Soutenez

David Ayer : «J’ai toujours trouvé les superhéros un peu ennuyants»

Photo: Warner Bros

Le réalisateur David Ayer voulait que les acteurs s’oublient dans leurs personnages de Suicide Squad (L’escadron suicide) – ce qui explique peut-être pourquoi Jared Leto, qui joue le Joker, a donné un serpent vivant à Jimmy Fallon au Tonight Show. Ayer, à qui on doit aussi Fury et End of Watch, raconte à Métro pourquoi il a voulu que ses acteurs se connectent à leurs expériences passées pour teinter leurs rôles d’honnêteté – et d’émotions.

Vous avez une vision qui s’exprime dans toute votre œuvre, et vous avez une fascination pour les personnages cinglés. Comment avez-vous imaginé ces personnages formant une équipe?
J’étais en train de terminer Fury, et je voulais me mettre au défi et me faire peur. Je suis allé aux studios Warner Brothers, et Greg Silverman m’a parlé de Suicide Squad – je savais qu’il y était question d’une bande de méchants car j’avais lu les comics quand j’étais petit. Et j’ai toujours trouvé les superhéros un peu ennuyants car ils sont gentils, ils essaient toujours de faire la bonne chose, alors que les méchants sont imprévisibles et mystérieux. Et c’est comme ça que je me suis retrouvé à la tête du projet.

Le scénario et la réalisation ont-ils évolué au fil du tournage?
Je crois qu’un tournage est un processus vivant. C’est comme si on faisait un film différent à chaque jour. Ça change constamment et un scénario n’est jamais parfait; ce qu’on tourne n’est jamais parfait non plus, ni ce qu’on monte, parce qu’en tant que scénariste et réalisateur, je comprends le film dans sa globalité. Je comprends le scénario et je peux le changer, je comprends les connexions donc je peux enlever des répliques ou en réécrire certaines sur le plateau, en sachant que tout va fonctionner ensemble. Ça aide; c’est comme avoir une carte dans sa tête.

Composer avec différents acteurs qui ont différentes méthodes de travail – comme Jared Leto, qui dit ne jamais répéter – a rendu le processus plus difficile pour vous?
Je savais qu’il avait son propre style. Chaque acteur est différent, et je dois donner à chacun ce dont il a besoin. Dans ce cas-ci, il a répété avec Margot [Robbie], parce qu’ils ont des scènes assez maniaques où ils ne pouvaient pas se surprendre. C’est comme un mariage arrangé. Jared est très logique, il veut tout comprendre et il fait beaucoup de recherche, alors ça lui a pris longtemps à se préparer. Quand il a finalement trouvé son rire de Joker, il m’a appelé et m’a dit : «Écoute ça», a ri dans le téléphone, et j’ai dit : «C’est bon, tu l’as». C’était beaucoup plus facile après ça. Ç’a été un long processus.

À part les bandes dessinées, qu’avez-vous utilisé comme références?
J’ai vu The Dirty Dozen, Yojimbo de Kurosawa, [Andrei] Tarkovsky… Je voulais une facture de film classique. Je trouve que parfois, les films basés sur des comics sont un peu mécaniques, et je voulais que celui-là ait une âme, qu’il soit coloré, visuel, beau. Nous avons travaillé très fort pour qu’il ait cette allure. Ça ne ressemble à rien d’autre.

Les acteurs disent que vous avez utilisé des informations personnelles pour les aider à se mettre dans la peau de leurs personnages…
Pendant les répétitions, tout le monde parle de son passé et de sa vie. L’instrument d’un acteur, c’est son corps, son esprit, son âme, son cœur. Alors si on sait ce qu’il y a là-dedans, on sait quels outils s’y trouvent, et on peut les guider à travers leurs émotions. Pourquoi faire semblant quand on peut ressentir pour vrai? Si on peut teinter une performance d’une émotion vraie qui vient de quelque chose de vécu, et que ça fonctionne dans la scène, on sent l’honnêteté; c’est la meilleure façon de procéder. C’est le pouvoir de ce qu’ils font, et c’est ce que j’aime faire : essayer de trouver une vérité dans une performance.

Désiriez-vous mettre de l’avant des femmes fortes avec des personnages comme celui d’Amanda Waller (Viola Davis)?
J’adore Amanda Waller, parce qu’elle est une femme noire, qui a grandi dans un milieu pauvre au sein d’une famille où régnait la violence. Elle a réussi à aller à l’école par ses propres moyens, elle a fini par travailler pour le gouvernement et a grimpé les échelons du pouvoir. Il y a quelque chose de chouette dans ce genre de personnage et dans cette histoire en particulier, parce qu’elle doit être plus brillante que tous ces supervilains et les contrôler. Viola est une actrice tellement talentueuse et puissante que je pense qu’elle va en surprendre plus d’un, et qu’ils vont respecter son rôle.

À la fin du film, il y a une apparition d’un superhéros bien connu. Ça veut dire que vous êtes prêt pour une suite?
La porte est ouverte pour une suite, mais voyons d’abord comment ça se passe pour le premier!

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.