les camionneurs sont de mauvais conducteurs, mais bien parce que les accidents qui impliquent les camions sont généralement plus gra­ves. Et il faut aussi avoir des données à long terme pour dégager une tendance, pas sur une ou deux années.»

Routes à double sens, courbes prononcées et vieilles routes sont au nombre des facteurs qui peuvent expliquer que certaines municipalités aient un lot d’accidents plus élevé, fait valoir M. De Koninck.

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Reconnue pour être un haut lieu de collisions au Québec, Montréal se retrouve au 107e rang (sur 180) avec un taux de 13,51 accidents par 1 000 habitants, soit loin derrière la ville de Québec, qui arrive au 59e rang du palmarès de TC Média, avec une moyenne de 19,58 accidents par 1 000 habitants.

Reste que la métropole est, en nombre absolu, le territoire où il se produit le plus d’accidents. Entre 2006 et 2012, 164 152 accidents sont survenus à Montréal.

À l’inverse, c’est à Pointe-Calumet, dans les Laurentides, qu’on dénombre le moins d’impacts (138) en 7 ans.

Accidents Québec

Du côté des collisions mortelles, c’est à Princeville, dans le Centre-du-Québec, qu’il y a eu le plus de décès par habitant entre 2006 et 2012. Pas moins de 17 personnes ont perdu la vie en 7 ans dans cette municipalité de 5 650 âmes, soit une moyenne de 0,4 décès par 1 000 habitants. La municipalité de Les Cèdres, en Montérégie, prend la secon­de position de ce funeste palmarès avec 0,37 mort par 1 000 habitants.

Enfin, c’est à Saint-Félix-de-Valois, dans Lanaudière, que le taux de victimes (incluant les morts, les blessés légers et graves) est  le plus élevé au Québec avec 11,19 par 1 000 habitants, suivi de près par Carignan (10,48) et La Tuque (10,47). Montréal a l’habitude de se démarquer avec le nombre d’accidents et elle se distingue aussi du côté des victimes. Entre 2006 et 2012, 56 830 personnes ont subi des blessures dans un accident de la route.

Un accident, plusieurs causes
Une collision grave n’est jamais le résultat d’une seule cause, fait valoir la Sûreté du Québec (SQ).

Parmi les principales raisons relevées au début des années 2000 pour expliquer un accident grave, le facteur humain représentait 85 %, environ 5 % la mécanique et environ 10 % la cause environnementale, soit la météo et la configuration des lieux.

«Aujourd’hui, le facteur humain est pratiquement rendu à 95 %, souligne le sergent Ronald McInnis, porte-parole de la SQ. Les routes sont conçues pour être de plus en plus sécuritaires et les véhicules aussi. C’est pour ça qu’on cible les comportements à risque [cellulaire, vitesse, alcool, fatigue, ceinture], c’est la cause première de nos collisions.»

Malgré tout, le bilan routier au Québec est en cons­tante amélioration depuis sept ans. Le nombre d’accidents est passé de 140 969 à 104 070 en 2012, une baisse de 26,18 %. Le nombre de victimes, incluant les morts, a, quant à lui, connu une diminution de 21,66 % pour s’établir à 39 541 l’an dernier. Cette tendance à la baisse est d’autant plus marquée du côté des décès. En 2006, 720 person­nes ont laissé leur vie sur les routes du Québec, contre 436 en 2012, une chute de 39,4 %.

«Le bilan s’améliore depuis les dernières années, mais pour nous, un mort, c’est toujours un mort de trop.», conclut le sergent McInnis.

Déterminer les lieux accidentogènes

Depuis quelques années, le Ministère des transport du Québec (MTQ) publie annuellement une liste des sites à potentiel d’amélioration.

Seulement pour cette année, une quarantaine d’endroits ont été ciblés, dont la route 117 en Abitibi, la 185 à Dégelis, dans le Bas-Saint-Laurent, et la route 148 à Pontiac, en Outaouais.

Le but? Améliorer le bilan routier. «Un site à potentiel d’amélioration est un site à dimension restreinte qui a été le lieu d’accidents mortels, d’accidents graves ou d’un nombre anormalement élevé d’accidents qui peut être réduit de manière efficace par l’intervention sur l’infrastructure», mentionne Sarah Bensadoun, porte-parole du MTQ. Pour l’année 2012-2013, le ministère a investi plus de 276 M$ dans la réalisation de projets qui visent la correction des sites à potentiel d’amélioration, précise-t-elle.

Mme Bensadoun explique que pour déterminer ces endroits, «le ministère doit localiser précisément tous les accidents qui sont survenus sur son réseau et qui ont fait l’objet d’un rapport de police. Concrètement, les analyses tiennent compte de plusieurs facteurs, dont le débit de circulation, le type d’infrastructures, la vitesse, le type de milieu et la topographie des lieux. Pour quantifier le niveau de risque d’un site, le MTQ regarde trois critères : la gravité, la fréquence et le taux d’accidents.»

Le président de la Table québécoise de la sécurité rou­tière, Jean-Marie De Koninck, note toutefois que la responsabilité revient aux conducteurs, pas à la Sûreté du Québec, à la Société de l’assurance automobile ou au MTQ. «Le responsable, c’est soi-même, affirme-t-il. Il ne faut pas consommer d’alcool, ne pas s’endormir, ne pas utiliser de cellulaire au volant. Il faut aussi savoir dans quoi on s’embarque. Je ne conduirais pas sur la route du Nord le soir ou la nuit. Le risque d’accident est plus fort.»

Bilan Routier

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Priorité aux jeunes et à l’alcool
Des peines plus sévères imposées aux jeunes chauffards et un dépistage systématique des conducteurs dans les barrages routiers sont du nombre des nouvelles recommandations qui seront déposées à l’automne par la Table québécoise de la sécurité routière, a appris TC Média.

Le groupe de travail réunissant une quarantaine d’organismes planche actuel­lement sur la réalisation d’un troisième rapport qui comptera entre 20 et 30 recom­mandations et qui sera déposé cet automne, quatre ans après la publication du deuxième document.

Parmi les points auxquels la Table s’intéresse, figure l’article 233 du Code de procédure pénale du Québec qui limite à 100 $ l’amende totale pouvant être émise à un mineur. Une aberration, juge Jean-Marie De Koninck, le fondateur de l’Opération Nez rouge et président de la Table. «On veut interpeller pour faire changer ça. Ça n’a pas de bon sens. C’est pratiquement un incitatif pour les jeunes», déclare celui qui est aussi professeur au département de mathématiques et de statistiques à l’Université Laval.

Selon cette disposition légale, un conducteur âgé de moins de 18 ans ne peut recevoir une contravention de plus de 100 $, même s’il commet, entre autres, un grand excès de vitesse (GEV). À titre d’exemple, un automobiliste surpris à rouler 180 km/h dans une zone de 100 km/h reçoit un constat d’infraction de 1 277 $, sauf s’il est mineur. «Ça n’a pas de sens! Les jeunes sont les plus concernés par la vitesse», ajoute M. De Koninck.

Dans son premier rapport publié en juin 2007, la Table avait recommandé au gouvernement de sévir contre les automobilistes surpris à faire un GEV. Une mesure qui a été mise en place dès le 1er avril 2008.

Le président a révélé par ailleurs que la Table songe aussi à l’idée de suggérer un dépistage systématique à tous les conducteurs qui passent dans un barrage policier pour contrer l’alcool au volant. «Pour les vrais alcooliques qui sont sous l’effet de l’alcool, ça ne paraît pas. Il semble que la moitié des conducteurs fautifs passe le barrage sans se faire prendre», note Jean-Marie De Koninck. Il souhaite donc que le Québec emboîte le pas à l’Australie et à l’Angleterre et que chaque automobiliste, dont l’aptitude de conduite est vérifiée dans un barrage, soit soumis à l’appareil de détection approuvé, l’outil qui permet aux policiers de détecter la présence d’alcool dans l’organisme.

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