Métro au 7e ciel
Cette semaine, on craque pour… Belladonna of Sadness, Cell Phone 1, de Co/ntry, The Circle, Slava’s Snowshow, Histoires à plumes et à poils, Le banquet de la mémoire, Bill Nye Saves the World.
Et on se désole pour… La joute identitaire de la CBC
1. Belladonna of Sadness
Le Cinéma du Parc poursuit son solide cycle de projections nocturnes avec Belladonna of Sadness, d’Eiichi Yamamoto. Produit par feu le studio Mushi Production, ce film d’animation érotique paru en 1973 est un périple psychédélique et hallucinatoire; un déferlement de couleurs, en alternance sombres et oppressantes, douces et délavées. Porté par la riche trame sonore du pianiste jazz Masahiko Satoh, le récit se concentre sur une femme aux grands yeux tristes et à la chevelure interminable, qui conclut un pacte avec le diable. Enveloppé dans un climat suffocant et nocturne, l’ensemble est fait de malheurs à répétition, de marée noire, de destruction, d’effondrement, de liquéfaction, de complaintes lointaines, mais aussi de séquences d’amour, de désir, d’abandon. Présenté en version originale japonaise restaurée, avec sous-titres anglais, ce soir et demain à 23 h 30 et dimanche à 14 h 30. (Natalia Wysocka)
2. Cell Phone 1, de Co/ntry
Artiste multidisciplinaire et restaurateur accompli (il est derrière le Bethlehem XXX), Beaver Sheppard tâte également de la musique en compagnie de son compatriote terre-neuvien David Whitten avec le projet Co/ntry. Dans ce deuxième album, le duo explore joyeusement l’ensemble du spectre de l’electro-post-punk. On passe donc de pièces très crues comme Cash Out, où se mêlent guitare stridente, basse lourde à la Joy Division et bidouillages électroniques, à d’autres beaucoup plus légères qui mettent en valeur la voix de fausset de Sheppard. La très dansante Too Much, avec un son très 1980, n’est pas sans rappeler un autre duo montréalais (Chromeo), tandis que la suave Living in a Body évoque un certain monarque de la pop (Prince). Hommage ou pastiche? On ne sait pas trop, mais on peut dire que c’est réussi. (Benoit Valois-Nadeau)
3. The Circle
«Savoir, c’est bien. Savoir tout, c’est encore mieux.» Dur d’être contre un tel énoncé. Mais à quel prix? Et qu’est-ce que ce «savoir tout» inclut, exactement? Démonté en pièces par la critique américaine, The Circle nous a pourtant semblé être un portrait prenant, et assez juste, de la dualité induite par la technologie. D’un côté, les amis, la communication, les liens partout dans le monde. D’un autre, ces grandes compagnies qui récoltent des données personnelles pour les exploiter à leur avantage. Réalisée par James Ponsoldt, cette adaptation du roman de Dave Eggers met en vedette une Emma Watson optimiste, un peu naïve, représentative de son époque. Pourtant, le long métrage peine à trouver son public. Peut-être parce que les choses ne sont pas expliquées? Peut-être parce qu’il est impossible de le faire? Peut-être, enfin, parce que le film dit essentiellement que c’est aussi de notre faute, à nous les usagers? Beaucoup de notre faute? Encore en salle. (Natalia Wysocka)
4. Slava’s Snowshow
Je suis retombée en enfance au visionnement du Slava’s Snowshow! J’avais le sourire fendu jusqu’aux oreilles tout le long de la (trop) courte représentation de cette création poétique de l’artiste russe Slava Polounine qui fait le tour du monde. On se croirait en plein rêve absurde où des clowns idiots, mais hyper attachants, font des pitreries. L’expérience est surprenante surtout lorsque les bouffons interagissent avec la foule, en marchant sur les sièges ou en lançant des confetti. La scène finale où la foule se fait «enneiger» sur Carmina Burana est magique! Présenté au Théâtre St-Denis jusqu’au 21 mai. (Rachelle Mc Duff)
5. Histoires à plumes et à poils
Une pièce de théâtre dont le héros est un œuf, c’est pas commun, même si elle s’adresse aux 4 à 8 ans. Un œuf tombé du nid qui se balade de tube en tube sans que les deux comédiens arrivent à le remettre dans le nid, même en se déguisant en animaux. «Je préférais le moment où ils faisaient le chameau parce qu’ils arrêtaient pas de se chicaner : c’est de ta faute ou tu me fatigues», raconte Anaïs, chroniqueuse aux Affaires enfantines chez Métro. [Note au lecteur : pas la peine d’appeler la DPJ, notre chroniqueuse n’est pas en train de faire de la projection.] À la Maison Théâtre jusqu’au 14 mai. (Mathias Marchal)
6. Le banquet de la mémoire
Faire monter sur scène, devant 650 spectateurs, des patients partenaires en santé mentale qui ont eux-mêmes écrit leurs textes, c’est de la haute voltige. Même quand la mise en scène est signée Lorraine Pintal et que les participants sont accompagnés par le comédien Marc Béland. Selon une source proche du dossier, le résultat final de cette quatrième édition sera impressionnant. Petit échantillon EXCLUSIF, signé Marie-Diane Lee : «Ils arrivent avec leur argent et partent avec le nôtre/Construisent leur empire avec le salaire des autres/Ils transforment nos villes en contrées sans essor/Parient nos espoirs et nos vies au jeu de la Mort.» À l’Institut universitaire en santé mentale lundi à 19 h. Premier arrivé, premier servi! (Mathias Marchal)
7. Bill Nye Saves the World
Bill Nye est là pour sauver le monde à coups de science, de bon sens et d’empathie. Trois trucs plutôt utiles en 2017. Dans sa nouvelle série produite par Netflix, Bill Nye Saves the World, le vulgarisateur scientifique et ancien animateur télé pour enfants s’attaque à des sujets comme les changements climatiques, les vaccins et les remèdes bidon alternatifs. Un épisode sur la diversité sexuelle inclut une vidéo d’animation se moquant des thérapies de réorientation sexuelle en mettant en scène une orgie de crème glacée.
(Mathieu Horth Gagné)
MÉTRO EN ENFER
La joute identitaire de la CBC
Chaque année, la couverture des séries de la LNH par la CBC est impeccable. Mais chaque année, on essaie d’imposer l’idée on ne peut plus suspecte que l’ADN des Canadiens est assemblé avec du tape à bâton et des lacets de patins. Tout, des commentaires aux publicités en passant par les montages vidéo, cherche à nous convaincre qu’il n’y a rien de plus patriotique que de regarder un match entre deux équipes américaines bourrées de joueurs européens. D’où vient cette obsession essentialiste et malsaine de la société d’État à vouloir lier le hockey et l’identité?
La fédération ne tient-elle qu’à ça? (Maxime Huard)