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Un anticoagulant hausserait les risques d'AVC

TORONTO – Certains patients souffrant de battements cardiaques irréguliers — un phénomène appelé fibrillation auriculaire — semblent être deux fois plus à risque de subir un accident vasculaire cérébral dans les 30 jours suivant le début d’un traitement avec de la warfarine, et ce bien que ce médicament anticoagulant soit prescrit pour combattre les AVC, suggère une étude.

La fibrillation auriculaire peut entraîner la formation de caillots sanguins dans le coeur, caillots pouvant ensuite se rendre au cerveau et bloquer une artère, entraînant un accident ischémique cérébral détruisant des neurones situées à proximité.

Les médecins prescrivent fréquemment la warfarine pour éclaircir le sang pour éviter la formation de caillots dans le coeur. Mais le médicament, qui agit en désactivant les facteurs d’agglomération dans le sang, pourrait d’abord entraîner un état d’«hypercoagulation» — lors duquel le sang s’épaissit et est plus à risque de former des caillots dans les vaisseaux sanguins.

Dans une étude publiée dans l’European Heart Journal, des chercheurs de l’Université McGill de Montréal ont découvert que le risque d’AVC était particulièrement élevé durant la première semaine après que les patients eurent commencé à prendre de la warfarine, et que ce risque atteignait son zénith après trois jours. Après 30 jours, les probabilités chutent d’environ la moitié, comparativement aux patients ne prenant pas ce médicament.

«La warfarine est un médicament très efficace pour prévenir les AVC, la question ne se pose pas», a déclaré mercredi l’épidémiologiste et principal auteur de l’étude Laurent Azoulay, qui oeuvre à l’Hôpital général juif de Montréal.

«Il est toutefois rapporté que, pour une raison paradoxale, la warfarine peut augmenter les risques d’AVC pendant les premières semaines du traitement.»

En fait, les risques sont les plus élevés lorsque le traitement à la warfarine débute chez des gens souffrant de fibrillation auriculaire, et qui ont déjà subi un AVC, ce qui, selon ce qu’a déclaré le docteur Azoulay, représente un groupe restreint de patients.

«Pour la grande majorité (des patients), ce problème n’existe pas, a ajouté le docteur Azoulay. Et, en fait, nous avons découvert que les patients qui continuaient de prendre le médicament après les 30 premiers jours bénéficiaient d’une très bonne protection contre le risque d’un AVC.»

Pour mener leur étude, les chercheurs ont analysé des données recueillies auprès de plus de 70 000 adultes ayant reçu un diagnostic de fibrillation auriculaire entre 1993 et 2008.

Pendant les 30 jours ayant suivi le début d’un traitement à la warfarine, une augmentation de 71 pour cent des risques d’AVC a été constatée comparativement aux patients ne prenant pas ce médicament, a révélé l’étude.

Aux dires du docteur Azoulay, ces conclusions ne devraient pas empêcher les médecins ou les patients d’utiliser la warfarine, puisque seule une petite proportion des patients seraient affectés.

«Cependant, les résultats portent à croire que les médecins devraient faire preuve de prudence lorsqu’ils font entamer des traitements à la warfarine, particulièrement pendant la première semaine de consommation», note-t-il.

Le docteur Muhammad Mamdani, directeur du Applied Health Research Centre de l’Hôpital St. Michael à Toronto, dit quant à lui avoir «de la difficulté» à accepter les conclusions de l’étude, en partie en raison de sa structure.

«Le problème que nous constatons avec ce genre d’études est qu’elles tendent à être biaisées dans le sens que les patients commençant à prendre de la warfarine le font pour une raison, dit-il. Ils sont habituellement beaucoup plus malades que ceux qui n’entament pas un tel traitement.»

«Les patients aux prises avec de la fibrillation auriculaire devraient être traités à la warfarine, soutient le médecin, qui n’a pas participé à l’étude. Il pourrait y avoir des risques à court terme, mais d’autres données sont nécessaires et je ne crois pas que cela changera vraiment les pratiques.»

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