Le ministre du silence
«Au gouvernement, il n’y a qu’un ministre, et c’est le premier! Les autres…»
J’ai tout de suite pensé à cette réflexion de l’ex-ministre et communicateur Jean Cournoyer quand, la semaine dernière, on a appris que Philippe Couillard allait désormais interdire à ses ministres de s’adresser aux journalistes avant de recevoir les lignes directrices du jour de la part du gouvernement. Ce qui veut dire, en termes clairs, que tout ce beau monde devra être gavé d’un discours unique, javellisé et sans risque qu’il n’aura qu’à recracher dès que confronté par les médias. Ça se passe exactement comme ça au quotidien depuis des années avec le gouvernement Harper à Ottawa. Le bel exemple…
Le procédé peut sembler draconien – il l’est dans les faits –, mais j’imagine que sortir la moppe après chaque déclaration d’Yves Bolduc et de Kathleen Weil (sans parler du «brillant» concours occasionnel des David Heurtel et Francine Charbonneau) a finalement fait péter l’élastique de patience du chef. On serait presque tenté de plaindre ce bon monsieur Couillard mais, en même temps, que ça lui apprenne à nommer des bienheureux à des postes aussi importants.
La même chose serait-elle arrivée au temps de René Lévesque et de Robert Bourassa avec des ministres comme Jacques Parizeau, Gérard D. Lévesque, Camille Laurin, Claude Ryan, Gérald Godin ou Lise Bacon? Probablement pas. Pas avec des pointures comme celles-là en tout cas. Mais oui, d’autres ministres en d’autres temps se sont déjà fait fermer la trappe d’une manière plus ou moins subtile.
Rappelons-nous du «Toé, tais-toé!» qu’aurait un jour dit Maurice Duplessis à son solliciteur général qui venait de se mettre un pied dans la bouche et qui allait s’enliser encore davantage devant une meute de journalistes. Si l’anecdote est exacte (d’autres sources prétendent que la consigne fut plutôt : «Dis rien, laisse-moi parler», ce qui n’est guère plus aimable, on en conviendra…), concluons que ce n’est pas d’aujourd’hui qu’un chef peut sortir le bâillon pour faire taire un élément gênant de sa tribu.
Si Philippe Couillard pouvait se faire cloner, combien gagez-vous que, demain matin, il n’y aurait que des Philippe Couillard à la tête de chacun des ministères? Malheureusement pour le principal intéressé, la science ne peut pas encore combler son fantasme. En attendant, seul au sommet, il devra se débrouiller avec ce que la providence lui aura envoyé. Sauf que tout cela se fera dans le silence…
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Si je vous avais demandé quelle ville au monde allait être dotée d’une nouvelle tour de 65 étages, la dernière réponse à laquelle je me serais attendu aurait été : Québec. On va le réécrire : certaines villes sont en train de capoter avec leurs projets démesurés. Une tour de 65 étages à Québec, ben quin… Vrai que, si tu as un amphithéâtre de 400 M$ à payer, faut sûrement faire preuve d’imagination pour trouver de nouvelles sources de taxes afin de renflouer tout ça. Qu’on se le dise, la prise de stéroïdes, même en politique, peut rendre le comportement de certains usagers totalement irrationnel…