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Accurso admet de «petits contacts» avec Rizzuto

Tony Accurso lors de la Commission Charbonneau
Tony Accurso. Photo: ceic.gouv.qc.ca

MONTRÉAL – L’entrepreneur Tony Accurso convient qu’il a ou a eu plusieurs amis ou bonnes connaissances à la FTQ, à la FTQ-Construction et chez des gens importants. Mais il qualifie de «petits contacts» ses relations avec Nick et Vito Rizzuto.

Et même s’il a admis avoir noué plusieurs amitiés, au fil des ans, il a nié que ces amitiés lui aient apporté un avantage ou un accès privilégié à du financement ou à une meilleure main-d’oeuvre.

De même, il a nié s’être servi de son célèbre yacht, Le Touch, pour faire des affaires.

Devant la Commission Charbonneau, mercredi, la procureure chef Sonia Lebel l’a invité à qualifier le degré d’intimité de plusieurs de ses relations avec des syndicalistes ou figures en vue du génie, de la politique municipale à Montréal, voire du crime organisé. S’agit-il d’amis, de connaissances ou de contacts?

Quand Me Lebel lui a suggéré les noms de Vito Rizzuto et Nick Rizzuto fils, il a répondu tour à tour «petit contact».

Mais M. Accurso a convenu avoir comme amis Michel Arsenault, ancien président de la FTQ, Louis Laberge, son «père spirituel» qui fut longtemps président de la même centrale syndicale, de même que Jean Lavallée, ex-président de la FTQ-Construction qu’il considère comme son «frère».

Henri Massé, un autre ex-président de la centrale syndicale, est une «très, très, très bonne connaissance», selon lui.

L’entrepreneur a aussi cité parmi ses relations syndicales Louis Bolduc, anciennement du syndicat des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce, affilié à la FTQ, et Clément Godbout, un autre ancien président de la FTQ.

En fait, toutes ses amitiés syndicales proviennent de la FTQ _ qui est tout de même la plus grande centrale syndicale au Québec, avec 600 000 membres _ hormis Gérard Cyr, de la section locale 144 des plombiers, qui vient de l’organisation rivale de la FTQ-Construction, le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International).

Me Lebel a aussi énuméré d’autres noms, parmi lesquels Rosaire Sauriol, de la firme de génie Dessau, et Robert Abdallah, anciennement de la Ville de Montréal.

Durant des heures et des heures, en fait toute la journée, Me Lebel l’a interrogé sur ses relations avec des représentants syndicaux mais, curieusement, elle n’a pas poussé plus à fond ses «petits contacts» avoués avec les Rizzuto.

Il a décrit comme «contact» quelqu’un qu’il peut croiser à l’occasion, tout en soulignant qu’il pouvait avoir 3500 contacts dans son téléphone portable.

De toute façon, ses amitiés avec les Jean Lavallée, Michel Arsenault et cie ne lui ont pas facilité l’accès au Fonds de solidarité ou à la Solim (alors le bras immobilier du Fonds) et ne l’ont pas non plus aidé dans ses affaires, a-t-il assuré.

Il a de même nié s’être mêlé de la gestion interne de la FTQ-Construction ou des élections qui y ont eu cours en 2008, affirmant que pour dire cela, il fallait bien mal connaître le milieu syndical.

Il a également nié s’être servi de son yacht pour faire des affaires, y inviter d’éventuels partenaires pour les charmer. «Je n’ai jamais utilisé mon bateau pour ça», a-t-il répondu.

Quand Me Lebel lui a demandé s’il était vrai que dans le monde des affaires, des transactions pouvaient se conclure lors de tels voyages, M. Accurso a répliqué qu’il ne pouvait répondre pour les autres hommes d’affaires, mais que lui «n’a jamais fait ça».

Me Lebel ne lui a pas demandé si des maires ou des ministres s’étaient aussi rendus sur son bateau. Elle n’a pas non plus énuméré de noms de politiciens en lui demandant s’ils étaient des amis, des connaissances ou des contacts.

M. Accurso a précisé que les personnes qu’il invitait sur son bateau, à ses frais, étaient des amis ou «des amis des amis».

Lors de sa deuxième journée de témoignage devant la commission, l’entrepreneur a aussi nié avoir bénéficié de son amitié avec le syndicaliste Gérard Cyr, du syndicat des plombiers, pour obtenir les meilleurs travailleurs pour son entreprise Gastier. À l’époque, les syndicats pouvaient encore faire du placement de main-d’oeuvre.

M. Accurso se trouve ainsi à contredire une conversation téléphonique entre l’ancien directeur de la FTQ-Construction, Jocelyn Dupuis, et son ami Eugène Arsenault.

Dans un extrait d’écoute téléphonique datant de 2009, M. Arsenault se plaint à son ami Jocelyn Dupuis du fait que Tony Accurso déroule le tapis rouge pour lui enlever ses meilleurs travailleurs, leur offre un demi-million de dollars sur deux ans. Il parle même d’argent comptant qui aurait été offert.

M. Arsenault y soutient même que le syndicaliste Gérard Cyr irait travailler pour Tony Accurso.

Jocelyn Dupuis y prétend aussi que Tony Accurso «contrôle tout» avec son ami Jean Lavallée.

M. Accurso a tout nié en bloc, affirmant que cela était «ridicule». Après avoir appris que cette conversation a eu lieu à compter de 22h, il a avancé l’hypothèse que M. Arsenault ait été «saoul» et se plaignait à «son chum» Jocelyn Dupuis.

Le témoignage d’Antonio Accurso se poursuivra jeudi.

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