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Nuits d’Afrique: La sagesse selon Femi Kuti

Photo: Optimus Dammy/Collaboration spéciale

À la veille de son passage au Festival Nuits d’Afrique, le chanteur nigérian Femi Kuti s’est entretenu avec Métro. Depuis Lagos, il nous a parlé de sa célèbre famille, d’histoire africaine et de la façon dont l’apprentissage de la trompette a transformé sa vie.

Chaque conversation avec Femi relève un peu de la légende qui vient avec son nom de famille. La famille Kuti est celle du patriarche Fela: marié à 27 femmes, grand noceur, immense fumeur de ganga, mais surtout prophète politique du Nigeria, l’un des pays les plus populeux d’Afrique avec sa capitale grouillante de vie: Lagos.

Au bout du fil, le ton de voix de Femi détonne avec la turbulence de la ville de plus de 20 millions d’habitants (on ne tient plus le compte exact de ses habitants). Il est calme et il nous parle d’une voix posée.

«La musique a de tout temps transformé le monde; une simple chanson d’amour peut le faire», nous dit Femi, qui amorce une tournée de six semaines en Amérique du Nord qui le mènera aussi au Festival d’été de Québec vendredi.

«La musique est une inspiration; elle nous fait rêver, elle nous fait pleurer, elle nous donne des idées et parfois elle nous fait tomber amoureux. Chaque matin, elle me donne envie de me lever. Cela peut aussi bien être le jazz, le classique, peu importe; chacun doit écouter la musique appropriée à son état d’âme. Pour moi, Femi Kuti, la musique est absolument tout, je ne peux pas imaginer ma vie sans elle.»

Avec One People One World, paru le 23 février dernier, Femi poursuit la tradition engagée de l’afro-beat, sans renouveller quoi que ce soit, mais en nous offrant une formule éprouvée et efficace.

C’est le titre Africa Will Be Great Again qui ouvre cet album aux rythmes toujours aussi chaloupés et tranchants. Des rythmes auxquels s’ajoute un instrument nouveau dans le répertoire du chanteur et saxophoniste: la trompette, qu’il joue depuis son avant-dernier disque, No Place for my Dream.

«L’apprentissage de la trompette est d’abord né d’une volonté de m’exprimer de façon plus radicale», raconte Femi Kuti.

«Ce n’est pas tout à fait ce qui s’est produit, je suis devenu frustré en apprenant cet instrument, je ne pouvais pas faire ce que je voulais et exprimer ce que je désirais. Cette frustration de ne pas pouvoir exprimer justement cette colère m’a donné des réponses à d’autres questions, des questions sociales et politiques. L’apprentissage de cet instrument m’a mené vers des zones où je ne voulais pas aller, et j’en ai ressenti au final une grande paix d’esprit.»

«La musique a de tout temps transformé le monde; une simple chanson d’amour peut le faire.» – Femi Kuti, à propos de l’influence que peut avoir la musique sur la société. Âgé de 56 ans, le fils aîné de Fela Kuti compte 7 albums à son actif.

Le Shrine, salle de spectacle, lieu de diffusion et commune fondée à l’époque par Fela n’est plus, mais le New Afrika Shrine a pris sa place.

La salle de spectacle est gérée par Femi Kuti et existe pour rappeler l’histoire, les cultures et les patrimoines intellectuels de l’Afrique. Le président français Emmanuel Macron y a d’ailleurs fait une visite remarquée la semaine dernière, la première visite d’un homme d’État en exercice.

«Cet endroit est important, car il nous rappelle notre histoire. Il rend hommage à des hommes comme Malcolm X, Kwame Nkrumah, Martin Luther King et Patrice Lumumba. Des hommes qui ont leurs noms dans le New Africa Shrine, des noms dont il faut se souvenir et qu’il est bon de se rappeler, nous Africains! Nous sommes également heureux d’avoir accueilli le président Macron, qui a une vision similaire à la mienne en ce qui concerne la nécessité de rendre les jeunes Africains fiers de leur héritage historique.»

Demain au MTelus, avec son groupe The Positive Force, ils seront 12 sur scène à affirmer et à scander un message essentiellement politique et panafricaniste.

Ce groupe, il l’a formé afin de poursuivre l’œuvre jazz et yoruba du paternel, à la force de frappe cuivrée faite de saxophones, de trombones et de trompettes. Quiconque a déjà vu Femi Kuti sur scène s’en souvient.

«Nous traversons actuellement une crise dans l’industrie de la musique, les disques ne se vendent plus physiquement et pourtant nous en produisons toujours. Le groupe qu’est The Positive Force est partie intégrante de ma vie. Sans celui-ci, je ne suis rien. C’est avec eux que je travaille sans relâche sur la scène du Shrine avant d’aller en studio. Nous tentons de nouvelles choses en live pendant une année ou deux, puis nous sommes prêts à enregistrer l’album. C’est notre façon de travailler. C’est un peu comme le travail d’un peintre: si je n’aime pas certaines parties, je refais ou j’efface.»

C’est une invitation que vous lance Femi Kuti. À vous d’aller voir le tableau nigérian se déployer sous vos yeux.

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