Infrastructures: Justin Trudeau maintient le cap
SAINT-ANDREWS, – En dépit d’un dollar canadien qui bat de l’aile et du prix du pétrole en chute libre, le premier ministre Justin Trudeau maintient que les investissements dans les projets d’infrastructures régleront les problèmes économiques du Canada à court et long termes.
Les libéraux avaient d’abord promis qu’ils investiraient 60 milliards $ de plus en 10 ans dans les infrastructures, une somme divisée à parts égales entre les transports collectifs, les projets «verts» et les «infrastructures sociales», comme le logement abordable. Ils promettaient par ailleurs de consacrer à ce programme 17,4 milliards $ pendant leur premier mandat.
Le premier ministre a cependant indiqué lundi que son gouvernement est maintenant prêt à plus de flexibilité, afin de relancer rapidement l’économie.
Encore lundi, la Fédération canadienne des municipalités publiait un rapport qui conclut qu’il faut investir immédiatement dans la plupart des infrastructures du pays afin d’éviter un «déclin rapide» de leur état, mais aussi un accroissement des coûts d’entretien.
Par contre, les municipalités et les provinces ont prévenu les ministres du gouvernement fédéral qu’elles n’auraient peut-être pas les moyens d’assumer leur part des travaux. Avant cette rencontre, tenue dans le cadre de la première réunion cette année du cabinet Trudeau, à Saint-Andrews, au Nouveau-Brunswick, le ministre de l’Infrastructure et des Collectivités, Amarjeet Sohi, indiquait qu’Ottawa ne veut pas être obligé de payer la note des autres partenaires.
M. Trudeau n’a pas voulu élaborer sur les différents scénarios qui s’offrent à son gouvernement pour accélérer son programme d’investissements dans les infrastructures — par exemple: augmenter le plafond du déficit, promis à 10 milliards $. Il a simplement indiqué qu’il avait demandé au ministre des Finances, Bill Morneau, de rédiger un budget «axé sur la croissance mais malgré tout responsable», et que c’est le cabinet qui déterminera la taille du déficit.
La retraite des ministres devait permettre de déterminer les objectifs et les stratégies du gouvernement en cette nouvelle année, alors que l’économie s’avère chancelante. Les libéraux sont censés présenter leur premier budget au mois de mars.
La chef intérimaire du Parti conservateur, Rona Ambrose, a pressé, lundi, le gouvernement libéral de présenter des politiques pour conjurer les effets de la baisse des prix des hydrocarbures. «Ce gouvernement a été élu depuis assez longtemps pour présenter un plan clair afin de réagir à la situation économique actuelle, mais les libéraux de Trudeau ne sont pas du tout pressés d’agir», a-t-elle indiqué dans un communiqué. Mme Ambrose a aussi demandé une rencontre avec le premier ministre, ce que M. Trudeau lui a accordé.
Par ailleurs, dans le délicat dossier des oléoducs, le ministre des Ressources naturelles, Jim Carr, a assuré lundi que les bas prix du pétrole n’allaient pas influencer les plans du gouvernement libéral.
Le prix du pétrole sur les marchés internationaux a décliné tout comme la valeur du dollar canadien, frappant de plein fouet l’économie de certaines provinces, dont l’Alberta. Le marché se prépare désormais à un autre choc, avec l’arrivée du pétrole iranien dans la foulée de la levée des sanctions économiques des États-Unis et de l’Union européenne contre la République islamique.
Le ministre Carr a affirmé lundi que le gouvernement devait composer avec la réalité des bas prix du pétrole dans l’élaboration de son nouveau processus d’évaluation des oléoducs, qui transporteront les hydrocarbures vers les côtes canadiennes, pour exportation. Il a ajouté que les Canadiens devaient avoir confiance dans le processus d’évaluation des projets qui auront des impacts sur les familles, les investisseurs et les entreprises.
Le cabinet a passé la journée de lundi en réunion avant que M. Trudeau et quelques ministres ne prennent la direction de Davos, en Suisse, pour le Forum économique mondial, qui s’ouvre mercredi.