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Tout ce qui dure se salit

Depuis plus de 10 jours, ce qui est devenu «l’affaire Bolduc» fait les manchettes. D’une situation qui s’explique – la confėrence de presse du ministre Bolduc mardi dernier le prouve – à une perception publique négative qui perdure, l’événement est devenu embarrassant pour le gouvernement, au point où on en parle dans les journaux anglophones du reste du pays.

Il faut dire que la lettre de l’ancien ministre libéral de la Santė Claude Castongay et la réaction du bouillant Dr Barette, ministre actuel de la Santé, n’ont rien fait pour calmer le jeu.

Mais plus important, derrière tout ce vacarme se cachent les vrais enjeux. Doit-on permettre à un député en service d’exercer une autre profession simultanément? Doit-on mieux encadrer les primes d’encouragement des mėdecins généralistes? Doit-on permettre à un gestionnaire de l’État, tel un médecin de la santé publique, de continuer de pratiquer sa profession?

Commençons par la première question. Il existe actuellement dans le code de déontologie des règles encadrant le travail des députés. Ceux-ci peuvent, avec la bénédiction du commissaire à l’ėthique, «exercer contre rémunération des activités didactiques ou d’une profession» durant leur mandat. Pourquoi? Parce que, dans plusieurs cas, si on quitte la profession trop longtemps, on perd son droit de pratique. La politique étant un métier difficile et temporaire, le dėputė voudra pouvoir gagner sa vie en se retirant de la vie politique.

Quant au Dr Bolduc, malgré la rėponse positive du commissaire à l’ėthique et le respect des règlements, le nombre impressionnant de patients suivis en 18 mois et son utilisation de la prime instituée par le gouvernement libėral pour augmenter le contingent de mėdecins de famille sont difficilement justifiables. La prime en est une d’encouragement à adopter la médecine familiale, non à se bâtir une pratique complète. Il est clair que, compte tenu des circonstances et de l’acceptabilité populaire, il devra y avoir remise de fonds et des précisions devront être apportées. Cela devra se faire plus tôt que plus tard au risque d’embarrasser davantage le gouvernement.

De la réponse à la première question découle celle de la deuxième. Compte tenu de la pénurie de praticiens, la prime aux médecins de famille doit être conservée, mais mieux balisée. L’ex-ministre de la Santé Hébert avait modifié les paramètres en diminuant la prime et le nombre de patients admissibles.

Maintenant, il faudrait revoir le système afin d’inventorier l’ensemble des primes et des rėmunérations attribuées aux médecins, les moduler selon les besoins de notre population vieillissante et en fonction du fait qu’un médecin de famille fasse le suivi nécessaire afin d’assurer la pertinence du diagnostic et l’évaluation du traitement.

Quant aux mėdecins responsables de la santé publique, une fonction administrative exclusive, les conditions de travail sont bien différentes que celles de député. Devenir fonctionnaire de l’État assure une bonne rémunėration, des conditions de travail appréciables et une stabilité d’emploi. Les médecins, par choix, deviennent des cadres supérieurs de l’État.

Ils sont soumis aux mêmes règles que les sous-ministres et ne peuvent toucher une double rėmunération de l’État. On n’aime pas la règle? On retourne à la pratique médicale sans chantage.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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