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Québec solidaire favorable à une politique du livre

Photo: Métro

Québec solidaire a répondu dimanche à l’appel des acteurs de l’industrie du livre en se prononçant en faveur d’une politique du livre et d’un prix réglementé.

«Québec solidaire tient à encourager les librairies locales en y vendant des livres à un prix juste», a affirmé la co-porte-parole du parti de gauche et candidate dans Gouin, Françoise David, par voie de communiqué. Elle précise qu’une réglementation sur le prix du livre «permettra de préserver les librairies et de favoriser la diversité des parutions».

Il s’agit du premier parti politique à réagir dans la foulée de la campagne «Nos livres à juste prix» menée par l’Association des distributeurs exclusifs de livres en langue française (ADELF) et appuyée par les principaux regroupements de l’industrie.

Lancée la semaine dernière, l’initiative vise à attirer l’attention des partis politiques sur un projet de réglementation des prix, qui limiterait à 10 % le rabais qu’un libraire peut accorder sur un nouveau titre pendant les 9 mois suivant sa parution.

Aux yeux de plusieurs, cela permettrait de rétablir le rapport de force entre les libraires et les «acteurs non traditionnels», c’est-à-dire les magasins à grande surface. Actuellement, ces derniers peu­vent se permettre d’offrir les nouveautés à plus de 30 % de rabais, souvent à perte, afin d’attirer les acheteurs vers d’autres produits.

«Il y a un feu qui couve dans le domaine du livre au Québec, s’inquiète le président de l’ADELF, Pascal Chamaillard. Si on ne se dote pas d’urgence d’une loi afin de prévenir les guerres de prix, les dommages seront irréversibles.»

C’est qu’afin de rattraper une certaine marge de profit sur les rabais consentis, les éditeurs montent progressivement leurs prix, ce qui met de plus en plus de pression sur les libraires. À terme, les regroupements du domaine du livre craignent la disparition d’une offre éditoriale diversifiée.

L’ADELF invoque notamment l’exemple américain, où la seule loi est celle du libre marché. «Tant les librairies indépendantes que les grandes chaînes ont souffert des guerres de prix aux États-Unis. Le numéro deux du livre, Borders, a dû fermer ses portes l’an dernier, alors que le numéro un, Barnes & Noble, est aussi en difficulté», note M. Chamaillard.

Selon lui, cet exemple doit servir de signal d’alarme. «Nous sommes dans les derniers milles de ce que peut supporter l’industrie du livre», prévient-il.

Pour la survie d’une industrie québécoise

Quelque 80 intervenants de tous les horizons prennent position en faveur du prix réglementé sur le site Nos livres à juste prix, mis sur pied afin de sensibiliser la population. Membre du collectif, le bédéiste québécois Tristan Demers y voit l’occasion de défendre «une culture qui nous ressemble».

«Lorsqu’on fragilise les libraires au profit des magasins à grands surface, le livre devient un prétexte pour acheter du steak haché ou des bas-collants, dénonce l’auteur. On ne se rend pas compte que l’industrie du livre est notre première industrie culturelle.»

Par son abondance de témoignages, le site Nos livres à juste prix vise donc à instruire et à combler un manque d’informations sur les enjeux liés au domaine du livre dans les médias. «À l’idée d’une réglementation des prix, les gens pensent d’abord à leur porte-feuille. Mais peu de gens font le lien entre l’achat d’un livre et ses effets à long terme sur toute une chaîne de production», explique M. Demers. Le bédéiste rappelle que derrière le livre en magasin se trouvent non seulement un auteur et un éditeur, mais également un imprimeur, un distributeur, un diffuseur, des correcteurs, des attachés de presse, etc.

Dans une campagne électorale où la culture ne figure pas parmi les grandes préoccupations, il s’agit pour Tristan Demers d’amener les chefs des partis politiques à se prononcer. «On jette un pavé dans la mare, résume-t-il. Pour moi c’est un geste politique, mais non partisan.»

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