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Une plainte à la CCQ qui se retourne contre lui

MONTRÉAL – Un entrepreneur spécialisé dans le tirage de joints a affirmé à la Commission Charbonneau, mardi, qu’il s’est déjà plaint à la Commission de la construction du travail au noir qui sévissait et que sa plainte s’est retournée contre lui, parce que c’est son entreprise qui a été scrutée pendant des mois.

Louis Mercure, propriétaire de France joints, a raconté à la commission d’enquête à quel point le travail au noir mine l’industrie de la construction dans son domaine de la pose de systèmes intérieurs.

À ses yeux, il n’est carrément plus possible d’arriver financièrement, avec les prix en vigueur et en respectant les taux de salaires et les règles prévues. Les prix sont drainés à la baisse par la concurrence de ceux qui ne respectent pas les règles et paient comptant, a-t-il soutenu.

L’entrepreneur s’est plaint à la Commission de la construction, en septembre 2011, pour dénoncer la situation. Les responsables auraient commencé à écouter sa version des faits, puis lui auraient dit que tout ce qu’il disait pouvait être retenu contre lui. Il a quand même continué à vider son sac sur le travail au noir et les prix drainés à la baisse. «Moi le tata, je m’en vais aider là!» a-t-il lancé, pour résumer son état d’esprit à l’époque.

Mais à la suite de sa déclaration, deux semaines plus tard, la CCQ lui a plutôt demandé de voir ses livres comptables à lui pour la dernière année. «Quand on dénonce, monsieur Mercure, il faut s’assurer de n’avoir rien à se reprocher», lui aurait dit l’employée de la CCQ.

C’est donc son entreprise qui a fait l’objet d’une vérification poussée pendant huit mois _ il n’a pas dit devant la commission si les autres entreprises dénoncées avaient aussi fait l’objet d’une telle vérification. Il affirme avoir été «fouillé, viré à l’envers, tordu comme un tube de pâte à dents qui n’en a plus dedans».

Au bout du compte, la CCQ lui a réclamé 36 000 $, après avoir parlé à ses anciens employés. Il avait toutefois admis devant la commission avoir lui-même payé des travailleurs en argent comptant pour réussir à dégager un peu de profit.

Et pendant la période de vérification, il n’avait plus de lettre de conformité ou d’état de la situation, ce qui a nui à son entreprise. «Ça sert à dire à ton client que tu as tout payé ce que tu as à payer, que tu es en règle avec la CCQ», a-t-il expliqué.

Il estime qu’il n’avait plus guère le choix. «Qu’est-ce que tu fais? Tu paies. Tu fermes ta gueule. Et ça, ça se fait à tours de bras à la CCQ. J’ai du monde de même qui pourraient venir vous le dire ici. C’est négocié au revolver sur la tempe comme ça: tu paies ou tu n’as plus de lettres.»

Il a dénoncé à la Commission Charbonneau d’autres problèmes de l’industrie de la construction, notamment le fait que les petits sous-traitants sont les derniers payés, parfois plus de 90 jours après que le travail soit terminé. Pendant ce temps, eux doivent payer leurs ouvriers et leurs diverses cotisations.

Il a aussi souligné que les entrepreneurs dans les domaines de l’électricité et de la plomberie sont mieux organisés que ceux dans le tirage de joints, parce que leur association respective est plus forte. Ils parviennent ainsi à veiller à ce que les prix ne soient pas indûment drainés à la baisse, ce qui favorise le travail au noir, selon le témoin.

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