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Grève illimitée chez Renaud-Bray à minuit

MONTRÉAL – Le personnel d’environ le tiers des 31 points de vente de Renaud-Bray au Québec entamera à minuit, samedi, une grève générale illimitée. Quelque 250 employés de 11 succursales ne seront donc pas au travail alors que s’entame la période d’achats en vue des Fêtes.

En entrevue à La Presse Canadienne, le directeur exécutif du Syndicat des employées et employés professionnels de bureau (SEPB), Serge Cadieux, a confirmé le débrayage, qui fait suite à une grève de deux jours survenue la semaine dernière dans ces mêmes succursales de la chaîne de librairies.

À Montréal, les boutiques de la rue Fleury, de l’avenue du Parc et de la Plaza Saint-Hubert seront notamment en grève. Les employés de la succursale du Carrefour Laval débrayeront eux aussi, tout comme ceux de la librairie sise sur le boulevard Taschereau, à Brossard, ou encore la succursale installée au Carrefour de l’Estrie, à Sherbrooke. Les librairies de Saint-Jérôme, Victoriaville et Saint-Bruno-de-Montarville sont aussi touchées.

Dans un communiqué publié en milieu de soirée, la direction de Renaud-Bray a fait savoir que 10 des 11 succursales touchées demeureront ouvertes avec, pour certaines, des horaires modifiés.

Selon M. Cadieux, la direction de l’entreprise refuse de discuter des questions touchant entre autres à la reconnaissance du métier de libraire, ainsi qu’à la gestion des horaires et aux salaires, et tente plutôt d’obtenir un prolongement afin de pouvoir reporter le problème à la suite de la période des Fêtes.

Au plan salarial, le syndicat demande des augmentations de 3 pour cent par année pendant trois ans, mais dit n’avoir reçu, à ce jour, aucune offre de l’employeur.

Après avoir repoussé, mercredi, une première possibilité de débrayage, le SEPB a finalement décidé d’aller de l’avant et de déclencher l’arrêt de travail.

«L’employeur n’est pas prêt à nous faire une proposition globale; nous étions en conciliation, mercredi, car nous avions donné jusqu’au 30 (octobre) pour parvenir à une entente négociée. Ce jour-là, l’employeur nous a dit qu’il n’était pas prêt à nous faire une proposition sur l’ensemble des points de la convention collective. Le conciliateur nous a alors demandé d’attendre jusqu’à [vendredi] parce que la partie patronale s’était engagée à nous faire un tel dépôt [ce jour-là], ce qu’elle n’a finalement pas fait», mentionne M. Cadieux.

Le déclenchement d’une grève à moins de deux mois de Noël n’a rien d’anodin, reconnaît le porte-parole syndical. Selon M. Cadieux, Renaud-Bray réalise «70 pour cent de son chiffre d’affaires entre la mi-novembre et la fin décembre». Le SEPB espère ainsi que l’impact potentiel du débrayage poussera l’entreprise à négocier.

«La stratégie de l’employeur est difficile à lire… En fait, Renaud-Bray est plutôt embourbée dans une stratégie de procédures judiciaires pour faire annuler des séances de négociations. J’imagine qu’ils veulent passer la période des Fêtes sans avoir l’obligation de négocier. On dénote, de notre côté, qu’il n’y a pas de négociation de bonne foi. L’employeur n’est pas en mode pour conclure les discussions sur la convention collective.»

Les employés de la chaîne de librairies sont sans convention collective depuis le 31 décembre dernier. M. Cadieux est par ailleurs formel: il n’est pas question de rentrer au travail sans avoir signé d’entente.

«Vous savez, je peux vous dire quel jour la grève sera déclenchée, mais la journée où elle se terminera, c’est la journée où nous aurons une entente. Et cela, c’est imprévisible.»

«Nous avons donné un coup de semonce, la semaine dernière, avec une grève de 48 heures accompagnée de message très clairs disant que nous étions prêts à négocier 24 heures par jour pour arriver à la conclusion d’une entente au plus tard le 30 [octobre], puis au 1er [novembre] à la demande du conciliateur», poursuit le leader syndical.

La direction de Renaud-Bray a réagi en affirmant que l’entreprise offrait «des conditions de travail supérieures à celles du marché».

«En plus de salaires se comparant avantageusement à ceux généralement observés dans le secteur du commerce de détail et dans les librairies, Renaud-Bray offre à ses employés des vacances payées pouvant atteindre cinq semaines annuellement, jusqu’à huit jours de congés personnels par année, un régime d’assurance-collective et une contribution de l’employeur aux REER des employés», décrit Denise Courteau, porte-parole de l’entreprise.

Renaud-Bray dit aussi avoir maintes fois rappelé à ses employés les facteurs externes «économiquement défavorables» qui, selon l’entreprise, contribuent à réduire la rentabilité des librairies.

«Le ralentissement de l’économie, l’essor du numérique et d’importants changements dans les habitudes des consommateurs constituent des exemples éloquents», a détaillé Mme Courteau.

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