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La solution à la grève étudiante passe-t-elle par la démission de la ministre?

En moins de 48 heures, plus d’un millier d’enseignants ont signé une déclaration demandant la démission de la ministre de l’Éducation Line Beauchamp. Les Profs contre la hausse refusent d’aller à l’encontre des votes de grève des étudiants comme le demande la ministre.

Les signataires ne digèrent pas la décision de Collège de Valleyfield à forcer le retour en classe. Une centaine d’entre eux étaient réunis vendredi au Collège Ahuntsic pour dénoncer l’attitude de la ministre. «Line Beauchamp mise sur la judiciarisation du conflit et sur l’essoufflement du mouvement, a déploré l’instigateur du mouvement, Sébastien Paquin-Charbonneau. Son pari nous fait porter une responsabilité en nous obligeant à rentrer malgré les votes pris démocratiquement.»

«Minuit moins 30 secondes»
Tôt vendredi, des étudiants ont encore une fois empêché la reprise des cours souhaitée par le Collège de Valleyfield. Quelques heures plus tard, la Fédération des cégeps lançait un appel aux étudiants et à leurs parents pour demander un retour en classe. «Dans certains cégeps, il est minuit moins 30 secondes», a illustré le président directeur général de la Fédération des Cégeps, Jean Beauchesne.

Outre le cas de Valleyfield, celui des cégeps de Maisonneuve, Saint-Laurent, Lionel-Groulx, Saint-Félicien et André-Laurendeau serait très préoccupant. Ce dernier collège a même organisé lui-même un vote électronique pour voir si les étudiants souhaitent toujours boycotter les cours. M. Beauchesne s’est défendu de tenter de briser la grève. «On ne veut pas casser la grève, a-t-il dit. Notre seule préoccupation est de terminer la session.»

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Le co-porte-parole de la Coalition large pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), Gabriel Nadeau-Dubois, croit que la Fédération des cégeps se trompe de cible. «C’est une autre manière pour tenter de forcer le retour en classe, a-t-il dénoncé. Si la Fédération des cégeps veut que la grève se termine dans l’ordre, c’est le gouvernement qu’elle doit interpeler.»

La CLASSE prévient que le climat de reprise de cours alors que les mandats de grève sont toujours effectifs sera infernal. À Alma, à la suite d’une injonction garantissant l’accès aux cours, les classes avaient été saccagées, l’alarme de feu déclenchée et une alerte à la bombe avait perturbé la reprise des cours.

Les Profs contre la hausse rappellent quant à eux qu’ils ont le droit de refuser de donner un cours s’ils jugent que leur sécurité est menacée. «Pour certains, une simple ligne de piquetage constitue un danger et je vois très mal un juge l’obliger à franchir les piquets de grève», a prévenu une enseignante de littérature au Collège Ahuntsic, Laurence Desrosiers.

«Point de rupture»
Les Profs contre la hausse parlent d’un «point de rupture» avec Mme Beauchamp. Pour sa part, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) parle pratiquement d’une «guerre civile».

Plus tôt vendredi, des étudiants ont pénétré par effraction dans le bureau de comté de Line Beauchamp et ont commis des actes de vandalisme. Un journaliste et un photographe de La Presse ont été arrêtés.

La FECQ craint que l’attitude de la ministre n’envenime davantage la situation. «C’est une attitude dangereuse qui augmente la tension», a affirmé le président de la FECQ, Léo Bureau-Blouin, en entrevue à Métro.

Alors que les Profs contre la hausse demandent ouvertement la démission de la ministre, la FECQ lui demande plutôt de changer d’attitude. La CLASSE affirme qu’elle discutera de la  proposition dimanche, lors d’un congrès au Cégep de Drummondville.

Par ailleurs, la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) demande au premier ministre de rappeler Line Beauchamp à l’ordre. «La ministre agit d’une manière orgueilleuse, accuse la présidente de la FEUQ, Martine Desjardins. Le premier ministre doit intervenir et lui demander de faire son travail.»

L’attachée de presse de Line Beauchamp, Hélène Sauvageau, a assuré en fin de journée vendredi que la ministre n’avait aucune intention de démissionner. «La porte est toujours ouverte pour parler d’accessibilité», a-t-elle rappelé.

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