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Harper évite de parler de la gestion de l'offre

LANCASTER, Ont. — L’autocar de campagne de Stephen Harper s’est rendu aux confins de la région laitière du Canada mercredi, mais les fermiers ont été déçus car il n’a pas parlé publiquement d’un sujet qui les préoccupent grandement: l’avenir de la gestion de l’offre.

Parmi eux se trouvait un fermier qui a fait visiter à M. Harper ses nouvelles installations de traite robotisée et qui a pris la pose avec le chef conservateur dans un champ de l’est de l’Ontario.

Un peu plus tard, Bruce McCuaig a écouté M. Harper qui livrait un discours lors d’un événement de campagne à Lancaster, en Ontario, au sud d’Ottawa. Le chef n’y a fait aucune mention d’un système qui, selon les producteurs laitiers et de volaille, protège leur gagne-pain de la compétition étrangère.

M. Harper a plutôt promis d’investir 200 millions $ pour bonifier l’accès à Internet à haute vitesse dans les régions rurales et éloignées.

«Je ne m’attendais pas à ce qu’il se prononce (sur le dossier lors de l’événement), mais j’aurais espéré qu’il le fasse», a dit M. McCuaig, propriétaire de la ferme Glenmaple, qui exploite 80 vaches laitières.

«Je crois qu’il s’agit d’une grande préoccupation. On en parle lors de rencontres avec notre député.»

Le débat de longue date sur le sujet politiquement délicat du système canadien de gestion de l’offre, qui restreint l’accès des producteurs étrangers aux marchés intérieurs de lait, de fromage, d’oeufs et de volaille, a refait surface récemment alors que les discussions se sont corsées au sujet du Partenariat transpacifique, un traité de libre-échange.

La réduction du protectionnisme canadien sur les importations est vue comme un concession clé exigée des autre pays présents autour de la table des négociations.

Le traité comprenant 12 pays créerait la plus grande zone d’échanges commerciaux au monde.

Mais au Canada, toute tentative du gouvernement d’assouplir le système serait fort délicat, surtout dans les régions rurales du Québec et de l’Ontario, juste avant les élections du 19 octobre.

La perspective d’ouvrir les marchés a fait face à la forte opposition des fermiers dans certaines régions du pays et a même mené à des manifestations.

Les partis politiques fédéraux ont tous maintenu qu’ils allaient continuer à soutenir des restrictions aux importations de lait, mais le gouvernement Harper a accepté d’ouvrir les marchés légèrement avec le récent accord de libre-échange signé avec l’Union européenne.

M. Harper a déjà déclaré que le Canada ne pouvait se permettre d’être tenu à l’écart du Partenariat transpacifique, dont les négociations sont toujours en cours.

M. McCuaig a dit qu’il avait personnellement soulevé la question lors de la visite de 20 minutes de M. Harper et de sa femme Laureen.

«Je suis content d’avoir été en mesure de la soulever spécifiquement avec lui», a dit le fermier, un membre du Parti conservateur, qui a qualifié le premier ministre de «formidable».

«Je lui fait savoir que les marges étaient déjà assez minces — même avec le système de gestion de l’offre.»

M. Harper a répondu, a-t-il relaté, en disant qu’il ferait de son mieux pour protéger les intérêts des fermiers. Le premier ministre a concédé, toutefois, que d’autres pays faisaient pression sur le Canada pour qu’il ouvre son marché.

Un autre membre du Parti conservateur qui a assisté à l’annonce de M. Harper et au point de presse était également déçu que le chef conservateur soit venu et ait quitté la circonscription sans fournir de mise à jour sur l’état des discussions commerciales. Il a déclaré qu’un peu de clarté aurait pu apaiser les préoccupations des gens.

«On s’attendait à ce que quelque chose soit dit à ce sujet, mais on n’a rien entendu», a déclaré M. Rodney Fraser, après l’événement dans la circonscription de Stormont—Dundas—South Glengarry, où le candidat conservateur Guy Lauzon tente de se faire réélire.

Les journalistes, qui n’ont droit qu’à cinq questions par jour sur la campagne conservatrice — et aucune question de suivi — n’ont pas questionné M. Harper au sujet de la gestion de l’offre.

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