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Les jeunes trans québécois en détresse

Teenager depressed sitting inside a dirty tunnel Photo: Getty Images/iStockphoto

Une étude menée au Québec auprès de 37 jeunes trans révèle que ces derniers vivent beaucoup plus de détresse que les autres jeunes. Cette détresse serait liée à un degré élevé de violence psychologique dans leurs milieux de vie.

L’article scientifique vient tout juste d’être publié dans la revue Santé mentale au Québec, dans un numéro dédié aux identités et aux orientations sexuelles. On y apprend que 70,3% des jeunes trans interrogés, âgés de 14 à 22 ans, ont été victimes de violence basée sur le fait qu’ils ne correspondent pas aux stéréotypes masculins ou féminins les plus répandus.

Tous les jeunes appartenant à une minorité sexuelle ou à une minorité de genre sont particulièrement à risque de vivre de l’intimidation et de la discrimination, selon Martin Blais, professeur de sexologie à l’Université du Québec à Montréal et coauteur de l’étude. Mais les jeunes trans, qui sont de plus en plus visibles dans notre société, sont les plus touchés.

Par ailleurs, 65,6% des jeunes trans ont affirmé avoir reçu des insultes ou des remarques blessantes de la part de leurs parents. «Beaucoup de gens, y compris des parents, adhèrent à des représentations de ce que doivent être les gars et les filles», a expliqué M. Blais à Métro.

Le résultat de ces violences? Environ 73% des jeunes trans vivent de la détresse psychologique, qui est un précurseur des idées suicidaires. Par comparaison, 18,9% des garçons cisgenres (dont le genre correspond à celui qui leur a été assigné à la naissance) interrogés pour l’étude sont aux prises avec une telle détresse.

L’article conclut en disant qu’il est nécessaire d’éduquer le personnel scolaire et les élèves à la diversité des identités de genre. C’est le type de formation qu’offre bénévolement Enfants transgenres Canada, à la demande de certaines écoles. Annie Pullen Sansfaçon, vice-présidente de cet organisme qui aide une centaine de parents d’enfants trans seulement dans la région de Montréal, estime qu’il serait bénéfique de faire une telle sensibilisation à plus grande échelle. «Une ouverture d’esprit dès le plus jeune âge, ça profite à tout le monde», a-t-elle soutenu.

Mme Pullen Sansfaçon remarque également un manque de soutien dans le réseau scolaire et le réseau de la santé pour les parents de jeunes trans, qui se sentent souvent démunis.

Des associations dénoncent un déni d’identité

Plusieurs associations estiment qu’on pourrait diminuer grandement la détresse vécue par les jeunes trans en leur permettant de faire changer leur mention de sexe à l’état civil, un droit pour l’instant réservé aux adultes.

«Quand on nie l’identité trans d’un jeune, on favorise sa discrimination. On le laisse à la merci de chaque individu qui peut l’interpeller avec un nom et des pronoms auxquels il ne s’identifie pas», a déploré hier Gabrielle Bouchard, membre du comité trans du Conseil québécois LGBT.

«Le Québec doit rattraper le temps perdu et proposer un projet de loi dans les plus brefs délais.» – Annie Pullen Sansfaçon, vice-présidente d’Enfants transgenres Canada

Mme Bouchard suggère que les jeunes puissent faire ce changement de façon autonome à partir de 14 ans et avec une autorisation parentale s’ils ont moins que cet âge.

Annie Pullen Sansfaçon, vice-présidente d’Enfants transgenres Canada, est aussi de cet avis. «On demande à ces jeunes de naviguer dans un système scolaire et civil avec des pièces d’identité qui ne sont pas représentatives de qui ils sont, a-t-elle soutenu. Même dans l’école la plus aidante, il est arrivé qu’un remplaçant utilise le mauvais prénom dans la classe. Ça met l’enfant dans une position vulnérable.»

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