Charlize Theron sur Girlboss: «L’avenir est féminin»
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Actrice prolifique depuis plus de 20 ans, Charlize Theron porte maintenant le chapeau de productrice pour Girlboss, une nouvelle série Netflix qui a pour but d’inspirer les jeunes femmes à poursuivre leurs rêves.
De Monster (2003), film qui lui a valu un Oscar, à Young Adult (2011), Charlize Theron a toujours exploré des rôles féminins atypiques. Elle est maintenant aux commandes de l’adaptation au petit écran de Girlboss, une adaptation de l’autobiographie de Sophia Amoruso, fondatrice de la chaîne de vêtements en ligne Nasty Gal.
Métro a rencontré Charlize Theron afin de discuter de l’évolution des rôles féminins et de ce qui l’a motivée à transposer à l’écran un personnage aussi atypique.
Comment avez-vous eu l’idée de transposer le livre en série télé?
Ce livre avait immédiatement attiré mon attention avec sa couverture rose et l’image de Sophia dessus. Je me rappelle avoir été surprise qu’il ne s’agisse pas d’une biographie classique mais de courts récits sur la vie d’une femme qui me semblait très amusante. La jeune femme en moi a été un peu jalouse: j’aurais aimé vivre quelque chose de semblable dans la vingtaine. J’ai bâti ma carrière sur des rôles de femmes blessées, alors j’ai une affinité particulière pour ce personnage, qui a plusieurs dimensions. Notre série est fondée sur des événements réels, mais ce n’est pas un hommage à sa vie. C’est plutôt une base sur laquelle nous avons bâti une histoire qui pouvait se tenir toute seule.
Pourquoi Netflix est-il la bonne plateforme pour ce projet?
Après avoir acquis les droits du livre, nous avons présenté le projet ailleurs. Après notre première réunion, le feedback a été horrible. La plupart des personnes présentes étaient des hommes. Je me souviens d’avoir discuté avec Kay Cannon [la créatrice de l’émission], une des personnes les plus optimistes que je connaisse, qui a tenté de voir si on pouvait faire des ajustements. Je lui ai répondu : «Non, nous ne ferons rien de tout ce qu’ils nous ont dit.» Nous avons alors décidé d’aller voir Netflix, parce que c’est le seul endroit où nous pouvions présenter une approche réaliste de la vie sans être contraints par une structure.
Netflix vous a-t-il appuyée?
Dans l’industrie, on se soucie énormément de présenter un personnage principal qui puisse plaire au public. Mais est-ce que ç’a empêché Robert De Niro de faire Taxi Driver ou Jack Nicholson de tourner The Shining ? En vérité, on ne traite pas les personnages féminins de la même manière. Pourtant, au cours des 20 dernières années, j’ai remarqué que le public est beaucoup plus connecté à la réalité des femmes, à leurs blessures, leurs forces et leurs complexités. Les femmes s’identifient beaucoup plus à cela; l’ensemble de la société aussi. C’est pour cette raison que nous devons présenter de vraies femmes à l’écran. Je crois que les jours de la femme parfaite sont déjà derrière nous. Nous, les femmes, avons accepté que nous avons des défauts et faisons des écarts de conduite. Netflix nous appuie dans cette voie. Nous n’avons jamais subi de censure de leur part et ils ne nous ont jamais freinées dans notre exploration de la nature humaine.
«J’aime le fait que Girlboss montre des femmes qui tentent de se trouver, des adolescentes qui deviennent des adultes. On ne fait pas de sermons, seulement une émission amusante, qui montre que, homme ou femme, il faut parfois se casser la gueule avant de réussir. Je suis très heureuse que les jeunes filles puissent regarder ce genre d’émission.» – Charlize Theron, productrice de Girlboss
Selon vous, quel est l’effet de Girlboss à une époque comme la nôtre?
Je crois fermement que l’avenir est féminin. Les femmes correspondent à la moitié de la population mondiale, et pourtant, nous sommes moins éduquées que les hommes et traitées comme des citoyennes de deuxième classe. Je crois qu’il est très important de dire aux jeunes femmes, au bon moment et au bon âge, qu’elles peuvent réussir tout ce qu’elles veulent. Le changement est à portée de main puisque nous prenons conscience qu’il dépend d’abord de nous. Une fois que les jeunes filles seront éduquées et pourront contribuer pleinement à la société, elles seront une force impossible à arrêter.
Les personnages que vous avez joués peuvent-ils aider les femmes du monde entier à devenir ce qu’elles souhaitent être?
Lorsque j’ai commencé dans le métier, plusieurs jeunes actrices étaient choisies pour jouer les épouses ou les potiches. J’avais l’impression d’être à la merci des scénaristes pour changer tout ça. Je crois maintenant que la génération actuelle va changer les choses. De nos jours, il y a beaucoup plus d’histoires intéressantes où les femmes sont au centre de l’action. C’est très excitant. C’est également inspirant de voir, grâce au streaming, ce qui se fait dans d’autres pays comme le Mexique ou l’Iran. Et ça me motive pour rester au plus haut niveau.
Une équipe essentiellement féminine
La série Girlboss est inspirée du livre du même nom écrit par Sophia Amoruso, la créatrice de la plateforme de vente en ligne de vêtements Nasty Gal. L’action est centrée autour de Sophia (interprétée par Britt Robertson), qui après avoir débuté sa carrière en vendant des vêtements usagés sur eBay, devient propriétaire d’un véritable magasin en ligne.
L’émission est produite par Charlize Theron, Laverne McKinnon, Sophia Amuroso et Kay Cannon (en photo), qui est aussi la scénariste.
Elles ont parlé avec Métro des intentions derrière cette série et des leçons qu’elles en ont tirées.
Qu’avez-vous appris en travaillant sur ce projet?
Brit Robertson: J’ai beaucoup appris sur les vêtements. Quoique j’en connaissais déjà beaucoup sur le sujet. [Rires]. En fait, j’ai appris les mêmes choses que mon personnage: prendre le contrôle de sa vie et cesser de se soucier de ce que les autres pensent. C’est un rôle extrêmement libérateur.
Girlboss est un projet bâti par une équipe essentiellement féminine. Pensez-vous que cela peut limiter la portée de la série à un auditoire uniquement féminin?
Kay Cannon: J’ai écrit les films Pitch Perfect et c’était également une préoccupation à cette époque. Pourtant, on a réussi à rejoindre un vaste public et on a fini par faire plusieurs suites. Je crois que c’était parce que le film était drôle et qu’il prouvait que les femmes aussi pouvaient être comiques et faire rire les hommes. J’espère que cette série aura le même impact. L’expérience vécue par Sophia est une expérience universelle qu’on peut comprendre à tout âge, peu importe notre genre. Le sentiment de découvrir sa voie et sa vie, c’est une idée qui peut intéresser tout le monde. Les trentenaires et les quadragénaires voudront également revivre ce qu’ils ont traversé il y une dizaine d’années.
Est-ce étrange pour Brit et Sophia de se voir l’une dans l’autre?
B.R. : C’est très bizarre.
Sophia Amuroso: C’est le genre de choses très étranges qui arrivent dans une vie. Ce n’est pas comme si j’avais voulu qu’on fasse une série sur ma vie. C’est plutôt que Charlize a lu le livre et a décidé d’en faire une série télé. Quand ce genre de choses arrive, on ne peut pas refuser.
Qu’est-ce que Brit et Sophia ont en commun?
K. C.: Comme observatrice, je peux dire que ce sont deux femmes très menues. Pour des raisons obscures, peu importe leurs âges, il est facile d’oublier que ce sont des adultes. Elles ont chacune une énergie incroyable et une naïveté qui vient peut-être de la façon dont le monde extérieur les perçoit. Lorsque vous êtes dans la vingtaine et que les gens vous parlent comme si étiez encore un enfant, vous devez vous battre pour prendre votre place. Elles ont cette détermination en commun.
Quel message avez-vous à donner à toutes ces jeunes femmes qui traversent cette période difficile de leur vie?
K. C: J’espère simplement que l’émission va inspirer les gens. Qu’ils ou elles seront capables d’affronter leurs peurs, de prendre la chance d’échouer, de faire des erreurs. Plus que jamais, je crois que c’est le bon moment pour raconter ce type d’histoire et j’espère que ce que nous disons va trouver une résonance dans le cœur des gens, et pas seulement des jeunes.
L’un des éléments les plus importants dans les premiers épisodes est la crainte de Sophia de ne pas trouver ce qu’elle veut faire de sa vie. C’est le genre de choses auxquelles les hommes et les femmes peuvent s’identifier…
B. R.: Oui, bien sûr! Sophia a un bon père, qui se soucie d’elle et met beaucoup d’efforts à tenter de l’aider, mais qui ne sait pas comme le faire. Il ne la comprend pas et elle ne parvient pas à lui expliquer ce qu’elle vit. C’est comme s’il y avait une barrière entre les deux qui les empêchait de communiquer. C’est un moment important de la série et l’un des buts de Sophia sera justement de découvrir comment améliorer sa relation avec son père et de développer un lien plus fort avec lui.
Sophia peut d’ailleurs être très méchante avec son père, sans avoir l’intention de le blesser…
K. C.: Lorsqu’on est perdu, on peut réagir de plusieurs façons. Pour Sophia, c’est se mettre en colère et être méchante, même si ça provoque des regrets. Lorsque j’ai défini ce personnage, je voulais qu’elle soit brillante, mais aussi stupide à l’occasion, comme tout le monde l’est à 20 ans. À cet âge, on pense qu’on sait tout, mais ce n’est évidemment pas le cas.
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