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Lise Payette a été victime de négligence

Photo: Jean Bernier/SRC

Contrairement aux élèves de sociologie auxquels Sophie Thibault a posé la question dans le cadre d’un documentaire, quand j’étais au Cégep, je savais qui était Lise Payette. Au meilleur de mes connaissances, j’aurais répondu «l’auteure des Dames de cœur». Ce n’est peut-être qu’à l’université que j’ai fait le lien entre cette Lise Payette là et la politicienne. Son parcours force le respect et des frissons d’admiration ont parcouru mon corps durant la première partie d’une entrevue qu’elle a accordée à Benoît Dutrizac à l’émission Les Francs-Tireurs cette semaine.

Puis, les frissons se sont arrêtés net lorsque madame Payette a révélé quelque chose de troublant : lors d’un séjour à l’Institut de gériatrie, une femme voilée aurait refusé de lui laver les organes génitaux en raison de sa religion. J’ai été à la fois triste d’apprendre qu’une si grande dame ait été victime de négligence sans se sentir capable d’en alerter les autorités, et déçue de l’amalgame malheureux fait entre cette histoire anecdotique et la charte de Drainville. «Quand j’ai vu qu’il était question d’une charte, j’ai pensé à [cette personne qui a refusé de me laver], explique madame Payette. Pas parce que je lui veux du mal, mais parce que si elle veut rester parmi nous, on commence par enlever le voile, par arrêter de me parler à moi de religion, et on me donne les soins dont j’ai besoin.»

Ce dont madame Payette a été victime est inacceptable. En matière de soins aux patients, les règles sont claires et doivent être respectées, et cet écart de conduite aurait dû faire l’objet de mesures disciplinaires, au même titre que n’importe quelle autre forme de négligence, d’abus ou de maltraitance. Autrement dit, madame Payette a été victime d’un accomodement déraisonnable, et encore pour dire cela faudrait-il pouvoir parler d’«accomodement», ce qui n’a pas été accordé à l’Institut de gériatrie. À la direction des communications de l’Institut, on m’indique que ce cas aurait pu être signalé, et on est à vérifier si cette situation aurait pu survenir à l’insu de l’administration.

Évidemment, on ne peut reprocher à madame Payette d’avoir gardé le silence (sauf en public) à ce sujet. En situation de vulnérabilité, l’ex-politicienne n’a pas voulu créer de «zizanie» dans l’hôpital et s’est dite préoccupée par le sort des pauvres personnes âgées victimes d’Alzheimer qui sont vulnérables devant de telles situations. Il y a plusieurs situations devant lesquelles les aînés sont vulnérables. L’abus de confiance, la manipulation, la violence, la négligence, pour n’en nommer que quelques-uns. Malheureusement, la charte proposée par le gouvernement Marois ne prévoit aucune mesure pour protéger les citoyens les plus vulnérables.

«Est-ce qu’à partir du moment où y en a une qui agit comme ça, est-ce qu’elles le font toutes?», demande madame Payette en entrevue. La réponse est non. Le code de déontologie des infirmières est strict, et ne pas le respecter peut entraîner des sanctions, que l’on porte ou non le voile. En fait, au Québec, il est possible pour un médecin de refuser de prescrire la pilule anticonceptionnelle en raison de ses convictions personnelles (c’est même précisé dans la charte de la laïcité), mais selon son code de déontologie, l’infirmière, elle, ne doit pas faire preuve de négligence dans les soins et traitements qu’elle prodigue.

Madame Payette est donc malheureusement tombée sur une mauvaise infirmière. Si on a de la difficulté à faire respecter le code de déontologie par certaines infirmières, je me demande en quoi enlever des voiles règlera la question.

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