Pour que Montréal ne soit pas Toronto, il faut du logement hors marché, dit QS
Afin que Montréal ne devienne ni Toronto ni Vancouver, il faut construire des logements hors marché à Montréal, estime la co-porte-parole sortante de Québec solidaire, Manon Massé, en entrevue avec Métro. La députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques et son collègue député de Saint-Henri–Sainte-Anne, Guillaume Cliche-Rivard, ont présenté lundi la vision solidaire du logement en milieu urbain devant l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM).
Les deux députés solidaires sont venus présenter leur mémoire lors des séances de consultation de l’OCPM sur le développement du secteur Bridge-Bonaventure. C’était l’occasion pour le parti de gauche de présenter une vision plus globale pour le logement au Québec, en plus d’affirmer l’importance qu’accorde la formation politique aux milieux de vie mixtes et à la présence d’infrastructures de transport actif et collectif.
Ne pas devenir Toronto ni Vancouver
Le logement «hors marché» permettra d’éviter que Montréal ne devienne Toronto ou Vancouver sur le plan des loyers, a défendu Manon Massé, en concluant la présentation du mémoire de QS. La co-porte-parole solidaire n’était pourtant pas encore au courant des propos du premier ministre, François Legault, rapportés par Radio-Canada. Ce dernier a soutenu que si les prix des maisons au Québec étaient plus bas qu’à Vancouver ou Toronto, cela signifiait que le Québec était plus pauvre.
«En 2023, traiter l’habitation comme un bien de consommation comme les autres, c’est totalement inacceptable», s’est indignée Mme Massé, invitée à réagir aux propos de M. Legault par Métro. «De dire qu’il ne veut pas que le Québec reste pauvre, c’est dans les faits ne pas reconnaître qu’il ne veut pas augmenter le salaire minimum à plus de 15,25 $», a-t-elle continué.
Si les élus de QS ont surtout plaidé pour du logement «hors marché» dans Bridge-Bonaventure, ils pensent que cet enjeu touche toute la métropole ainsi que le Québec dans son ensemble.
Utiliser les terrains déjà acquis
«Dans ce secteur, tous les terrains publics et parapublics doivent devenir des logements hors marché», a déclaré le député de Saint-Henri–Sainte-Anne, où la majorité des développements projetés se situent. «C’est la responsabilité de Québec», a surenchéri Manon Massé, expliquant que les terrains de Loto-Québec et de la Société immobilière du Canada (SIC) «appartiennent déjà [aux Québécois]».
Effectivement, Loto-Québec et la SIC sont deux organismes publics ou parapublics, provincial et fédéral, qui possèdent des terrains dans le secteur Bridge-Bonaventure. Pour les deux députés solidaires, créer du logement hors marché permet de créer des logements qui appartiennent à la communauté, et ce, «pour le reste de l’existence de l’humanité», s’est enthousiasmée Mme Massé.
Bâtir des communautés
Des infrastructures en transport actif doivent aussi être ajoutées à tout projet dans Bridge-Bonaventure, croient les deux députés de Montréal. Guillaume Cliche-Rivard a assuré que QS était en faveur d’une station du REM dans le quartier après qu’une commissaire de l’OCPM lui a demandé de préciser la position de son parti sur cet enjeu. De plus, si la formation politique refuse de s’exprimer sur les cibles de densité et le type de logements à favoriser dans Bridge-Bonaventure, Guillaume Cliche-Rivard a tout de même dit vouloir que le quartier se construise à «échelle humaine».
Par échelle humaine, le député local entend que des services de proximité – commerces, centres communautaires, écoles, bibliothèques – soient inclus dans les projets de développement. «Les écoles de Pointe-Saint-Charles sont déjà surchargées», a-t-il soutenu, tandis qu’une école se fait toujours attendre dans Griffintown, secteur développé récemment. «On construit pour les 50-100 prochaines années», a-t-il interpellé les commissaires de l’OCPM.
Cette longévité et cette résilience des communautés qui seront bâties à Bridge-Bonavanture faisaient également partie des arguments avancés par Manon Massé, qui a affirmé qu’un quartier devait être construit comme un écosystème, dont la biodiversité permet le développement. «Lorsqu’on installe des infrastructures en éducation et en culture, on s’assure d’une continuité de nos communautés», a déclaré la députée montréalaise.