Soutenez

Desjardins pour toujours

Photo: Montage Steve Côté/Collaboration spéciale

En 1990, année de la sortie de l’album Tu m’aimes-tu, le Québec a réalisé ce que l’Abitibi savait depuis longtemps: 
Richard Desjardins est un de nos plus grands poètes, un de nos plus grands musiciens. Vingt-sept ans plus tard, Steve Jolin, fondateur de 117 Records et de Disques 7ième Ciel, un gars du même coin que notre troubadour des carottes polaires, 
sort la compilation hommage Desjardins, un album pour tous, mais qui a le cœur bien planté à Rouyn-Noranda.

«Richard, c’est le premier que je ne voulais pas décevoir», a reconnu M. Jolin, attablé au Verre Bouteille, bar de l’est du Plateau. Le producteur de disques et rappeur des bois à ses heures, sous le pseudo Anodajay, s’était déplacé à Montréal pour faire la promotion de son petit nouveau, consacré au vénérable du sommet artistique de l’Abitibi.

«Il y a une pression quand tu fais du Richard Desjardins que tu n’as pas lorsque tu fais tes propres trucs. Quand tu reprends un monument, 
faut pas que tu te casses la gueule.» – Steve Jolin

Un coin de pays qu’il refuse de quitter, même si son boulot serait parfois plus simple s’il était basé dans la métropole. «Évidemment, ça me fait bouger beaucoup, a-t-il expliqué. J’aurais pu, pour des choix stratégiques et économiques, m’installer à Montréal, mais j’ai décidé de continuer à faire mes affaires de 
là-bas et je ne le regrette pas.»

C’est d’ailleurs en tant que fier Rouynorandien qu’il a approché Richard Desjardins quand l’idée d’une compilation a germé dans son esprit. «Je lui ai écrit en disant que j’étais un gars de Rouyn qui voulait faire un album hommage avec des artistes sur qui il avait eu une influence. Quelques jours plus tard, j’avais le feu vert.»

«Je voulais impliquer le plus de gens de Rouyn possible, a-t-il ajouté. Desjardins est un artiste important pour le Québec en général, mais il est une immense fierté pour nous.»

Puisant donc dans le talent de la place, M. Jolin a confié la réalisation à Philippe B, auteur-compositeur-
interprète lui aussi originaire de Rouyn, qu’on peut entendre sur l’album (Y va toujours y avoir). «Je lui ai donné une wish list d’artistes que je souhaitais voir participer au projet», a dit M. Jolin.

Philippe B a assemblé le crew en plus de s’atteler à la difficile tâche de piger des chansons dans le vaste répertoire de Desjardins qui conviendraient bien aux musiciens ayant accepté de se lancer dans l’aventure. La liste est belle et éclectique (Safia Nolin, Koriass, Fred Fortin, Keith Kouna, Les sœurs Boulay, etc.), et les mariages chansons-chanteuses(eurs) sont inspirés.

Steve Jolin

Pas de copie
La version blues de Tu m’aimes-tu de Fred Fortin, accompagnée d’un clip tout abitibien, est parue un peu moins d’un mois avant la sortie de l’album et a rassuré les fans. Les chansons étaient entre de bonnes mains. Le rockeur à calotte de tracteur du Lac n’est pas le seul à s’être approprié le matériel de Desjardins. Le ton un peu solennel que Klô Pelgag et que Philippe Brach donnent à Les yankees, le côté rock de party de 
Le bon gars, interprété par Matiu, la douceur de Safia Nolin sur Va-t’en pas, M’as mettre un homme là-d’ssus rappé par Koriass. Du gros bonbon.

«L’idée n’était pas d’imiter Richard, a indiqué M. Jolin. Nous ne voulions pas faire de covers ni engager un house band qui allait jouer pour tout le monde. Nous disions à chacun des artistes : «Voici la chanson que tu as à faire. Tu la montes et tu l’amènes à ta façon».»

Une approche qui a su plaire à l’auteur de tous ces classiques, qui est présentement en France. Sa réaction a été courte, mais a fait plaisir au producteur du disque. Une simple ligne : «Reçu en plein cœur.» Même par courriel, Richard Desjardins ne fait pas les choses comme les autres.

Nouvelles oreilles
Richard Desjardins a beau rouler sa bosse depuis les années 1970, la compilation propagera sa poésie à de nouvelles oreilles.

«C’est intéressant de s’adresser aux fans des artistes qui participent à la compilation pour leur faire connaître Desjardins, a indiqué M. Jolin. Émile Bilodeau [qui interprète Le chant du Bum] a 22 ans. C’est tout à fait possible que ses fans ne connaissent pas Desjardins.»

En spectacle
Le concert inspiré de l’album 
ouvrira le Festival d’été de Québec, le 
6 juillet.

«Nous aimerions amener le spectacle à Rouyn, a dit M. Jolin. C’est une grosse production qui implique beaucoup d’artistes. Nous ne pouvons pas nous permettre de faire des spectacles partout.»

D’autres dates pourraient s’ajouter. Peut-être à Montréal. Qui sait?

 

Desjardins,

offert dès vendredi

sous étiquette 117 Records

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.