Pétrole: pour un contre-manifeste
On a beaucoup parlé la semaine dernière du Manifeste pour tirer profit collectivement de notre pétrole, dont les signataires les plus connus sont l’ancien premier ministre Bernard Landry et l’ex-ministre péquiste Joseph Facal.
Je tiens d’abord à saluer le premier objectif de ce manifeste, de l’aveu même des signataires, qui est de lancer un débat public sur la question de l’exploration et ultimement de l’exploitation du pétrole en sol québécois.
De fait, cette sortie nous permet de discuter d’enjeux importants comme l’énergie, l’environnement et les changements climatiques, ainsi que de la prospérité du Québec.
Premier constat du manifeste : le Québec est très endetté, la population vieillit rapidement, et il va falloir trouver de nouvelles ressources financières afin de maintenir nos programmes sociaux.
La solution à nos problèmes de financement public? Le pétrole. Le manifeste avance qu’«une des façons d’y parvenir est de tirer profit de nos ressources naturelles». D’ailleurs, selon les auteurs, «des milliards de barils de pétrole seraient disponibles à l’île d’Anticosti, à Old Harry et en Gaspésie.»
Regardons brièvement comment le Québec tire présentement profit de ses ressources naturelles. En 2013, les redevances que nous avons tirées de l’exploitation de la forêt québécoise se sont élevées à 5 M$, somme qui ne tient pas compte des sommes investies par Québec pour le reboisement. Il y a ensuite les ressources minières ou les revenus obtenus au moyen des redevances en 2013, qui étaient de 170 M$.
Dans le cas des mines, on a vu dernièrement l’industrie s’opposer avec véhémence à l’augmentation des redevances ou encore au resserrement des règles environnementales, lorsque le gouvernement du Québec a essayé de moderniser la loi sur les mines.
Il y a également l’eau, ressource collective par excellence, dont nous tirons des milliards de dollars par le biais d’Hydro-Québec et que nous avons nationalisée. Par contre, en ce qui concerne l’eau embouteillée, nous la donnons littéralement, vu les redevances ridiculement basses que nous en tirons, soit environ 2 M$.
Avant de songer au potentiel du pétrole, augmentons les revenus de ce que nous cédons pour presque rien.
Je m’attarderai à d’autres aspects de ce manifeste la semaine prochaine.