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L’ambiguïté de Rachel Weisz

Photo: Collaboration spéciale
Matt Prigge - Metro World News

Rachel Weisz aime quand le public est ambivalent à l’égard de ses personnages. Elle-même n’est pas toujours sûre de
les aimer.

Elle a notamment une relation complexe avec Tessa Quayle, la militante qu’elle a jouée dans The Constant Gardener, le rôle qui lui a permis de décrocher un Oscar il y a 10 ans.

«Elle était dans une croisade morale, mais elle était plutôt chiante comme personne, foncièrement irritante et totalement imparfaite, explique l’actrice en entrevue avec Métro. C’est ce que j’aimais à propos d’elle. Moralement, elle avait raison, sans être un ange. Elle était une vraie personne.»

L’actrice de 47 ans se réjouit de la réception positive de son nouveau film, My Cousin Rachel. Elle y joue le rôle principal, celui d’une femme mystérieuse du XIXe siècle qui a peut-être (ou pas) tué son mari. Le cousin de ce dernier, Philip (Sam Claflin), la croit coupable, jusqu’au moment où il la rencontre. Vite charmé, il tombe amoureux d’elle. Cela dit, il pourrait très bien être sa prochaine victime. Nous passons tout le film à nous demander si elle l’a fait ou non.

«Est-elle coupable ou non? J’ai pris une décision à ce sujet, dit Weisz. Le réalisateur [Roger Mitchell] a préféré ne pas connaître ma décision. C’était un mystère pour lui, ce qui a rendu le jeu encore plus amusant.»

Et elle refuse de nous le dire. Elle préfère savoir ce que les cinéphiles en pensent. «Les gens analysent cette dame de façon différente, a-t-elle indiqué. J’ai parlé à des personnes qui croient que son charme et sa chaleur ne sont qu’une façade et qu’elle n’est pas digne de confiance. D’autres voient une femme libre et indépendante victime de ragots et de malentendus. Les deux analyses sont valides, ce qui me ravit.»

Peu importe la conclusion des spectateurs, My Cousin Rachel, inspiré du roman de Daphne du Maurier publié en 1951, explore le traitement réservé aux femmes de l’époque.

«Ces rumeurs la suivent parce qu’elle est différente, affirme Weisz. Elle ne correspond pas aux standards de son époque. Elle a des mœurs différentes, elle voit le mariage d’une autre façon que ses contemporains. Elle est indépendante. C’est pourquoi elle est victime de commérages. La même chose lui arriverait aujourd’hui, soyons honnêtes.»

«Certains personnages sont tellement parfaits que ça devient difficile d’y croire.» – Rachel Weisz

Selon Rachel Weisz, les femmes d’aujourd’hui ne sont pas traitées de manière si différente que dans My Cousin Rachel. La société tend encore à voir les personnes qui ont deux chromosomes X comme des êtres inférieurs.

«C’est comme si les femmes étaient une petite minorité. Pourtant, nous composons la moitié de la planète», dit-elle.

Des blockbusters à sa façon
Même lorsque l’actrice anglo-américaine joue dans un film à grand déploiement hollywoodien, elle ne se contente pas de rôles ennuyants. On le constate dans son plus gros film, The Mummy, paru en 1999. Elle y campe le rôle d’Evelyn Carnahan, une geek à l’enthousiasme débordant, qui vole souvent la vedette au personnage principal, joué par Brendan Fraser, et aux effets spéciaux.

«Une bibliothécaire dans un film d’action: je trouvais la combinaison parfaite dans sa contradiction», se souvient-elle. L’actrice est heureuse qu’Evelyn ne soit pas la seule nerd à être devenue une héroïne d’action. «J’ai récemment vu le dernier Pirates of the Caribbean et on y voit une astronome canon [jouée par Kaya Scodelario]. On dirait que l’idée revient en force.»

L’ère post-vérité

L’ambiguïté qu’on trouve dans My Cousin Rachel, le plus récent film de Rachel Weisz, semble encore plus marquante maintenant que nous vivons dans l’ère post-vérité.

Un monde où on ne sait pas si le président des États-Unis est une marionnette contrôlée par la Russie et où Kellyanne Conway utilise des termes comme «faits alternatifs». «Nous vivons à une époque incertaine», reconnaît Weisz. Cela dit, elle refuse de ne consommer que l’information offerte par ceux qui partagent ses convictions. «Parfois, je regardais [Bill] O’Reilly pour le fun, raconte-t-elle en riant. C’est fascinant d’écouter quelqu’un avec qui on n’est pas du tout d’accord.»

Weisz se dit «prudemment optimiste» quant à l’avenir. «Ça ne peut pas durer toujours, a-t-elle dit. Je comprends que les dommages faits à la planète sont irréversibles, mais cette période prendra fin. Il y a toujours des changements dans l’histoire et les gens finissent par s’en sortir. J’essaie juste de mettre les choses en perspective.»

Mais elle n’est pas toujours aussi positive. «Le Brexit, c’est comme la mort. On ne peut pas revenir en arrière. C’est comme un décès dans la famille, quelque chose qu’on a perdu pour toujours.»

My Cousin Rachel est présentement en salle.

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