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Élections: le PQ fait durer le suspense

SAINT-MICHEL-DES-SAINTS, Qc – Réunis en retraite fermée en pleine forêt dans Lanaudière, les ministres du gouvernement Marois faisaient durer le suspense vendredi sur la possibilité de déclencher des élections cet automne.

La plupart des ministres rencontrés avant la réunion à la chic Auberge du Lac Taureau, à Saint-Michel-des-Saints, ont refusé de répondre aux questions des journalistes ou ont débité des banalités, respectant le mot d’ordre de garder le secret sur les intentions du gouvernement.

Néanmoins, le ministre des Affaires intergouvernementales, Alexandre Cloutier, a emboîté le pas au vice-premier ministre François Gendron et a indiqué qu’il n’était pas pressé de retourner en campagne électorale.

«Je vous ai dit en début de semaine que je faisais partie de ceux qui croyaient que le gouvernement du Québec avait énormément de travail à faire, qu’il y avait plusieurs chantiers importants et que moi-même, comme ministre des Affaires intergouvernementales, la défense des intérêts du Québec par rapport à Ottawa était un des sujets extrêmement chauds pour le moment», a déclaré M. Cloutier.

«Qu’on soit au travail et qu’on continue de travailler», a-t-il ajouté.

Ses collègues Maka Kotto, de la Culture, et Martine Ouellet, des Ressources naturelles, ont pour leur part renvoyé la balle aux partis de l’opposition, faisant valoir que la survie du gouvernement minoritaire dépendait de leur bon vouloir.

«Notre date de péremption repose sur l’opposition, ce n’est pas sur nous», a affirmé M. Kotto, refusant de vendre la mèche sur le contenu des discussions à l’interne.

«C’est un moment de réflexion (…) ça reste confidentiel pour l’instant», a-t-il dit.

Quant à elle, Mme Ouellet s’en est tenue à la même ligne répétée inlassablement à l’Assemblée nationale au cours des derniers jours par les députés péquistes et les ministres.

«Vous savez, les élections, ça va être le choix des oppositions», a-t-elle affirmé.

Le ministre délégué aux Régions, Gaétan Lelièvre, a de son côté admis que le gouvernement jonglait avec l’idée de lancer un appel aux urnes. Il a aussi assuré qu’il n’y avait aucun tiraillement dans le caucus à ce sujet.

«On est en réflexion et moi, je ne sens aucune division», a-t-il affirmé.

L’éventualité d’une élection anticipée figure en tête de liste de l’ordre du jour de la réunion spéciale du conseil des ministres, mais d’autres sujets sont également au programme, a précisé le whip Marjolain Dufour, citant par exemple la mise en oeuvre de la politique économique annoncée récemment.

«Ce n’est pas dit qu’on n’en parlera pas (des élections), vous savez que c’est un sujet qui est abordé, mais il y a toutes sortes de sujets à l’ordre du jour, c’est un conseil des ministres pour faire le point. (…) On est à l’aube de nos politiques industrielles, nos politiques économiques, peaufiner nos affaires pour l’emploi», a-t-il indiqué.

La première ministre Pauline Marois, sur qui repose la décision ultime de déclencher les élections si elle juge la fenêtre «ouverte», a soigneusement évité les médias, vendredi. Mme Marois a multiplié les annonces ces dernières semaines dans l’espoir de redonner un élan à sa formation. La progression du Parti québécois dans les intentions de vote et l’effondrement de la Coalition avenir Québec (CAQ) contribuent à alimenter les rumeurs de scrutin hâtif.

En avant-midi, un invité inattendu, le militant Jaggi Singh, s’est présenté à l’auberge sans être le moindrement ennuyé par la sécurité de l’établissement ou par les nombreux policiers de la Sûreté du Québec dépêchés sur les lieux pour protéger le conseil des ministres.

À la tête d’une poignée de manifestants, le militant de toutes les causes sociales est venu dénoncer la charte des valeurs projetée par le gouvernement péquiste.

Il a accusé le Parti québécois de souffler sur les braises de l’intolérance avec sa charte, qu’il qualifie de xénophobe et raciste.

«C’est dégueulasse, c’est une façon de faire de nos voisins et de nos voisines des bouc-émissaires, on est en train de dire aux personnes qui portent le hijab, le turban ou la kippa qu’elles ne peuvent pas travailler dans un grand secteur de l’économie. On voit la montée de la xénophobie (…). Ils (les péquistes) sont en train d’instrumentaliser la xénophobie et le racisme», a-t-il insisté.

Les militants — ils étaient cinq en tout — ont par la suite été escortés sans coup férir jusqu’au stationnement de l’hôtel.

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