Commission de vérité et réconciliation : Éduquer pour mieux guérir
La commissaire Marie Wilson a passé les six dernières années à écouter des témoignages relatifs aux pensionnats indiens à la Commission de vérité et réconciliation du Canada. À l’aube du dévoilement, mardi, du rapport de la commission, Métro a recueilli ses réflexions.
Les travaux ont-ils fait avancer la vérité, la guérison et la réconciliation?
Cette commission a été un soulagement pour beaucoup de participants, qui ont partagé leur vécu et se sont rapprochés de leur famille en leur racontant leur expérience. Dans la population en général, on a vu petit à petit une progression des connaissances sur ce pan de notre histoire. Au début de la commission, 10 % des participants étaient non autochtones alors que vers la fin c’était plutôt 60 %. Il y a six ans, des milliers de personnes n’auraient pas marché un dimanche après-midi pour dire «on est tous là-dedans». Mais il y a encore beaucoup de travail à faire.
Qu’est-ce qui reste problématique?
Les 70 000 Autochtones, Inuits et Métis survivants ont vécu des problèmes importants qui ont restreint leur capacité de bien vivre et d’élever leurs enfants correctement. Les taux de pauvreté, de suicide et d’échec scolaire sont encore très élevés dans les populations autochtones. Un grand nombre d’enfants de ces communautés sont sous la protection de l’État. Ce sont des enfants qui vivent sans savoir qui ils sont, sans connaître leur langue. Et, il y a encore du racisme à leur endroit.
Quelles solutions faut-il proposer?
Il y a beaucoup de rattrapage à faire sur le plan de l’éducation. On a grandi dans l’ignorance les uns des autres. Il faut enseigner à nos enfants la vraie histoire du pays, incluant celle des premiers peuples. L’histoire de l’Amérique n’a pas commencé avec la venue des Européens! Il faut aussi arrêter d’agir de manière paternaliste et engager davantage les Autochtones dans les décisions qui les touchent.
«C’est notre responsabilité à tous de s’informer, de combattre les préjugés, de refuser le statu quo.» – La commissaire Marie Wilson
Une grande marche
Des milliers de personnes ont participé hier après-midi, à Ottawa, à la Marche pour la réconciliation marquant la fin de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.
Les participants ont ainsi montré leur solidarité avec les survivants des pensionnats indiens et exigé de meilleures relations entre les Canadiens autochtones et non autochtones.
Cette commission a été créée dans la foulée de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens de 2007. Elle a pour mandat de rappeler aux Canadiens les 150 années d’histoire de ces pensionnats par l’entremise de ceux dont la vie a été bouleversée.