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Dumas: Les rêveries du 
promeneur solitaire

Photo: Mario Beauregard/Métro

À 38 ans, Dumas nous revient avec un album solide qui est une planète en soi et non un de ces projets satellites auxquels il nous a habitués ces dernières années avec ses multiples productions.

C’est un Dumas calme, serein et mûri qui se pointe au Café Darling, l’ancien célèbre bar Les Bobards qui a tant contribué aux belles nuits du boulevard Saint-Laurent. Pas étonnant qu’il y ait installé ses pénates, car depuis ses débuts, le musicien célèbre la cité et fait danser la tribu des exaltés de la nuit en truffant sa techno-pop de références urbaines.

Amoureux du dance anglo-saxon raffiné, style Talking Heads, il a aussi été très influencé par la pop franco. On se regarde, l’air de se dire: «On est encore là après toutes ces années de folie.» On parle du métier, des changements brutaux qu’a subis l’industrie de la musique, ainsi que de la vie, du temps qui passe, des artifices qui guettent l’artiste entraîné dans le tourbillon du succès – un thème qui a d’ailleurs conduit à la très réussie Vertigo –, puis de ses débuts.

Il est aussi question de M, alias Mathieu Chédid, qui lui a un jour confié qu’ils étaient «des cousins artistiques» et de qui il a appris l’importance d’une interaction efficace avec le public. De Jean Leloup, évidemment, qu’il allait écouter chaque fois qu’il se produisait dans son Sherbrooke natal et à qui il a un jour avoué: «C’est grâce à toi que je fais ce métier aujourd’hui.»

Si notre échange est aussi tourné vers le passé, c’est que son nouvel album Nos idéaux, objet de la rencontre, nous ramène vers des ambiances sonores de l’époque de son excellent Le cours des jours, paru en 2003, et de Fixer le temps, quant à lui sorti en 2006. Période de sa vingtaine et de frénésie durant laquelle il a offert pas moins de 25 concerts au National!

Bien qu’il ait été réalisé par le réputé ingénieur du son Gus van Go, avec qui il n’avait encore jamais travaillé, ce nouveau chapitre pourrait bien constituer une forme de suite à son Cours des jours, qui a marqué une époque de notre trame sonore collective, mais auréolé d’une maturité nouvelle. On y trouve d’ailleurs des références, notamment à la pièce J’erre sur l’accrocheur morceau Bleu clair.

«On s’échangeait des lignes de texte sur internet avec mon ami Jonathan Harnois, qui est aussi un romancier. Les thèmes se sont placés petit à petit avec une sorte de regard rétrospectif sur celui que j’étais à 20 ans», révèle Dumas, papa d’un petit garçon depuis 5 ans… et au régime sec depuis l’an dernier. Peut-être, entre autres, pour éviter d’imiter son père, en proie à l’alcoolisme, et dont il questionne les choix et l’exil dans une autre pièce très réussie, Le déserteur de Fort Alamo.

«Quand je suis arrivé à New York, au studio
 de Gus van Go, il a choisi des démos et, sans
 me connaître, il a inséré des beatbox ou des
 claviers aux mêmes endroits où je l’aurais fait.
 On a le même ADN musical, c’est certain.» – Dumas

Mais qu’on se rassure: si les textes sont plus rigoureux et plus significatifs que par le passé, Dumas demeure un enfant de la pop anglo-saxonne dansante. Les influences du LCD Soundsystem et les rythmes invitants ne sont jamais bien loin. C’est pour cette raison qu’il promet de nous mener tantôt dans une bulle, tantôt sur une piste de danse, à l’occasion de son prochain spectacle solo, mais armé de guitares, de synthétiseurs, de boîtes à rythmes et autres pédales.

Fort Alamo ne perd rien pour attendre.


Nos idéaux de Dumas
Paru le 23 février
Rentrée montréalaise en solo les 3, 4 et 5 mai 
à la Place des Arts

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