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«Le dossier de la santé à Québec, c’est une honte»

Le président du conseil des médecins de l'hôpital de Lachine, Paul Saba, en compagnie du député solidaire Vincent Marissal.
Le président du conseil des médecins de l'hôpital de Lachine, Paul Saba, en compagnie du député solidaire Vincent Marissal. Photo: Clément Bolano, Métro Média

«Le dossier de la santé à Québec, c’est une honte», lâche le Dr Paul Normand, spécialisé en médecine interne. Ce dernier a fait ses études de médecine aux États-Unis avant de revenir dans la Belle Province pour exercer son métier. Il reproche au gouvernement caquiste une vision comptable du dossier.

Je croyais au système de santé public – c’est pour ça que je suis revenu – mais ça coûte cher. Pour quelqu’un comme Legault, c’est de l’argent jeté à l’eau parce il n’y a pas de retour [sur investissement].

Dr Paul Normand, médecin spécialisé en médecine interne à Lachine

Le Dr Normand regrette notamment de ne pas avoir accès à toutes les données médicales d’un patient – ses radiographies effectuées en clinique privée, par exemple – par son simple numéro d’assurance-maladie. C’est ce que proposait la Coalition avenir Québec (CAQ) en campagne avec l’application Votre Santé.

«La CAQ a un objectif mais les moyens pas nécessairement là», reproche cependant Vincent Marissal. Le député de Québec solidaire était à l’hôpital de Lachine ce jeudi, pour «reprendre contact avec le terrain». Celui qui porte la casquette de porte-parole du parti en matière de santé a entamé une tournée de la province pour rencontrer le personnel en première ligne.

Le principal problème se situe dans la privatisation du système à laquelle le parlementaire de Québec solidaire s’oppose. «En santé, la seule annonce [caquiste] à Montréal: Christian Dubé [ministre de la Santé et des Services sociaux] est venu à Anjou pour annoncer deux hôpitaux privés. C’est baveux. Il aurait pu annoncer la reconstruction de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont.»

Mettre fin aux agences de placement

Le secteur de la santé est confronté à une pénurie de main-d’œuvre, particulièrement marquée chez les infirmières. Sur l’intégralité du réseau de la santé, il y aurait 8000 employés de moins en octobre 2022 qu’en septembre 2021, selon des chiffres révélés par La Presse.

«Quand les gens quittent, c’est difficile de les faire retourner [dans le public]. Il faut donner des conditions gagnantes», estime pour sa part le Dr Paul Saba, président du conseil des médecins de l’hôpital Lachine. Il croit que le gouvernement doit être «compétitif», avec des bons salaires, des primes ainsi que des heures flexibles, afin d’éviter la fuite des professionnels vers les agences de placement.

Les agences sont là pour faire du fric car elles savent que le gouvernement est dans la m**de. L’agence tente avec tarifs prohibitifs sur horaires qu’elle choisisse. Elles étaient une solution temporaire, un mal nécessaire, et elles sont devenus maîtres du jeu. On a créé un monstre.

Vincent Marissal, député de Québec solidaire et porte-parole sur le dossier de la santé

Le député de Québec solidaire propose de fixer à trois ans la fin au recours aux agences de placement. Il faut ainsi leur donner «des conditions beaucoup moins avantageuses» tout en rehaussant les conditions de travail du secteur public. Pour cela, la priorité est la fin du temps supplémentaire obligatoire (TSO).

«Le gouvernement doit être flexible avec les conditions de travail tout en offrant des avantages aux travailleurs de la santé qui travaillent, même à temps partiel», insiste le Dr Saba. Pour les quatre prochaines années, le député Marissal veut se battre contre la «privatisation galopante» voulue par la CAQ, inspirée, juge-il, de la réforme Barrette. «Dubé est juste plus habile, c’est la privatisation avec le sourire», lâche-t-il.

Des suggestions sur le long terme

Tout comme le premier ministre François Legault, le Dr Paul Saba voudrait que le gouvernement fédéral augmente sa contribution financière de santé aux provinces de 22% à 35% «immédiatement».

Surtout, il identifie d’autres facteurs pouvant résoudre les problèmes auquel est confronté le système de santé public. Il faudrait selon lui augmenter les placements dans les écoles d’infirmières et d’inhalothérapeutes.

Rappelons que le taux de réussite à l’examen professionnel de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) était de 51% en septembre 2022. «Fournissez immédiatement des examens de rattrapage aux infirmières qui n’ont pas pu réussir les leurs, avec une préparation intensive pour les prochaines semaines. Il faut les aider à se mettre au travail rapidement», tonne-t-il.

Pour réduire les temps d’attentes pour un médecin de famille, le Dr Saba suggère d’«augmenter les inscriptions dans les facultés de médecine» d’au moins 400 places supplémentaires par an.

En outre, quant au comité de crise mis en place par Christian Dubé pour surveiller la situation dans les urgences du grand Montréal, le médecin voudrait que «la moitié des personnes» soient des professionnels de santé. «Les solutions viendront des personnes sur le terrain, et non des administrateurs qui sont souvent déconnectées» de celui-ci.

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