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«Les jeunes sont moins ignorants qu’on le pense»

Photo: Collaboration spéciale

Jocelyn Létourneau, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire du Québec contemporain, a recueilli et analysé les réponses de jeunes du secondaire, du cégep et de l’université, appelés à résumer, en une phrase ou une formule, l’aventure historique québécoise. Les résultats de cette étude sont présentés dans l’ouvrage «Je me souviens», disponible en librairie dès le 21 février. Sa conclusion: les jeunes sont moins ignorants qu’on le pense.

Le stéréotype selon lequel les jeunes ne connaissent pas l’histoire du Québec est-il faux?
En fait, les jeunes savent sans connaître. C’est vrai que leurs connaissances sont lacunaires, mais ils ont une vision forte de l’histoire qui leur permet de donner un sens à la société dans laquelle ils vivent.

Comment construisent-ils cette perception de l’histoire, si ce n’est avec des faits?
Ce peut être des films, des expositions, des commentaires de membres de la famille, d’informations captées dans les cours d’histoire, des discours de politiciens, des romans historiques.

Peut-on dire qu’ils connaissent moins l’histoire que leurs parents et les générations précédentes?
Absolument pas. Nous avons fait le même exercice avec des adultes, et les représentations qu’ils se font de l’histoire sont similaires. Les jeunes sont un miroir de la population en général.

Quelle est la perception dominante de l’histoire du Québec?
C’est une représentation mélancolique et douloureuse du passé. C’est le récit d’un pauvre peuple promis à un brillant avenir qui s’est fait casser en 1759 par les Britanniques, qui est entré dans un long hiver de survivance, qui a réussi à se relever la tête en 1960 avec la Révolution tranquille et qui hésite un peu depuis toujours. Environ 25% des réponses des jeunes de secondaire 4 correspondent à cette vision, 40% pour le secondaire 5 et 50% pour l’université. Ceux qui pensent que les jeunes ont une vision déconflictualisée et multiculturaliste de l’histoire se trompent royalement.

Quelles sont les différences entre les représentations de l’histoire que se font les francophones, les anglophones et les allophones?
Les francophones ont tendance à mettre l’accent sur le conflit entre les francophones et les anglophones, tout en positionnant les anglophones comme les méchants. Les anglophones, eux, n’identifient pas de gagnant ni de perdant. Pour ce qui est des allophones, il n’y a pas de conclusion forte. Soit ils adhèrent à la vision francophone ou anglophone, soit ils portent peu d’intérêt au passé, préférant contribuer au présent et à l’avenir du Québec.

Pas insipides
Voici quelques formules recueillies par l’étude de M. Létourneau :

  • «Les Anglais nous ont eu.»
  • «L’histoire du Québec est un casse-tête dont les pièces se retrouvent ici et ailleurs.»
  • «Jadis il y avait des Amérindiens, ensuite des bûcherons, maintenant des indécis.»
  • On peut consulter d’autres phrases et même afficher la sienne en allant sur le site www.tonhistoireduquebec.ca

Je me souviens

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Fides

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