Pas d’accommodement pour le racisme
L’ire d’une femme ayant mal aux dents est en train de faire le tour du web, après que celle-ci a demandé à ses contacts Facebook de relayer son message. Toutefois, ce n’est pas la condition dentaire de Diane Blain qui a retenu l’attention, mais plutôt son intransigeance. La femme est choquée que la clinique dentaire de l’Université de Montréal ait refusé de céder à sa demande de ne pas être traitée par «une voilée».
Or, malheureusement pour Mme Blain, le racisme ou avoir des préjugés, ça ne figure pas parmi les motifs de discrimination retenus pour accorder un accommodement raisonnable. En fait, c’est le contraire. Donc non, les accommodements raisonnables ne peuvent pas «aller dans les deux sens», comme demandent plusieurs partisans de Mme Blain. Les accommodements raisonnables visent à permettre l’intégration de personnes qui, en raison de leur race, de leur handicap ou de leur orientation sexuelle, par exemple, pourraient être l’objet de discrimination. En fait, la revendication de Mme Blain, c’est un peu comme si je demandais à ne pas être servie par une personne atteinte du syndrome de Down parce que ça me rend mal à l’aise. Non, ça ne me rend pas réellement mal à l’aise, c’était pour l’exemple.
En revanche, les accommodements raisonnables ne peuvent aller à l’encontre de la Charte des droits et libertés, et ainsi, les droits des Québécois de souche comme Mme Blain sont aussi protégés. En vertu de cette charte, un dentiste ne pourrait pas refuser d’opérer Mme Blain parce qu’elle est une femme. Ou parce qu’elle est raciste.
Je résume, évidemment. Les accommodements sont parfois plus complexes, et il arrive qu’on s’égare. Comme la fois où le YMCA du Parc a jugé raisonnable – à tort – de givrer ses vitres pour ne pas offenser les membres de la communauté hassidique du quartier*. Or, il n’existe pas de droit à ne pas être offensé. Comme il n’existe pas de droit à être conforté dans ses préjugés.
Parce que c’est bien de ça qu’il s’agit: Mme Blain refusait d’être opérée par une femme portant le voile, présumant de sa non-adhésion aux valeurs d’égalité hommes-femmes et du non-respect de ses propres croyances. On ne parle plus simplement d’intolérance ordinaire: on est face aux revendications d’un véritable racisme décomplexé. À une émission du matin, hier, un animateur a dit que la source du problème, c’était peut-être le ton employé – je vous ai épargné les sacres et autres insultes de Mme Blain. Comme s’il était correct d’être raciste, pourvu que ce soit fait dans le respect, comme dirait Bolduc.
Cela étant dit, force est de regretter la violence qu’a subie Diane Blain à la suite de sa prise de parole. Il est dommage que nous ressentions le besoin de répondre à la haine par le mépris. Soyons indulgents envers cette Mme Blain. Après tout, il s’agit d’une personne qui a mal aux dents.
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* Mise-à-jour: Des lecteurs assidus font remarquer que la décision du YMCA n’était pas un accommodement raisonnable en tant que tel, validé par un tribunal, mais une décision privée. En effet, c’est la raison pour laquelle l’exemple du YMCA n’est jamais un bon exemple d’accommodement raisonnable, bien que plusieurs l’utilisent pour faire peur au monde.