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Liam Gallagher: «Même moi, je ne me comprends pas»

Photo: Josie Desmarais

Liam Gallagher porte une réputation incendiaire. Quand on le rencontre, il porte aussi ses éternelles lunettes fumées et un long manteau Stone Island qu’il a acheté le matin même. Les t-shirts sur scène, il n’aime pas ça. Il préfère «les vêtements douillets». C’est, du reste, peut-être le seul aspect visiblement douillet du membre fondateur d’Oasis. Enfin, d’ex-Oasis. Ou de peut-être Oasis un jour. Le chanteur est connu pour ses humeurs changeantes, les batailles avec son grand frère Noel. Pourtant, là, il plane. Son set à Osheaga «était correct, man». Même si, ajoute-t-il de son magnifique accent de Manchester, «rien n’est parfait». Rien? Jamais? Vraiment? «Nah. Jamais. Et rien ne devrait jamais l’être non plus.»

L’an dernier, Netflix a produit le documentaire Supersonic, qui retraçait votre vie et celle de Noel, puis les débuts d’Oasis, jusqu’à l’année phare du groupe, 1996. Avez-vous l’impression que ce film a permis à davantage de gens de mieux vous comprendre en tant que personne, en tant qu’artiste?
Hmm, je n’en suis pas sûr… Je ne sais pas. Peut-être qu’ils me comprennent un peu plus. Mais même moi, je ne me comprends pas, tu vois ce que je veux dire? Alors, je leur souhaite bonne chance! Moi, je sais quel est mon but. Je ne suis pas là pour être excité, hop-la-vie. Je ne suis pas un excité hop-la vie. Mais c’était un bon documentaire. Je l’ai aimé. Je suis content qu’on l’ait fait.

Vous vendez un t-shirt avec l’inscription «Who the fuck is Liam Gallagher?», clin d’œil au célèbre t-shirt de Keith Richards, sur lequel on peut lire «Who the fuck is Mick Jagger?». Vous posez-vous parfois cette question? Qui suis-je? 
Ou l’avez-vous toujours su?
Ah, complètement! Je sais qui je suis, mais… c’est l’œuf ou la poule, non? Qu’est-ce qui est venu en premier? Moi me posant cette question ou moi y répondant? Je crois que je sais qui je suis. Oui. Je crois que je sais. Mais je suis encore en train d’apprendre. On ne cesse jamais de découvrir des conneries sur soi. 
Tu vois ce que je veux dire?

Pendant les années d’Oasis, les médias ont mis beaucoup l’accent sur vos guerres intestines, vos éternelles chicanes avec votre frère. Trouvez-vous que, dans tout ça, ils ont oublié votre humour? Car malgré tout, vous en avez beaucoup! Et l’amour? Et la camaraderie qui vous liait?
On avait beaucoup d’amour, beaucoup d’humour, oui. On était des petites frappes parfois. Mais je dirais que 90% du temps passé au sein d’Oasis était transcendant. J’ai vécu des moments sublimes, sacrés, magnifiques. Et le 10% restant était merdique. J’en garde de très beaux souvenirs.

Votre plan a toujours été de reformer le groupe. Est-ce encore le cas?
Mon plan, c’est de vivre ma vie. Et un jour, avec un peu d’espoir, mon frère et moi serons frères. C’est tout. C’est quoi, Oasis? C’est quoi? Oasis, c’est moi et Noel. Si nous ne nous entendons pas, il n’y a pas d’Oasis. Si nous nous entendons, peut-être qu’Oasis reviendra. Mais l’important, c’est que nous redevenions des frères.

Et vous voyez ça arriver?
À ce moment précis, non.

«Il n’est pas parfait, et je ne suis pas parfait. C’est un connard, et je suis un connard. Il est génial, et je suis génial. On est comme le yin et le yang, tu vois 
ce que je veux dire?» –Liam Gallagher, émotif comme il l’est toujours lorsqu’il parle de son frère Noel.

Pendant votre show au parc Jean-Drapeau, vous avez demandé à plusieurs reprises: «Est-ce qu’il y a des fans d’Oasis ici? Où sont les fans d’Oasis?» Est-ce pour eux que vous souhaitez jouer avant tout? Même avec votre projet solo?
Ehhh. Je suis très conscient que les gens viennent me voir parce que je fais partie d’Oasis, ou du moins, parce que j’en faisais partie. Et parce que je joue nos vieilles chansons [Rock ‘n’ Roll Star, Wonderwall, Morning Glory, Slide Away]. Ils ne viennent pas vraiment pour entendre le nouveau matériel. Je suis au courant de ça! Je sais qu’il y a des fans d’Oasis dans la foule. 
Je suis heureux de les voir.

Vous allez sortir un nouvel album en octobre, As You Were. Au départ, il devait s’appeler Bold. Qu’est-il arrivé? Bold 
ne sonnait plus assez bold, audacieux, à votre goût?
En fait, on a brainstormé un peu. Et on s’est dit que As You Were, ça avait de la gueule. Beaucoup plus de gueule. C’est mieux. Je crois.

Pour ce disque, vous avez travaillé avec de tout nouveaux collaborateurs, dont Andrew Wyatt, de Miike Snow. C’était déstabilisant?
Ouais, ouais. On est allés à L.A. pour composer. On a composé Wall of Glass, on a composé Paper Crown, on a composé Come Back to Me. Trois chansons en trois jours. Toutes excellentes. Je les aime profondément. C’était facile à faire. Je pensais que ce serait un cauchemar absolu. Rencontrer des gens que je ne connaissais pas, essayer de composer de la musique avec eux. Mais c’était comme si je les connaissais depuis toujours, tu vois ce 
que je veux dire?

L’année 2014 a marqué la fin de Beady Eye, le groupe que vous avez formé en 2010, après la dissolution d’Oasis. C’est là, avez-vous raconté, que vous avez réellement senti l’impact de la première séparation. La fin de Noel et vous faisant de la musique ensemble. 
Ç’a été un choc immense?
Oui, parce que je n’avais jamais réellement eu le temps de méditer sur ce qui était arrivé, sur notre séparation. Avec Beady Eye, je continuais à jouer de la musique avec des potes, à faire des tournées. Ce n’était peut-être pas gros, c’était même petit, mais quand Beady Eye a pris fin, je m’en suis rendu compte. Putain. L’enfer. C’était moi, quatre murs, pas de groupe. C’était une époque assez merdique.

Et comment vous en êtes-vous sorti?
Comment je m’en suis sorti? J’ai une bonne blonde qui n’arrêtait pas de me motiver, allez man, arrête de te morfondre, arrête de t’apitoyer sur ton sort. Tu vaux mieux que ça. Elle m’a poussé dans la bonne direction, m’a présenté à du monde et j’imagine que, au fond de mon esprit, j’ai toujours vu que tout allait bien aller.

Est-ce aussi le moment où vous avez réalisé à quel point Oasis avait été follement populaire follement vite?
Je n’y ai jamais vraiment songé. Je m’ennuyais tellement. C’est ce qu’il y a de pire. Je n’avais rien à faire. Je n’avais pas de groupe. Je n’avais pas besoin de me lever le matin. Il n’y avait pas de pratique, pas de tournée, pas de studio. La pire des choses dans la vie, c’est l’ennui. L’ennui tue. Maintenant, j’ai quelque chose à faire, j’ai un nouveau band, j’ai des concerts qui s’en viennent. Tout est revenu à la normale.

Aller sur scène, ça reste votre activité préférée?
C’est la chose la plus extraordinaire qui soit! Jouer des chansons pour des gens qui veulent entendre ma voix. 
Je me trouve très chanceux de pouvoir le faire.

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