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Une liste de 862 questions sans réponse au sujet du pipeline Énergie Est

Pipes laid out for Natural Gas pipeline Photo: Métro

Le Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE) a analysé tous les mémoires déposés dans le cadre des consultations publiques sur le pipeline Énergie Est. Selon le CQDE, il resterait pas moins de 862 questions en suspens, dont la plupart ne font pas partie des demandes gouvernementales faites à TransCanada, le promoteur du projet.

Métro a demandé à Karine Péloffy, directrice générale du CQDE de nous présenter cinq des questions parmi les plus importantes, selon elle. Voici sa réponse:

  • Les 230 questions qui portent sur les gaz à effet de serre, la lutte aux changements climatiques et l’accord de Paris (Questions 569 à 799)

«Le lien entre l’expansion des sables bitumineux et les changements climatiques est une préoccupation claire pour la société civile alors que les informations sur cet aspect sont une lacune béante et que les gouvernements se font compétition pour essayer de ne pas considérer complètement cette question, tout en ayant l’air de le faire», indique Mme Péloffy.

  • Question 669. Pourquoi est-ce que TransCanada souhaite investir dans l’exploitation des produits fossiles alors que la Banque Mondiale ainsi que plusieurs institutions bancaires et financières «recommandent […] de cesser d’investir dans la chaîne d’approvisionnements en sources d’énergie fossile, et que le désinvestissement dans cette industrie devient une vague de fond ralliant un nombre grandissant d’organisations financières majeures» ?

«Le lien entre ces questions (changements climatiques) et la viabilité économique à long terme du projet est un point clef», assure Karine Péloffy.

  • Question 220. «La certification [pour les terres agricoles biologiques n’étant] accordée qu’aux zones de culture respectueuses de l’environnement», les agriculteurs perdant cette certification suite à un déversement seraient-ils dédommagés? Si oui, par qui et de quelle manière?

«Le projet traverse les meilleures terres agricoles du Québec et risque d’affecter disproportionnellement ceux qui se donnent la peine d’adopter une production respectueuse de l’environnement», juge la directrice.

  • Question 53. «Un plan de conservation spécifique au saumon atlantique de la rivière Ouelle a été réalisé par la Société de Gestion de la Rivière-Ouelle (SGRO) en collaboration avec l’Organisme de bassins versants de Kamouraska, L’Islet et Rivière-du-Loup (OBAKIR). L’élaboration de cet ouvrage qui se veut un outil pour les gestionnaires de la rivière s’avérait une nécessité puisque la rivière Ouelle présente des particularités environnementales difficiles en plus de ne pas connaître le nombre de saumons qui revient se reproduire dans la rivière annuellement.» Comment est-ce que TransCanada évitera toute perturbation dans la rivière Ouelle, ainsi que dans les rivières qui y sont affluentes, telles la Grande Rivière et la rivière Chaude?

«Ça me touche vraiment les gens qui se posent des questions hyper précises sur des petits cours d’eau locaux. Si ce projet était localisé à un endroit, l’impact sur le ou les cours d’eau affectés serait documenté précisément… alors que pour Énergie Est c’est comme si en traverser plus de 800 donne une excuse pour ne pas documenter l’impact sur chacun…», croit la spécialiste.

  • Question 144. Pour Énergie Est, TransCanada admet que des fuites de moins de 1,5 % ne seraient pas détectées par les systèmes de détection électronique. La compagnie compte sur d’autres moyens de détection, notamment l’aide des propriétaires de terrains où serait enfoui le pipeline. Or, à moins d’inspections quotidiennes, il peut s’écouler des jours avant que le pétrole remonte à la surface et soit détecté à l’œil nu. Comment faire tout le long des 241 kilomètres de terres agricoles? Encore plus difficile le long des 317 km de milieux boisés, les 91 km de milieux humides et les 7 km de traverses de cours d’eau. Et en hiver, sous la neige et la glace?

«Ça montre que les groupes citoyens font leurs devoirs et sont sérieux. Les consultations publiques, ce n’est pas juste pour « rubber-stamper » l’acceptabilité sociale… il y a une véritable intelligence collective en jeu», dit Mme Péloffy.

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