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Lire sous le soleil de la nuit

FILE - Pierre Bourgault, former advisory to Premier Jacques Parizeau, speaks to a group of sovereigntists at a Bloc Quebecois meeting in Quebec City on Sunday, Feb. 26, 1995. Bourgault, whose lifelong fight for Quebec independence included a stint as head of a hardline party that eventually blended into the Parti Quebecois in the 1960s, died Monday, June 16, 2003. He was 69. (CP PICTURE ARCHIVE/Jacques Boissinot) Photo: Archives Métro

Quand j’ai passé mes premières nuits d’insomnie volontaire, j’avais autour de 13 ou 14 ans et un livre entre les mains. En plein cœur de mes vacances, donc pas d’école le lendemain, assis sur le balcon avec une lampe de poche stratégiquement suspendue à la boîte à lettres. C’est ainsi que je m’évadais. L’ombre bleue, le silence de la rue, le rêve éveillé à atmosphère contrôlée…

Depuis lors, chaque été, plutôt que de me lancer dans les nouveautés, j’en profite pour me replonger dans des livres que j’ai déjà lus et aimés. Moi, mes moments de pause, c’est clair que je n’irai jamais les passer dans des zones à risque.

Je viens tout juste de terminer l’excellente biographie de Pierre Bourgault écrite par le journaliste Jean-François Nadeau (Lux éditeur). D’abord publié en 2007 mais remis à jour pour sa récente réédition en format poche, cet ouvrage nous raconte, bien entendu, le parcours de ce singulier personnage. Bourgault tenait d’ailleurs beaucoup à cette singularité. Il était un homme à part et, jusqu’à sa dernière quinte de toux, il a tout fait pour demeurer dans la marge, ce qui le rendait souvent difficile à suivre. À la fois brillant mais capable de la pire des conneries, d’une amabilité qui n’avait d’égale que sa froideur implacable, charmant comme un prince et bête comme ses pieds, bref, 13 ans après sa mort, l’homme exerce toujours la même fascination.

Au milieu des années 1980, j’ai suivi les cours de Bourgault à l’UQAM. Il y fut, et de loin, le plus efficace des profs. Et le plus régulièrement absent aussi. Pas grave: je lui dois énormément. Et détrompez-vous : non, je ne faisais pas partie de sa cour, qu’il appelait lui-même affectueusement ses «chouchous». Ceux-là – vous les connaissez déjà – ne se font d’ailleurs jamais prier pour faire flasher l’étoile scintillante qui confirme leur statut particulier. On ne leur en tiendra pas rigueur, ça leur fait tellement plaisir…

Au terme de ma lecture, je me suis demandé ce que l’autre Bourgault – l’implacable observateur-chroniqueur – penserait de ce que nous sommes devenus. De l’actuelle course à la direction du Parti québécois. Du PQ tout court. De Couillard et de Barrette. De ce qui se passe ailleurs, de ces attentats à répétition. De cette tension qui oppose la population noire américaine et la police. De Donald Trump et sa terrifiante campagne qui n’en finit pas. Oh! que j’aimerais donc l’entendre commenter tout ça!

Reste le livre. Et ce qu’on est libre d’imaginer.

***
C’est sans aucun plaisir que j’ai rempli mon devoir d’abonné au dernier match des Alouettes. Sur le terrain, l’équipe est encore plus désorganisée que l’an passé, l’ambiance est nulle et, cent fois pendant la soirée, je me suis fait rebattre les oreilles avec un deal extraordinaire pour la prochaine joute. Avec une bière gratuite, si j’ai bien compris. J’en conclus donc qu’il vaut mieux attendre les promotions en cours de saison que de payer le plein prix quelques mois d’avance, comme je le fais depuis 18 ans. Alors, c’est décidé: ma place sera libre l’an prochain. Dommage, j’étais un bon client…

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