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Keystone XL: les écologistes sont gonflés à bloc

Photo: Andrew Burton/Getty Images

EDMONTON – La rebuffade servie par l’administration Obama au projet d’oléoduc Keystone XL, de TransCanada, marque le début d’une nouvelle ère dans le grand jeu politique sur les vastes projets énergétiques, estiment des écologistes et des experts.

Keith Stewart, de Greenpeace Canada, a qualifié la décision de «victoire pour le pouvoir citoyen», qui galvanisera maintenant l’opposition aux autres projets d’oléoducs, comme Énergie Est ou Kinder Morgan. Tous ces oléoducs visent à «sortir» de l’Alberta le pétrole issu des sables bitumineux.

D’après M. Stewart, les opposants aux grands projets ne manqueront pas de citer l’argument du président Barack Obama selon lequel de nouveaux oléoducs contribueront aux changements climatiques, car ils encourageront la production.

En fait, l’administration américaine a surtout estimé que l’oléoduc Keystone XL n’aurait pas contribué de façon importante et durable à l’économie américaine, qu’il n’aurait pas fait diminuer les prix du pétrole (déjà bas) et qu’il n’aurait pas renforcé la sécurité énergétique du pays.

D’après le projet initial de 8 milliards $, l’oléoduc devait acheminer plus de 800 000 barils de pétrole brut par jour vers des raffineries du Texas, à partir des exploitations de sables bitumineux de l’Alberta, en passant par le Montana, le Dakota du Sud et le Nebraska avant de se connecter à des oléoducs existants au sud.

Diane Beckett, directrice intérimaire du Sierra Club, espère que la décision du président Obama servira de modèle au nouveau gouvernement libéral de Justin Trudeau à Ottawa.

Même son de cloche pour Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie à Greenpeace. «M. Trudeau est invité à suivre l’exemple du président américain et reconnaître qu’il faut garder les sables bitumineux dans le sol pour lutter efficacement contre les changements climatiques, comme le réclament la science et la population canadienne», a-t-il écrit dans un communiqué.

«Le message lancé aujourd’hui par le président Obama devrait inspirer notre nouveau premier ministre: la lutte contre les changements climatiques est incompatible avec l’expansion des sables bitumineux. L’opposition aux projets de pipeline, dont Énergie Est, grandit à chaque jour et tout plan climatique qui ne tiendra pas compte de la nécessité de réduire les émissions de carbone issues des sables bitumineux sera voué à l’échec.»

Mark Jaccard, économiste de l’énergie à l’Université Simon Fraser, en Colombie-Britannique, estime que le rejet du président Obama a été causé par la lenteur du gouvernement Harper à poser des gestes concrets afin de lutter contre les changements climatiques.

Alors que les Américains atteignaient leurs cibles de réduction des gaz à effet de serre, le Canada faisait fi de ses propres cibles, et demandait à Washington d’approuver un projet d’oléoduc qui serait le prolongement d’une industrie à fortes émissions, soutient le professeur Jaccard. «Sous Harper, le Canada a traité Obama comme un imbécile.»

Selon lui, la construction de nouveaux oléoducs ne sera possible que si l’on peut réduire les émissions de gaz à effet de serre dans d’autres secteurs de l’activité humaine.

Simon Dyer, de l’Institut Pembina, espère que la décision de Washington poussera le nouveau gouvernement Trudeau à respecter sa promesse d’inclure la notion de réchauffement climatique dans le mécanisme d’évaluation environnementale de l’Office national de l’énergie.

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